Un sondage réalisé par la COMM Climat (Communauté de pratique en communication climatique au Québec) et effectué par la firme Léger en octobre dernier révèle qu’il existe une très forte demande de leadership pour faire face à la crise climatique au Québec, avec 71 % de la population estimant que les gouvernements doivent « accélérer le rythme de l’action climatique » au Québec. En outre, le sondage souligne que 85 % des Québécois.es estiment que, face aux changements climatiques, les gouvernements, les entreprises et les individus doivent repenser en profondeur leur mode de vie, signalant une ouverture pour la multiplication des actions et un certain soutien à une forme de leadership plus important.
« Le sondage montre clairement qu’une vaste majorité de la population québécoise s’attend à ce que nos élu.e.s mettent les bouchées doubles en matière d’action climatique, souligne Marie-Eve Leclerc, chargée de projet en mobilisation chez Équiterre et membre du comité de validation de la COMM Climat. À l’aube de la COP28, les décideurs de tous les paliers gouvernementaux ainsi que les entreprises qui seront présentes à Dubaï, auraient intérêt à porter attention à ces constats et à accélérer la mise en œuvre des mesures nécessaires pour répondre à la crise climatique, tant au plan mondial qu’au plan national. Il s’agit d’une question de courage politique et de cohérence avec une attente majoritaire de la population ».
Un soutien majoritaire pour un leadership au nom du bien commun
En ce qui concerne la forme que peut prendre le leadership climatique et les décisions politiques, la concertation demeure la posture préférée des Québécois.es (68 %), suivie de près par l’imposition de décisions parce que « nous n’avons plus le temps d’attendre » (60 %). Cette dernière posture est néanmoins fortement opposée par 35 % des Québécois.es. Qui plus est, le sondage dévoile qu’une forte majorité (79 %) de la population est d’accord avec l’énoncé que « les gouvernements doivent forcer les changements de comportements des entreprises pour lutter contre les changements climatiques comme ils l’ont fait par le passé en fixant des normes minimales de travail (salaire minimum, interdiction du travail des enfants, etc.) ».
Pour 78 % des répondants du sondage, un « bon leader » peut être décrit comme étant une personne qui « priorise le bien commun », contre 13 % de répondants qui considèrent qu’un bon leader les « laisse tranquilles », soulignant une ouverture chez les Québécois.es pour que les décisions soient prises avec le bien commun en tête plutôt que les intérêts individuels ou le respect des libertés individuelles.
« Selon le sondage, les Québécois continuent de privilégier la concertation et la persuasion pour faire face aux changements climatiques, avec une proportion importante se disant ouverte à ce que les leaders prennent des décisions et les imposent s’il le faut, au nom du bien commun, souligne Clémence Lalloz, co-fondatrice de Futur Simple, qui a contribué à la conception du sondage.
Il ne faut jamais oublier que les leaders sont ultimement des personnes comme vous et moi, en position de pouvoir à divers niveaux dans la société. Voilà pourquoi il est maintenant judicieux de s’intéresser davantage à la dimension humaine sous-jacente au leadership climatique et aux défis qu’elle représente. Je parle ici des biais cognitifs, des croyances, des motivations ou des émotions de toute personne à qui il est demandé de prendre des décisions audacieuses, engageantes ou difficiles au nom du bien commun. Cela concerne aussi le leadership climatique en chacun.e de nous », ajoute Mme Lalloz.
Selon Erick Lachapelle, Professeur titulaire à la Faculté des arts et des sciences, Département de science politique à l’Université de Montréal : « L’opinion publique en matière de changements climatiques n’est pas qu’un fait anodin; au contraire, elle peut indiquer à un moment précis les tendances et les souhaits collectifs d’une partie ou d’une majorité de la population. Dans une démocratie comme le Québec, les résultats du sondage démontrent une opportunité importante pour les décideur.se.s de répondre aux préférences des citoyen.ne.s et d’accélérer leur action climatique, compte tenu du fait que 71 % de la population s’y attend ».
D’autres faits saillants du sondage
- Seuls 8 % des Québécois.es signalent qu’il ne faut pas toucher au mode de vie de la population pour répondre à la crise climatique. Les 18-34 ans (43 %) sont les plus susceptibles de souhaiter que l’on force les changements de comportements.
- 85 % des Québécois.es ont foi dans les expert.e.s, les représentant.es d’ONG environnementales et les professeur.e.s d’universités alors que la confiance envers les élu.es est plus faible (28-36 %).
- 82 % des Québécois.es sont d’accord avec l’énoncé que notre mode de vie doit changer de manière importante pour réussir à lutter contre les changements climatiques.
- Trois quarts des Québécois.es (77 %) croient que les changements climatiques “menacent la survie de notre civilisation” et que « le pire de la crise est à venir » (78 %).
- 69 % des répondants se disent tout de même confiants en l’avenir, contre 25 % qui ont « peu de confiance en l’avenir », et 5 % n’ayant « pas du tout confiance »).