Lors de la réunion des ministres de l’agriculture du G20 qui se tient en ce moment du 15 au 17 juin à Hyderabad (Inde), le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) Alvaro Lario a vigoureusement plaidé en faveur d’une augmentation des investissements destinés aux petits exploitants et aux populations rurales. Son appel fait écho à celui des dirigeants du G7, qui ont reconnu l’urgence de renforcer l’appui à une agriculture et à des systèmes alimentaires durables et résilients pour faire face à l’aggravation de la crise alimentaire mondiale.
S’adressant aux dirigeants du G20, M. Lario a présenté l’ambition du FIDA en matière de développement, faisant valoir que l’investissement dans les populations rurales était le moyen le plus économique d’améliorer la sécurité alimentaire mondiale et de favoriser la stabilité.
“Bien que les multiples crises freinent les progrès mondiaux en matière d’éradication de la pauvreté et de la faim, nous pouvons encore atteindre nos objectifs”, a déclaré M. Lario. « Nous savons ce qui marche: les technologies climato-compatibles, les initiatives axées sur la résilience et les solutions naturelles commercialement viables fondées sur la nature sont autant de moyens de mettre en place des systèmes alimentaires équitables, durables et inclusifs. Mais pour réaliser ce potentiel, nous devons investir dans les petits producteurs et renforcer le rôle des femmes et des jeunes ruraux dans les chaînes de valeur”, a-t-il ajouté.
En Inde, il a également rencontré la Ministre des finances, Nirmala Sitharaman, et le Ministre de l’agriculture, Narendra Singh Tomar. Ils ont discuté de la réforme de l’architecture financière et du rôle du Sud dans ce processus, ainsi que de l’importance de l’agrégation des producteurs de denrées alimentaires pour parvenir à la transformation du système alimentaire en Inde. « L’Inde est depuis longtemps un partenaire essentiel dans l’action que nous menons pour lutter contre la faim et la pauvreté, autonomiser les femmes rurales et renforcer la résilience face aux changements climatiques », s’est réjoui M. Lario. « Je suis convaincu que sous la présidence de l’Inde, le G20 tracera une voie ambitieuse pour nourrir la planète de manière durable et équitable. »
Sous la présidence de l’Inde, le G20 s’affirme comme un acteur particulièrement bien placé pour soutenir la hausse des investissements en faveur des petits exploitants, afin que ces derniers puissent s’adapter aux changements climatiques, adopter de nouvelles pratiques et accéder aux marchés, aux technologies et aux services financiers.
En marge de la réunion, le président Lario a également rencontré Kang Hyoung-Seok, vice-ministre de l’agriculture de Corée ; Mariam Almheiri, ministre du changement climatique et de l’environnement des Émirats arabes unis ; Abdulrahman A. Alfadley, ministre de l’environnement, de l’eau et de l’agriculture d’Arabie saoudite ; Saoud Al Habsi, Ministre de l’agriculture, des richesses halieutiques et des ressources en eau d’Oman ; Syahrul Yasin Limpo, ministre de l’agriculture d’Indonésie ; et Muhammad Abdur Razzaque, ministre de l’agriculture du Bangladesh.
Le FIDA, acteur incontournable selon le G7
Au début de l’année, les dirigeants du G7 ont désigné le FIDA comme un acteur incontournable de la sécurité alimentaire mondiale. Ils ont salué l’action que mène l’institution auprès des petits exploitants pour renforcer la production alimentaire locale, répondre à la demande alimentaire locale et régionale, créer des marchés et réduire les pertes de denrées alimentaires. Le FIDA aide les petits exploitants et les petites entreprises à intensifier la productivité agricole, à s’adapter aux changements climatiques et à mettre en place des chaînes d’approvisionnement alimentaire solides, fiables et favorables aux pauvres. Entre 2019 et 2021, ses investissements ont permis d’accroître les revenus de 77,4 millions de ruraux et d’améliorer la sécurité alimentaire de 57 millions de personnes.
Les petits exploitants produisent au moins un tiers de la nourriture dans le monde et jusqu’à 70% des denrées dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ils sont essentiels à la sécurité alimentaire mondiale et à la stabilité en général, car la faim et la pauvreté peuvent aussi engendrer migration forcée et conflit. Tandis qu’ils sont toujours plus exposés aux effets des changements climatiques, aux conflits et aux chocs économiques, seuls 4 à 6% de l’aide publique au développement vont à l’agriculture depuis au moins 20 ans, et moins de 2% du financement de l’action climatique à l’échelle mondiale leur sont destinés.
L’Inde, pays emprunteur et donateur du FIDA
L’Inde est à la fois le plus gros emprunteur du FIDA et l’un de ses 15 principaux donateurs. Le Fonds met actuellement en œuvre son programme d’options stratégique pour le pays de manière parfaitement conforme au cadre politique du Gouvernement indien, de façon à garantir que les systèmes de production alimentaire et agricole des petits exploitants soient rémunérateurs, durables et résilients face aux changements climatiques et aux chocs sur les prix. À ce jour, la FIDA a financé 32 projets de développement rural en Inde, d’une valeur de 1?211,94 millions d’USD. Ses interventions ont directement bénéficié à 6?341?436 familles.