La crise du COVID-19 a fait ressortir le spectre de la pénurie. Beaucoup de choses nous ont inquiétées avec ou sans raison : papier de toilette, équipement médical et aliments. Avec la crise, la société mesure la complexité de nos chaines d’approvisionnement alimentaire ainsi que leurs fragilités. Des maillons de cette chaine, réputés pour leur efficience, tombent et entrainent un jeu de domino qui met à risque l’ensemble d’une filière. L’on a qu’à penser à la fermeture de l’abattoir de porcs à Yamachiche. Avant le COVID-19, la mondialisation nous promettait la sécurité et la diversité alimentaire, l’autosuffisance nous apparaissait comme un concept d’un temps passé n’offrant que la frugalité. Il a fallu une crise mondiale à l’ampleur incertaine pour semer le doute.
Le concept de sécurité alimentaire prend tout un autre sens lorsque l’on est confronté à une crise comme le COVID-19. En temps normal, quoique le terme normal risque d’être fort différent après la crise, disons qu’avant la crise notre système de sécurité alimentaire était lié beaucoup plus à des intérêts de performances financières et techniques qu’à tout autre chose. La mondialisation accentuant et facilitant cette vision de la sécurité alimentaire, l’autosuffisance était reléguée un peu aux oubliettes, et vue par beaucoup comme un concept d’une autre époque et comme un frein à une mondialisation bénéfique pour tous.
Comme exemple on a qu’à citer le développement d’entreprises agricoles dépendantes d’une main-d’oeuvre étrangère, de méga-usines ultra efficaces, mais dont dépend l’ensemble d’une filière. De plus, beaucoup d’entreprises ont délaissé une partie de leurs opérations et de leur savoir-faire, par souci de performance financière, mais aussi parce que c’était plus simple à gérer.
L’autosuffisance n’est pas l’érection de barrières, ou s’isoler du monde économique qui nous entoure. Avant le COVID 19, il était plus facile de prendre le téléphone et de commander ce dont on avait besoin que d’essayer de le fabriquer. Point de vue économique pas sûr que c’était la meilleure décision!
L’autosuffisance c’est tout simplement se poser la question que si l’on fait faire les choses ailleurs quels en sont les avantages et les inconvénients? C’est aussi notre désir de rester maitre chez soi, de garder notre savoir-faire et de se protéger des fluctuations des marchés, de l’économie, et depuis peu, des pandémies.
Des contraintes à l’autosuffisance, il y en a plein : certaines seront insurmontables pour certains, faciles à régler pour d’autres. Quant à la grande question de la rentabilité, il est surprenant qu’une autosuffisance bien dosée améliore la rentabilité des entreprises : cela améliore aussi l’économie en général, mais c’est plus compliqué que de prendre le téléphone et commander ailleurs.
La mondialisation a ses risques, la crise du COVID 19 nous le rappelle La mondialisation apporte la diversité qui améliore notre qualité de vie. L’autosuffisance nous apporte la sécurité.
Il va falloir que nos modèles économiques soient en mesure de mieux équilibrer les deux, une économie où chacun d’entre nous peut agir !