Les travailleurs illégaux essentiels au modèle laitier américain

Le pire cauchemar de l’industrie laitière américaine a un nom : Donald Trump et sa promesse d’expulser tous les immigrants illégaux. Sans ces travailleurs sans papier, vulnérables et exploités, le modèle laitier américain s’écroulerait affirme la National Milk producers federation (NMPF), le plus important lobby laitier américain qui vient d’émettre un communiqué alarmant à ce sujet.

Le contrôle des travailleurs illégaux entrainerait une crise majeure dans les fermes américaines.

Les chiffres sont éloquents : la moitié des travailleurs agricoles à l’emploi des fermes laitières américaines sont des immigrants, soit 77 000 personnes. Combien sont des illégaux ? La NMPF se garde bien de le dire mais elle reconnait que si l’État multipliait les descentes dans les fermes laitières et se mettait à vérifier les papiers de tout le monde, cela entraînerait une crise majeure dans l’industrie.

Sans les illégaux, le recul du PIB agricole de 32 milliards de dollars

C’est que ces 77 000 personnes au statut incertain se retrouvent essentiellement dans les plus grosses fermes, là où est produit 80 % du lait américain. Selon la NMPF, le départ forcé de ces travailleurs pourrait  signifier une diminution de la production laitière de 25% à l’échelle nationale, la perte de 200 000 emplois à la ferme et dans les secteurs connexes de même qu’un recul du produit intérieur brut agricole de 32 milliards  de dollars, rien de moins.

Un lait 30 % moins cher dû à l’exploitation humaine illégale 

Qu’ils soient réalistes ou non, ces chiffres indiquent une chose : le fameux coût de revient du lait américain, supposément 30% moins élevé qu’au Québec, repose sur l’exploitation de dizaines de milliers de personnes vulnérables payées sous le salaire minimum, sans aucune couverture sociale et souvent logées dans des conditions déplorables. Ajouter à cela l’utilisation généralisée d’hormones de croissance pour «booster» la production dans des usines à lait de mille vaches et plus et vous avez un modèle odieux sur les plans de l’éthique, de la santé publique et de l’environnement.

Avec l’ouverture des frontières au lait protéiné américain et, bientôt, aux produits frais suite à la conclusion du Partenariat transpacifique, ce n’est pas la ferme familiale du Wisconsin que les producteurs laitiers du Québec devront combattre et fatalement imiter mais cette ferme géante sans scrupule.  Cette réalité devrait faire réfléchir les adversaires de la gestion de l’offre, grands admirateurs du modèle laitier américain.

 

Référence : le site du National dairy producers federation – www.nmpf.org – Losing Immigrant Workers on Dairy Farms Would Nearly Double Retail Milk Prices and Cost the Economy More than $32 Billion, New Report Finds – Release date: September 09,2015

 

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