Le critique péquiste en matière agricole semble être resté figé dans la tradition de la pensée unique de l’UPA. La Vie Agricole rencontrait le 27 novembre dernier à l’assemblée nationale, André Villeneuve, le député péquiste critique en matière agricole, au moment même où Pierre-Karl Péladeau annonçait à Montréal sa candidature pour devenir chef du parti québécois. Nous lui avons demandé s’il serait d’un soutien indéfectible à PKP devenu officiellement aspirant chef et même aspirant Premier ministre du Québec. “Je n’ai pas pris de décision encore, de dire M. Villeneuve. Je suis heureux de sa candidature, ça donne le choix à de nombreux candidats tous aussi bons les uns que les autres. En tout cas si certains diront le chat est enfin sorti du sac, le sac était transparent !“, dit-il.
Entente Canada-Europe, s’il y a du dumping, c’est négatif
Sur le dossier de l’entente de libre-échange entre le Canada et L’Europe et l’attribution des quotas d’importation habituellement remis selon la loi à ceux qui en détiennent déjà, M. Villeneuve a expliqué à La Vie Agricole : “ D’une part la loi n’est pas immuable. Il faut surtout écouter ce que disent les gens sur le terrain. Pourquoi ne pas faire une vente aux enchères des quotas pour soutenir les petits fromagers ? Et si les distributeurs en obtiennent, il faut voir les impacts. Si c’est ensuite du dumping, c’est sûr que c’est négatif.“
Villeneuve pour le contrôle de l’État dans l’achat des terres
Il faut d’abord mesurer le phénomène dans le cas de l’accaparement des terres au Québec, nous a confié M.Villeneuve : “ En Afrique c’est 35 millions d’hectares qui sont passés aux mains des étrangers. On peut considérer que tous sont de bonne foi au Québec parmi les investisseurs mais si Pangea veut vendre à d’autres, il faudra empêcher ça. Le rapporteur de l’ONU, nous a dit, que comme État, on a le devoir de se donner des outils. Moi quand j’entends Paradis dire, j’attends la catastrophe, je suis incapable d’entendre cela. On n’a pas le droit de ne rien faire. Et moi, je vois une relève inquiète.“
Avec le Parti Québécois au pouvoir, le projet SADAQ pourrait donc refaire surface à entendre M.Villeneuve. Le critique en matière agricole péquiste ne semble pas avoir tout à fait la vision démontrée par Bernard Landry sur le rôle à jouer par les sociétés privées d’investissement en agriculture. M.Villeneuve faisait d’ailleurs suivre à La Vie Agricole le 4 décembre dernier un communiqué déclarant qu’il se réjouissait qu’une proposition du Parti Québécois permette aux députés membres de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles d’entendre les intervenants touchés par la spéculation et l'achat de terres agricoles par des firmes d'investissement privées. « Les firmes d’investissement privées, notamment la firme Pangea, dirigée par Charles Sirois, cofondateur de la CAQ, convoitent des terres agricoles dans plusieurs régions du Québec. Cette spéculation entraîne à la hausse la valeur de ces terres, rendant l’accès encore plus difficile pour la relève. Le monde agricole s’inquiète – les jeunes agriculteurs, notamment – à propos des impacts des actions des firmes privées. Il est important d’entendre les intervenants touchés par cette question », déclare André Villeneuve.
ASRA : Villeneuve pas en adéquation avec la pensée Garon
“Quand on me parle de l’ASRA, je dis la question est posée depuis longtemps et se pose encore mais les programmes sont en révision. Suis-je pour ou contre le financement des intégrateurs ? Moi je dis dans le porc ça va bien et il y a pourtant des intégrateurs. “ Sur ce point André Villeneuve n’est clairement pas sur la pensée de Jean Garon qui lui évaluait le rôle des intégrateurs comme nuisible dans le système puisqu’en contrôle du cout des intrants.
Robillard crée l’incertitude et Couillard, il dit quoi ?
“Globalement le rapport Robillard, il manque de sensibilité et de rigueur. Pourquoi couper les aides à l’agriculture quand la première ministre de l’Ontario dit vouloir augmenter les aides aux agriculteurs ontariens ? On ne reculera pas quand les autres commencent à investir plus. Dans le rapport Robillard, on nous a présenté un tableau comparatif avec la Norvège et la Suède. On investit pas mal moins qu’eux et pourtant ils ont le même problème de nordicité. Robillard a créé l’incertitude et la pire chose en affaires c’est ça, créer l’incertitude. Moi, les agriculteurs me disent Paradis c’est une chose, mais le Premier ministre dit quoi ?“
Le pluralisme syndical, Villeneuve, pas dans la pensée de Landry !
Le pluralisme syndical n’est pas dans la mire du Parti Québécois à écouter son critique en matière agricole. “Pour le moment les gens qui font partie du syndicat sont aussi nombreux aujourd’hui qu’hier“, dit-il, comme s’il oubliait que la syndicalisation à L’UPA est obligatoire de par la loi de 1972. Sur ce sujet, La Vie Agricole a rencontré un député frileux et quelque peu déconnecté de la réalité du terrain : “ Je veux que le changement vienne des gens. J’ai vu Jacques Cartier il y a dix jours au Mérite agricole et c’est correct ce que fait M.Cartier mais on verra si un jour il y a désaffiliation. “
M.Villeneuve ne semble pas être dérangé outre mesure par le statu quo actuel, et semble rester fidèle à ses amis de L’UPA et donc moins innovateur que le mentor de Pierre-Karl Péladeau, Bernard Landry, qui sur ce sujet est clair : “ L’UPA se porterait mieux sans monopole.“
“Le CEA, oui ça fait deux ans qu’il martèle son discours, mais l’Union Paysanne, ça fait depuis plus que deux ans, et alors ?“ de conclure M.Villeneuve.
L’ex-abattoir Lévinoff-Colbex, pourquoi le silence des libéraux ?
La renaissance de l’abattoir Levinoff-Colbex est souhaitable nous confie M.Villeneuve comme le disait François Gendron, rappelle-t-il. “ Ne serait que pour éviter le kilométrage parcouru par les bêtes et pour le bien-être animal.“Ce qui étonne André Villeneuve c’est le silence du ministre Paradis et des libéraux dans leur ensemble sur ce dossier : “Plus de 500 producteurs veulent être écoutés par le ministre de l’agriculture et il ne répond pas, c’est inadmissible. J’ai rarement vu cela moi. Quand j’étais maire mon téléphone était public.“
Toutefois on apprendra rien sur le silence concernant l’étude d’enquête de KPMG sur l’abattoir qui a pourtant était remise à François Gendron lorsque celui-ci était ministre de l’agriculture. André Villeneuve se contente de confirmer que “Si les producteurs craignent des intentions politiques supérieures, ils ont peut-être raison!“
Projet TransCanada : André Villeneuve, absolument contre !
Sur le dossier de l’énergie qui anime les débats en ce moment, M.Villeneuve est intransigeant. “Avant de dire oui à un projet de pipeline, il faut faire une adéquation. Quel est le gain économique et quel est le risque ? Dans le cas d’Énergie-Est, le risque est trop élevé. Un oléoduc finit toujours par couler un jour!“. Et il tente une explication à caractère économique : “ Quand le pétrole de l’Alberta est produit, on fait monter la valeur du dollar et on perd des emplois manufacturiers au Québec parce qu’on ne peut plus vendre nos produits devenus trop chers !“
Mais au-delà de toute considération économique M.Villeneuve en fait un cas de principe : “ Moi comme citoyen, le Parti Québécois dira ce qu’il veut ensuite mais moi je dis même avec des redevances élevées, il ne faut pas accepter l’oléoduc. “