Au cours de la mi-octobre, j’ai eu l’occasion de participer à une mission en France, en Normandie plus précisément. Au cours de cette mission, nous avons eu la chance de rencontrer divers acteurs impliqués en agriculture, principalement dans le domaine laitier, ce qui a permis des échanges fort intéressants. Malgré un climat et des pratiques différentes, les défis sont très semblables à ceux que nous connaissons ici, et les solutions qui semblent très différentes, une fois expliquées, ne sont pas si différentes de celles que l’on applique ici. Une chose marquante: l’agriculture en France est un gros moteur économique, très diversifié.
La France est le deuxième producteur de lait en Europe, avec une production de près de 24 milliards de litres de lait produit, par environ 3.6 millions de vaches laitières, 1.2 million de brebis et 850,000 chèvres. 54,000 fermes livrent du lait de vache. C’est environ entre 8 et 10 fois plus important que la filière au Québec, pour une population 8 fois plus nombreuse, mais per capita le Québec produit un peu plus de lait que la France.
L’abolition des Quotas?
Une des premières questions posées à nos hôtes: Et l’abolition des quotas? En pratique les quotas se sont transformés en contrat avec les transformateurs. Sous le régime des Quotas, les négociations se faisaient nationalement, avec les contrats les négociations se font plus régionalement. Ceci a demandé, selon un des producteurs rencontrés qui a été impliqué dans le syndicat, une période d’adaptation d’environ 3 ans avant de se mettre à niveau dans les négociations. Son groupe de 800 producteurs négocie des conditions aussi bonnes sinon mieux adaptées à leur groupe que sous le régime des Quotas. Autant anciennement les Quotas qu’actuellement les contrats sont attachés à la ferme. Les contrats n’ont pas de valeurs en théorie, cependant il faut les acheter pour grossir sa ferme, avec de bons conseils pour réaliser l’opération. En fin de compte, l’on a changé le mot quota par le terme contrat, pour le reste c’est passablement semblable, mais avec une gestion plus régionale.
Le prix du lait
Autre question qui nous intéressait, la rémunération du lait. La réponse est assez complexe, d’une part les fermes ont une rémunération qui va jusqu’à 25% de leurs revenus via des subventions liées à des pratiques durables : ces subventions sont liées aux superficies. Le prix du lait est sur une base de 3.6% de gras avec des primes pour les composantes. En fin de compte les revenus pour un producteur de lait en France sont semblables à ce que reçoit un producteur de lait au Québec, il est juste payé de façon différente.
Pas d’ordre professionnel pour les agronomes en France
Nous avons eu la chance de discuter avec des agronomes qui font du service-conseil, nous leur avons demandé quel changement ils avaient vu, suite à la décision du gouvernement français de séparer le conseil de la vente pour les pesticides, mesure phare de la loi Egalim, votée en 2018 et mise en application depuis le 1er janvier 2021. Nos hôtes ont haussé les épaules en disant que cela n’avait pas changé grand-chose. Nous avons d’ailleurs été surpris d’apprendre qu’il n’y a pas d’ordre professionnel pour les agronomes en France, suite aux commentaires d’un des participants à savoir qu’il serait plus efficace d’avoir un ordre professionnel qui régisse et contrôle les agronomes qui prescrivent des pesticides, sans égard à leur emploi (lié ou non lié).
Ce fut un voyage instructif, comme toujours quand on discute avec les vrais acteurs du milieu. L’on s’aperçoit que nos problèmes sont souvent semblables, ils ont l’air différents tout simplement parce qu’on les nomme différemment et l’on se rend vite compte qu’il n’y a pas de solutions miracles.