Selon le chef économiste de Financement Agricole Canada , Jean-Philippe Gervais, le constat est clair, le marché de l’immobilier – et plus particulièrement le marché des terres agricoles – se porte bien malgré tous les bouleversements économiques, les problèmes de chaînes d’approvisionnement et les conditions météorologiques extrêmes. Dans certaines provinces on peut même dire que le prix des terres explose : c’est le cas en Ontario qui a connu une augmentation du prix des terres de l’ordre de 22 % en 2021. La moyenne canadienne est de 8,3 % alors que le Québec se situe autour de 10 %. Le marché des terres n’est vraiment pas en voie de ralentissement si on compare à l’an passé où la hausse canadienne était de 5,4 %.
Des explications
La demande soutenue, les taux d’intérêt historiquement bas, les prix avantageux des produits de base et l’offre réduite de terres à vendre sont tous des facteurs clés qui ont fait grimper la valeur moyenne des terres agricoles de 8,3 % en 2021, peut-on lire dans le rapport de FAC.
Au-delà des hausses les plus marquées en 2021 qui ont été observées en Ontario avec une augmentation moyenne de 22,2 % c’est aussi en Colombie-Britannique que ça flambe avec une hausse moyenne de 18,1 %.
La gestion de l’offre et l’envolée du prix des grains liés au prix des terres
En Ontario, les producteurs sous GO, les cultures commerciales et les Hobby Farmers sont à l’origine de la flambée. «Il y avait peu de terres à vendre dans certaines régions qui comptent de nombreux acheteurs intéressés, ce qui a contribué à faire grimper les prix. Ce sont principalement les grandes exploitations agricoles intensives soumises à la gestion de l’offre, les producteurs de cultures commerciales et les agriculteurs à temps partiel qui sont à l’origine de la demande», écrit FAC.
Et d’ajouter : «Les terres agricoles situées à la périphérie des zones urbaines, ou à proximité des zones urbaines plus importantes font l’objet d’une concurrence accrue exercée par divers types d’acheteurs, comme les agriculteurs à temps partiel et les promoteurs immobiliers résidentiels en milieu rural.»
Des terres agricoles achetées à gros prix par des producteurs
Dans une entrevue via Team donnée aux médias Jean-Philippe Gervais confirme qu’un plan de gestion des risques sera nécessaire pour l’ensemble du Canada. Il confirme que ce sont bien les producteurs qui impactent l’augmentation des terres agricoles notamment ceux sous gestion de l’offre, ceux des cultures commerciales et les nouveaux arrivants des villes qui souhaitent opérer des fermes à temps partiel.
Concernant l’avenir des terres et des impacts sur le monde agricole concernant les secousses actuelles dans le monde géopolitique il reconnait qu’il faudrait avoir une boule de cristal pour être en mesure de dépeindre l’avenir.
L’Alberta et la faible hausse
La province de l’Alberta connait une hausse modérée de l’ordre de 3,6 % alors que le prix du quota laitier a fracassé les 55 000 $ tel que l’a publié récemment la Banque Nationale. Questionné par La Vie agricole sur cette situation, le chef économiste de FAC ne fait pas de lien particulier entre la faible augmentation du prix des terres en Alberta et l’explosion du prix du quota laitier. Selon lui il s’agit bien plus d’un phénomène d’une grande disponibilité de terres agricoles en Alberta qui a maintenu les prix plus raisonnablement dans cette province.
Québec, la hausse permanente
«Au Québec, la valeur des terres agricoles est en hausse depuis 36 ans. Il n’est donc pas surprenant que la valeur moyenne des terres agricoles ait augmenté de 10 % en 2021»,dit FAC.