Hors du Mapaq, point de salut ? Il est étrange que personne ne mentionne le nombre et l’importance des agronomes des Clubs agro ou des clubs d’encadrement technique dans ce débat. Selon ma perspective, il y a plus d’agronomes non-liés actifs sur le terrain actuellement qu’il y en avait au MAPAQ quand j’ai débuté ma carrière en 1982, même si le nombre d’agriculteurs a diminué. C’est infantiliser les producteurs, des hommes d’affaire qui gèrent des entreprises valant des millions, de sous-entendre qu’ils ne comprennent pas le rôle de ”représentant” de l’agronome qui s’habille en Solio ou en Orange… ou en Prisme, Pleine Terre, MAPAQ, FADQ, CRAAQ, UPA, Université Laval, McGill, Equiterre, etc, Tous les agronomes sont porteurs du contexte structurel ou culturel de leur employeur, tous les agronomes ont un devoir de loyauté envers leur employeur. C’est même dans le code du travail. Ce n’est pas parce qu’on a la ”grâce” de travailler au MAPAQ qu’on est mieux placé pour conseiller les producteurs; au contraire, les agronomes du MAPAQ peuvent être plus dogmatiques et soumis au ”programme” de leur employeur que ceux du privé quand il s’agit de conseiller les producteurs. J’ai créé en 1982 le premier club d’encadrement technique dédié aux productions végétales, maintenant connu sous le nom de PRISME. J’ai participé en 1992 à la formation des premiers agronomes qui ont travaillé dans les premiers clubs agroenvironnementaux. Les agronomes du MAPAQ n’ont pas perdu leur influence parce qu’ils étaient moins nombreux, ils l’ont perdu parce que nous étions, nous des clubs, plus présents auprès des producteurs intéressés aux services non-liés. J’ai toujours eu comme obsession de faire payer pour les services qu’on offrait; mais à de nombreuses reprises, ce sont des agronomes et des techniciens du MAPAQ qui, devant les ”plaintes” de certains agriculteurs qui trouvaient que nos services coûtaient trop cher, leur trouvait des alternatives moins coûteuses. Souvent ces alternatives moins coûteuses étaient de jeunes gradués inexpérimentés qui offraient leurs services moins chers, d’abord parce qu’ils avaient 15 ans de moins d’expérience que notre équipe (l’expérience c’est pas toujours payant), mais souvent aussi parce que le MAPAQ les abritaient gratuitement dans ses bureaux, tout en leur offrant un encadrement de 2ième ligne. Quand j’ai commencé ma carrière en 1982, les agronomes du MAPAQ étaient pour plusieurs d’anciens représentants de l’industrie que le MAPAQ avait débauché pour augmenter le niveau de compétence technique du ministère. Les pesticides étaient au coeur de la phytoprotection appliquée, et le conseil venait du MAPAQ. Je ne sais plus à combien de reprises au cours des années 90 j’ai demandé au réseau d’avertissements phytosanitaires de revoir sa stratégie de diffusion des ”avertissements”, parce que ces avertissements distribués gratuitement augmentaient l’usage des pesticides. Le raisonnement est pourtant simple: pourquoi payer pour dépister mes cultures par des professionnels, si en suivant les avertissements du RAP, je réduis mes risques au minimum ? Je ne suis pas certain que la situation ait tellement évolué. Non, la solution n’est pas d’embaucher davantage de conseillers au MAPAQ, ou de réformer la loi des agronomes. La solution c’est de laisser la créativité des agronomes et des techniciens agricoles prendre son envol, de ne pas leur mettre des bâtons dans les roues, d’encourager leurs initiatives. Et cessons de nous comparer à des médecins, les agronomes sont des professionnels dans une activité économique qui a des retombées écologiques et sociales, tout comme les pharmaciens, les vétérinaires, les ingénieurs et autres professions qui vendent elles aussi des intrants, des équipements, et qui ont elles aussi un impact environnemental et social dans les choix qu’ils proposent à leurs clients. Je veux vous parler des ”Mouches Roses” à titre d’exemple de la créativité et de la force de l’entreprenariat agronomique, Ce sont des agronomes, des techniciens et des biologistes qui ont développé et rendu accessible cette technologie. Quand est venu le temps de supporter le déploiement de cette technologie en 2013 ce sont des agronomes et des sous-ministres du MAPAQ qui s’opposaient à son financement, selon ce que m’a rapporté un ancien toxicologiste spécialiste des pesticides…probablement parce que l’industrie agrochimique allait tôt ou tard proposer de nouvelles molécules qui rendrait cette solution trop coûteuse. Il a fallu que le journaliste Thomas Gerbet s’en mêle et produise à l’automne 2015 un reportage percutant sur la contamination des cours d’eau par le chlorpyrifos pour que du financement débloque en 2016. Finalement, je vous propose un extrait d’un livre que l’agronome Jean Mercier m’a légué à sa retraite, agronome qui m’a beaucoup raconté l’histoire des agronomes au MAPAQ et que M. St-Pierre a probablement connu. Dans le ”Dictionnaire usuel de l’agriculture pratique”, édition 1852. on retrouve une définition de l’agronome. qui me fait sourire tellement elle est encore d’actualité. ”Agronome: celui qui connaît la science agricole, et qui peut en enseigner les règles. L’agriculteur cultive, l’agronome sait comment on doit cultiver; mais il est peu de sciences où la théorie soit plus dangereuse, quand elle n’est pas jointe à la pratique. L’agronome est souvent un mauvais agriculteur; l’agriculteur en vaudra mieux, s’il est bon agronome.”. Qu’on se le dise, et qu’on valorise l’expertise acquise sur le terrain, au lieu de créer des postes de fonctionnaires.
Hors du Mapaq, point de salut ? Il est étrange que personne ne mentionne le nombre et l’importance des agronomes des Clubs agro ou des clubs d’encadrement technique dans ce débat. Selon ma perspective, il y a plus d’agronomes non-liés actifs sur le terrain actuellement qu’il y en avait au MAPAQ quand j’ai débuté ma carrière en 1982, même si le nombre d’agriculteurs a diminué. C’est infantiliser les producteurs, des hommes d’affaire qui gèrent des entreprises valant des millions, de sous-entendre qu’ils ne comprennent pas le rôle de ”représentant” de l’agronome qui s’habille en Solio ou en Orange… ou en Prisme, Pleine Terre, MAPAQ, FADQ, CRAAQ, UPA, Université Laval, McGill, Equiterre, etc, Tous les agronomes sont porteurs du contexte structurel ou culturel de leur employeur, tous les agronomes ont un devoir de loyauté envers leur employeur. C’est même dans le code du travail. Ce n’est pas parce qu’on a la ”grâce” de travailler au MAPAQ qu’on est mieux placé pour conseiller les producteurs; au contraire, les agronomes du MAPAQ peuvent être plus dogmatiques et soumis au ”programme” de leur employeur que ceux du privé quand il s’agit de conseiller les producteurs. J’ai créé en 1982 le premier club d’encadrement technique dédié aux productions végétales, maintenant connu sous le nom de PRISME. J’ai participé en 1992 à la formation des premiers agronomes qui ont travaillé dans les premiers clubs agroenvironnementaux. Les agronomes du MAPAQ n’ont pas perdu leur influence parce qu’ils étaient moins nombreux, ils l’ont perdu parce que nous étions, nous des clubs, plus présents auprès des producteurs intéressés aux services non-liés. J’ai toujours eu comme obsession de faire payer pour les services qu’on offrait; mais à de nombreuses reprises, ce sont des agronomes et des techniciens du MAPAQ qui, devant les ”plaintes” de certains agriculteurs qui trouvaient que nos services coûtaient trop cher, leur trouvait des alternatives moins coûteuses. Souvent ces alternatives moins coûteuses étaient de jeunes gradués inexpérimentés qui offraient leurs services moins chers, d’abord parce qu’ils avaient 15 ans de moins d’expérience que notre équipe (l’expérience c’est pas toujours payant), mais souvent aussi parce que le MAPAQ les abritaient gratuitement dans ses bureaux, tout en leur offrant un encadrement de 2ième ligne. Quand j’ai commencé ma carrière en 1982, les agronomes du MAPAQ étaient pour plusieurs d’anciens représentants de l’industrie que le MAPAQ avait débauché pour augmenter le niveau de compétence technique du ministère. Les pesticides étaient au coeur de la phytoprotection appliquée, et le conseil venait du MAPAQ. Je ne sais plus à combien de reprises au cours des années 90 j’ai demandé au réseau d’avertissements phytosanitaires de revoir sa stratégie de diffusion des ”avertissements”, parce que ces avertissements distribués gratuitement augmentaient l’usage des pesticides. Le raisonnement est pourtant simple: pourquoi payer pour dépister mes cultures par des professionnels, si en suivant les avertissements du RAP, je réduis mes risques au minimum ? Je ne suis pas certain que la situation ait tellement évolué. Non, la solution n’est pas d’embaucher davantage de conseillers au MAPAQ, ou de réformer la loi des agronomes. La solution c’est de laisser la créativité des agronomes et des techniciens agricoles prendre son envol, de ne pas leur mettre des bâtons dans les roues, d’encourager leurs initiatives. Et cessons de nous comparer à des médecins, les agronomes sont des professionnels dans une activité économique qui a des retombées écologiques et sociales, tout comme les pharmaciens, les vétérinaires, les ingénieurs et autres professions qui vendent elles aussi des intrants, des équipements, et qui ont elles aussi un impact environnemental et social dans les choix qu’ils proposent à leurs clients. Je veux vous parler des ”Mouches Roses” à titre d’exemple de la créativité et de la force de l’entreprenariat agronomique, Ce sont des agronomes, des techniciens et des biologistes qui ont développé et rendu accessible cette technologie. Quand est venu le temps de supporter le déploiement de cette technologie en 2013 ce sont des agronomes et des sous-ministres du MAPAQ qui s’opposaient à son financement, selon ce que m’a rapporté un ancien toxicologiste spécialiste des pesticides…probablement parce que l’industrie agrochimique allait tôt ou tard proposer de nouvelles molécules qui rendrait cette solution trop coûteuse. Il a fallu que le journaliste Thomas Gerbet s’en mêle et produise à l’automne 2015 un reportage percutant sur la contamination des cours d’eau par le chlorpyrifos pour que du financement débloque en 2016. Finalement, je vous propose un extrait d’un livre que l’agronome Jean Mercier m’a légué à sa retraite, agronome qui m’a beaucoup raconté l’histoire des agronomes au MAPAQ et que M. St-Pierre a probablement connu. Dans le ”Dictionnaire usuel de l’agriculture pratique”, édition 1852. on retrouve une définition de l’agronome. qui me fait sourire tellement elle est encore d’actualité. ”Agronome: celui qui connaît la science agricole, et qui peut en enseigner les règles. L’agriculteur cultive, l’agronome sait comment on doit cultiver; mais il est peu de sciences où la théorie soit plus dangereuse, quand elle n’est pas jointe à la pratique. L’agronome est souvent un mauvais agriculteur; l’agriculteur en vaudra mieux, s’il est bon agronome.”. Qu’on se le dise, et qu’on valorise l’expertise acquise sur le terrain, au lieu de créer des postes de fonctionnaires.