Amélie Reny C, du comité horticole de Québec, elle-même exploitante agricole a déclaré à La Vie Agricole que la syndicalisation des petites exploitations maraichères au Québec est un véritable non-sens.
“ Le TUAC fait de belles promesses qu’il ne pourra pas tenir. C’est le gouvernement qui est responsable de l’assurance chômage et de l’assurance parentale pas l’employeur. À part le temps et demi, l’employeur ne peut rien donner de plus à l’employé. Et les producteurs n’ont pas les moyens de payer ce temps et demi. Les chaines de distribution alimentaires ne payeront pas plus le producteur et le consommateur trouve déjà son panier d’épicerie trop cher. “ dit-elle.
Elle ajoute un peu découragée : “ On va finir par manger des légumes de Chine ou d’Ontario qui coûteront moins chers à produire que les nôtres. Quand on voit que le gouvernement nous parle de souveraineté alimentaire et qu’il nous met ça dans les jambes, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer !“
Le cercle vicieux
“Les producteurs respectent les ententes bilatérales faites de pays à pays“, dit-elle. Mme Reny C. craint que la syndicalisation des petites entreprises agricoles ne permette plus aux producteurs d’entretenir des liens humanistes avec les employés étrangers. “J’ai peur des griefs et qu’on ne puisse plus parler aux employés directement. Ils sont bien traités les étrangers sur les fermes du Québec. Ils gagnent le salaire minimum et sont logés. Ils gagnent beaucoup plus que dans leur pays d’origine. Il ne faut pas oublier que la main-d’œuvre représente entre 50 et 70 % des frais d’exploitation. On ne peut pas en rajouter. Si les employés sont syndiqués, au lieu de payer des heures supplémentaires, il va falloir engager plus de monde pour limiter les heures de chacun et au final ça veut dire plus de travailleurs étrangers et plus de cotisation pour le TUAC. C’est un cercle vicieux“
“Parler contre la syndicalisation : Pour l’UPA, un non-sens!“
Elle craint que l’Ontario sorte gagnante de la situation : “ L’Ontario gruge déjà 1,5 % des parts de marché chaque année dans l’économie maraichère. Nous on veut obtenir la même loi que les ontariens : Que les employés aient le droit de représentation mais pas de droit de grève ni de griefs. “
Quand on lui demande où se situe L’UPA face à cette problématique, elle nous dira : “L’UPA nous appuie dans nos démarches mais ne peut pas parler ouvertement contre la syndicalisation. Ça serait un non-sens pour eux !“