École vétérinaire: Tous derrière Rimouski, vraiment?

Dans une étude de L’Université de Montréal datant de décembre 2020 dont La Vie agricole a obtenu copie il est dit concernant un programme décentralisé de formation en médecine vétérinaire : «Cette fragilité des services vétérinaires exerce un impact important sur les soins des animaux d’élevage et le secteur bioalimentaire en région  (…) », le constat est donc clair ça prend plus de vétérinaires, reste à savoir où les former ? La bataille entre La Pocatière et Rimouski est lancée.

Dans cette étude on y parle de former au moins 25 vétérinaires sur 5 ans en partie en région puis à Saint-Hyacinthe dès 2023, mais il est clair dans cette étude que la portion formation en région est majeure si on veut intéresser des professionnels à aller hors des grands centres. Il y a pénurie de vétérinaires en région c’est un constat indéniable. Cette étude identifie le campus de L’UQAR de Rimouski comme une possibilité, mais précise que cela nécessitera la reconfiguration du campus. On parle d’un investissement de 40 à 100 millions de dollars selon les sources.

Des soutiens spontanés qui en surprennent plusieurs

Rimouski semble le lieu choisi par plusieurs au grand dam de plusieurs décideurs de la région de La Pocatière qui verraient bien l’Institut de technologie agroalimentaire  du Québec (ITAQ) accueillir cette nouvelle formation. Cette étude fait état de soutien parfois surprenant : certes le président d’alors à l’UPA, Marcel Groleau donne son aval à Rimouski, mais aussi  Marie-Ève Proulx qui écrivait alors son appui directement à la ministre Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur.

Mme Proulx était pourtant encore députée de la Côte-du-Sud ( Elle vient d’annoncer aujourd’hui sa démission) où se trouve L’Institut de technologie en agroalimentaire à La Pocatière. Notons qu’elle était aussi au moment de signer son soutien ministre déléguée au Développement économique régional et responsable des régions Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent et Gaspésie-îles-de-la-Madeleine, poste qu’elle a perdu suite à plusieurs affaires de harcèlement au sein de ses équipes dont la conclusion n’est pas encore aboutie au tribunal administratif du travail.

Sur une quinzaine de départs pour mésentente, deux cas sont effectivement devant les tribunaux.

L’ex-ministre Proulx et députée de la Côte-du-Sud écrivait le 17 décembre 2020  dans une lettre dont l’objet était : Appui à l’Étude de projet pour le programme de formation en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Rimouski, « La présente est pour vous informer que j’ai fait parvenir directement à ma collègue Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur, une lettre visant à lui réitérer mon appui pour la mise en place d’un futur programme décentralisé de formation en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et de son partenaire, l’Université du Québec à Rimouski. Notre gouvernement s’est engagé à travailler de façon concrète à la vitalité des régions. Un projet comme celui-ci contribue grandement au développement économique régional (…)». Aucune ambiguité donc pour sa préférence pour Rimouski versus La Pocatière.

Cette étude a obtenu aussi le soutien de Marie-Claude Deschênes, directrice générale du Collège d’enseignement général et professionnel de La Pocatière!

L’ITAQ dans la mire de personne pas même dans celle du ministre Lamontagne

Dans les médias les articles se succèdent pour démontrer qu’il y a pénurie de vétérinaires partout au Québec, il faut don faire vite pour pallier : Pourquoi personne ne pense alors à l’option de L’ITAQ à La Pocatière qui dispose de locaux.

Le 17 novembre 2020, le ministre Lamontagne donnait aussi son appui à Rimouski dans une lettre qui disait : « De récentes analyses confirment les difficultés d’attraction et de rétention des médecins vétérinaires dans le secteur des grands animaux, surtout hors des grands centres urbains. Cet enjeu est une préoccupation partagée de mon ministère ( …) puisqu’il menace la pérennité de l’offre de services en santé animale et la capacité du ministère à remplir sa mission (…) ».

Les appuis pour Rimouski se sont multipliés par dizaine: Chantal Soucy, députée caquiste de Saint-Hyacinthe; Claude Corbeille maire de Saint-Hyacinthe, Simon-Pierre Savard-Tremblay, député bloquiste de St-Haycinthe-Bagot, des universités comme celle du Québec, l’Université Laval ou l’Université McGill…

Quand La Pocatière se réveille…

Mais personne n’a soulevé le rôle que pourrait jouer l’ITAQ de La Pocatière, berceau de l’agriculture canadienne, jusqu’à la réaction de La Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet (CCKL) et de plusieurs décideurs estimant être devant une incompréhension, la déception, et de nombreux questionnements voir même un manque de transparence dans le dossier de l’implantation d’un programme universitaire en médecine vétérinaire à Rimouski sans même que Ville La Pocatière soit considérée.

Du coup une pétition a été déposée par la chambre de commerce à l’Assemblée nationale en s’adressant directement au gouvernement Legault et au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation,  André Lamontagne.

On y rappelle que La Ville La Pocatière est une ville éducative et de recherche appliquée par excellence dans l’histoire de la formation agroalimentaire depuis 1859 par la fondation de la première École d’agriculture, de la Faculté d’agronomie (1940), de l’Institut de technologie agroalimentaire (1962) puis du campus de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (2021) et que l’impact socio-économique à court, moyen et long terme pour le territoire régional de l’ouest du Bas-Saint-Laurent et de l’Est de Chaudière-Appalaches de l’implantation de ce programme universitaire à La Pocatière serait majeur pour toute la grande région.

La chambre a comptabilisé uniquement dans la MRC de Kamouraska 369 entreprises agricoles et 65 % d’entre elles qui ont besoin de soins vétérinaires sur une base régulière.

«On ne peut pas nous dire que nous sommes en réaction, puisque pour l’instant les travaux ne sont pas débutés », de dire le président de la chambre Gabriel Hudon.

« 100 millions de dollars… c’est le montant en investissement dans le dossier  de la Faculté de médecine vétérinaire dans lequel notre région n’a pas été considérée.(…)  Il est impossible pour nous de laisser passer cette décision du gouvernement sans rien faire. Assez, c’est assez ! », disait alors Nancy Dubé, directrice générale de la CCKL à CMATV, téléweb locale.

Le débat sera chaud sur le sujet d’ici les prochaines élections et certains candidats ne manqueront pas de donner de la voix dans ce dossier ! Le candidat caquiste qui succèdera à Marie-Ève Proulx aura toute une pente à remonter dans ce dossier qui enflamme la Côte-du-Sud.

Le candidat du parti conservateur du Québec disait à La Vie agricole en juin dernier : « On veut savoir si c’est une décision raisonnée ou une magouille politique visant à faire élire la candidate caquiste dans la circonscription de Rimouski. Les gens ont le droit de connaître les résultats obtenus dans cette étude ». La candidate caquiste n’est plus. On rebat les cartes.

 

 

 

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