Dans quel état est l’agriculture à ce jour ?

Dans quel état est l’agriculture ? Au regard de ce que La Vie agricole a pu voir en France, pays d’où nous revenons, elle est polarisée comme jamais entre les défenseurs du productivisme tel qu’on le pratique depuis la Seconde Guerre mondiale et les écologistes en faveur d’une décroissance. La situation n’est pas loin d’être similaire à celle du Québec sauf qu’ici on en parle moins au sein des gouvernements.

Il est assez anachronique de voir les mêmes dirigeants qui poussent aux votes de lois contraignantes à la Commission européenne, brandir sur des ballots de pailles devant les producteurs français leurs intentions de réduire les normes et de diminuer la paperasse!

Les attaques sont de toutes parts, les environnementalistes s’en prennent aux méchants capitalistes du secteur des céréales, certains éditorialistes nomment les protecteurs de la terre les « escrologistes» tant ils ont un ascendant maintenant sur le pouvoir en place sans jamais reconnaître que les producteurs eux-mêmes prennent soin de la terre!

Le salon de l’agriculture à Paris a été un défi pour le président de la République française, Emmanuel Macron qui devait y organiser un grand débat de toutes les tendances. Ce débat d’abord annulé s’est finalement tenu, mais à l’improviste et pendant des heures. Si le président a fait preuve d’une grande capacité de communication auprès des producteurs pour les rassurer concernant un assouplissement des règles, on se rappellera son discours enflammé au profit de l’écologie entre les deux tours de la dernière présidentielle! Comment vraiment savoir où se situe donc la vision du président Macron  pour l’avenir de l’agriculture?

La FNSEA (équivalent de l’UPA au Québec), syndicat majoritaire en France,  a aussi de son côté un pouvoir d’influence indéniable sur le gouvernement. Défenderesse de la production de masse, elle est bien consciente que l’agriculture française vit beaucoup de ses exportations : 70 milliards sur 90 milliards d’euros.

Moins de libre-échange comme le demandent les écolos risque de déplaire à certains secteurs céréaliers ou viticoles! Il est à savoir aussi que la Politique Agricole Commune ( PAC ) décriée par plusieurs donne à la France plus qu’à tout autre pays européen!

Au Québec, le questionnement entre le productivisme et la décroissance existe aussi, mais comme dans bien d’autres coins du monde, les dirigeants parlent de souveraineté alimentaire tout en prenant soin de ne pas trop nuire aux marchés extérieurs. Le jeu d’équilibriste pourra-t-il tenir encore longtemps ?

Le Québec très consensuel n’en est pas encore à revendiquer violemment comme en Europe, mais ils sont de plus en plus nombreux les producteurs à nous parler de leur incapacité à vivre avec des normes environnementales exagérées et toujours plus de paperasse, Le Québec se lèvera-t-il ? Il y est moins disposé parce que la crise est moins flagrante qu’en Europe, mais aussi parce que le syndicat unique se garde bien de confronter le pouvoir de la même façon que des syndicats (FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne), divergents et diversifiés comme en France le font, soucieux aussi de mobiliser leurs membres et de recruter! Le pluralisme semble être porteur d’un meilleur élan pour organiser la contestation et mettre la lumière sur les enjeux agricoles.

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