La CAQ prise dans le Nordet à l’Est de Québec

Le Nordet c’est bien connu est un vent fort et quand il souffle ‘’attache ta tuque‘’ comme on dit si bien au Québec. Sa présence est liée la plupart du temps à des conditions anticycloniques. Ce vent provient de l’aval du Saint-Laurent vers l’amont au Québec. Et bien pour faire une analogie disons que le mixte des dossiers Institut de technologie agroalimentaire (ITA) devenu ITAQ à La Pocatière et le projet d’école vétérinaire fait souffler bien des tempêtes au sein des élus locaux à l’est de Québec, mais aussi aux plus hautes marches du pouvoir. Surtout qu’en plus du sentiment d’abandon par le ministre de l’Agriculture André Lamontagne ressenti par des décideurs de la Côte-du-Sud face à des projets d’importance à La Pocatière, le cœur de la naissance de l’agriculture canadienne, s’ajoutent des frustrations des uns et des autres avec la députée caquiste, Marie-Ève Proulx, ex-ministre déléguée au développement économique des régions.

De frustration en frustration

La première école d’agriculture permanente au Canada, fondée en 1859 est à La Pocatière. Elle est aujourd’hui un campus de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ). Le cégep de La Pocatière, qui offre une technique en santé animale, se trouve aussi dans la municipalité. L’intention gouvernementale de vouloir former des vétérinaires pour gros animaux est bonne tellement le problème est criant. À Rimouski, la faculté de médecine vétérinaire prévoit ouvrir 25 places additionnelles en région à l’automne 2024, dont la moitié pour des candidats intéressés aux animaux de ferme. Il s’agit d’un « programme décentralisé » qui vise à atténuer la pénurie de vétérinaires à l’extérieur des grands centres, qui touche particulièrement les éleveurs et le secteur bioalimentaire.

Toutefois les consultations pour choisir le lieu de cette nouvelle formation font débat entre La Pocatière et Rimouski où l’Université du Québec ( UQAR) se verrait bien accueillir un nouveau pavillon dédié à cela (cout estimé100 M$). Mais c’est un débat qui se cumule à un autre à La Pocatière qui n’a pas encore digéré sa frustration d’avoir perdu du pouvoir dans la reformulation de l’ITA en ITAQ.

Des élus vent debout contre le gouvernement

« On a tous les équipements pour accueillir ça, on ne comprend pas », disait récemment à La Presse le préfet de la municipalité régionale de comté (MRC) de Kamouraska, Sylvain Roy.

Dans cet article d’Ariane  Krol  de  La  Presse,  daté  du  6 juillet  dernier :  «?Le  train  a  quitté  la  gare?», les élus de Côte-du-Sud se disent encore une fois déçus de la position du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation qui affirme «comprendre et partager les objectifs des élus de La Pocatière», mais ajoute que «compte tenu de l’importance d’agir rapidement, il n’est pas question de réaliser une étude comparative pour évaluer l’option La Pocatière».

La doyenne de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal ajoute dans le même article «qu’il y a de grands besoins pour la profession et qu’il n’est pas question d’accumuler du retard». Alors que le dossier se parle depuis plus de 20 ans, cette décision rapide ne fait pas l’affaire des élus régionaux qui se voient pris en sandwich entre Rimouski et Saint-Hyacinthe ou Montréal selon les dossiers sans obtenir de soutien ni du ministre de l’Agriculture ni de leur députée locale!

Comment exister lorsque le gouvernement est représenté dans votre circonscription et que la députée ne tient pas le volant se demandent plusieurs ?

Vincent Bérubé, maire de la Ville de La Pocatière est déçu, car incapable de recevoir le ministre de l’Agriculture et la députée pour leur montrer les installations et expliquer les enjeux de sa région. Il envisage de réaliser une étude de pertinence pour dévier le projet vers La Pocatière.

Lamontagne et Proulx mis dans le même sac

La région s’organise et une pétition initiée par la Chambre de commerce peut être signée  au www.cckl.org et dans les différents bureaux municipaux de la MRC de Kamouraska.

Le maire de Saint-Roch-des-Aulnaies, André Simard dit croire à la nécessité de cette offre de formation en médecine vétérinaire à l’est de Québec, mais rappelle qu’il faudra défendre les intérêts de la Côte-du-Sud dans ce dossier «à défaut de leurs députés et du ministre de l’Agriculture». Voilà le ministre caquiste André Lamontagne et la députée caquiste de la Côte-du-Sud mis dans le même sac. Les appuis s’amenuisent pour le gouvernement dans ce coin du Québec où nombreux sont ceux qui appuient maintenant le candidat conservateur de l’équipe d’Éric Duhaime, Frédéric Poulin, producteur laitier et ancien soutien de Marie-Ève Proulx aux dernières élections.

De l’animosité au pied carré à Montmagny!

À cela s’ajoute une animosité grandissante à l’est de Québec envers la députée de la Côte-du-Sud, Marie-Ève Proulx, par nombre d’acteurs locaux, animosité fortement alimentée par plusieurs employés qui ont quitté son bureau au cours du mandat actuel et par des organismes locaux telle la MRC qui a clairement déclaré à l’encontre de la députée, par le biais de son conseil, «que leur politique de harcèlement et leur code d’éthique doivent être respectés?»,

Une bataille intra-CAQ en perspective?

Ça joue dur à l’est de Québec et ce n’est peut-être pas fini lorsqu’on sait que Bernard Drainville, candidat dans Lévis, devient le nouveau collègue caquiste de Marie-Ève Proulx alors qu’il s’étonnait à propos d’elle il y a quelques mois qu’elle soit «toxique pour être ministre, mais pas assez pour être députée caquiste», alors qu’il opérait comme chroniqueur radio.

Il disait aussi au micro d’Arcand au 98,5FM : « François Legault et son cabinet étaient à risque dans cette affaire-là (…) Le risque politique, c’est que certaines de ses victimes sortent publiquement. Imagine l’effet dévastateur d’un point de presse de personnes qui sortent pour dire voici ce qu’on a subi aux mains de Marie-Ève Proulx et on dénonce non seulement les traitements qu’on a subis, mais la manière avec laquelle François Legault et son cabinet ont géré les mauvais traitements qu’on a subis. Tu ne peux pas te permettre de prendre un risque comme celui-là quand les plaintes s’accumulent. »

Et comme les sources concordantes s’accumulent pour dire que François Legault s’est personnellement impliqué dans la gestion de crise vécue au bureau de la députée de la Côte-du-Sud, il est à parier que le vent du Nordet va rejoindre la colline parlementaire à quelques semaines du scrutin le 3 octobre prochain.

La Vie agricole a envoyé ce matin une série de questions au ministre Lamontagne à ce sujet, voici les réponses de son cabinet :

La Vie agricole: Au regard de la déception des élus locaux de la Côte-du-Sud de voir le projet formation vétérinaire s’orienter pour Rimouski ( ils sont déjà marqués par l’imbroglio autour de l’ITA devenant l’ITAQ, processus au cours duquel ils ont eu le sentiment d’être floués), envisagez-vous une rencontre commune avec la député caquiste du coin, vous-même et les acteurs locaux afin de ne pas recréer le même sentiment d’animosité ?

Réponse du directeur des communications du cabinet du ministre : «L’Université de Montréal détient la seule accréditation au Québec à l’American veterinary medical association nécessaire à la formation et à la pratique en médecine vétérinaire.»

La Vie agricole: La création d’une formation pour gros animaux est nécessaire, mais des solutions sont-elles envisagées par votre cabinet pour que la formation se mette en place à la satisfaction à la fois de Rimouski et de La Pocatière, en quelque sorte, une répartition des tâches est-elle envisageable sur les deux lieux ?

Réponse du directeur des communications du cabinet du ministre : «L’Université de Montréal a conçu, avec l’UQAR, un programme décentralisé de médecine vétérinaire, une première au Canada.»

La Vie agricole: Le sentiment de rejet envers la députée locale et du coup envers le gouvernement caquiste semble être une lame de fond dans la région de la Côte du sud, à titre de ministre de l’Agriculture, pensez-vous présenter des projets d’avenir d’ici les élections et lesquels pour le secteur de La Pocatière, bassin de naissance de l’agriculture ?

Réponse du directeur des communications du cabinet du ministre : «L’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (l’ITAQ) a aujourd’hui tous les outils en main pour conclure des partenariats.

 

Sur la photo Marie-Ève Proulx, députée caquiste de la Côte-du-Sud et Yannick Patelli, éditeur de La Vie agricole lors d’une entrevue sur le terroir  l’été dernier. Une entrevue de Marie-Ève Proulx était prévue cette semaine, elle est reportée en août, l’occasion sûrement de faire le point sur tous ces dossiers.

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