Plusieurs personnes se demandaient quel sort serait réservé à nos programmes agricoles dans le premier budget du gouvernement Couillard. D’une part, on nous préparait à une révision de programme gouvernemental et de l’autre a une stimulation de l’économie. Au moment du budget, rien sur l’agriculture. Pas de révisions annoncées, du moins pour l’instant, des programmes agricoles, et l’agriculture ne semble pas à l’agenda économique du gouvernement. Un oubli? Ou tout simplement tout baigne dans l’huile et l’on a d’autres priorités !
L’agriculture connaitra cette année possiblement des revenus records. Cela signifiera aussi des revenus records pour le gouvernement. La plupart des productions d’importance connaissent de bon prix. Tout semble indiquer, du moins on l’espère, que cette hausse des prix des denrées agricoles est là pour rester. Ce cycle de bon prix a commencé en 2008 par un boom des prix des céréales. À l’époque, on expliquait ce boom par la demande des économies asiatiques et par la transformation de maÏs en éthanol.
Aujourd’hui le facteur asiatique est possiblement le facteur dominant dans l’offre et la demande des produits agricoles. Plusieurs pays, l’Inde et la Chine notamment, ont des politiques de contrôle des importations et des exportations des denrées agricoles. C’est le gouvernement qui achète ou vend les denrées agricoles sur le marché mondial, un peu comme le faisait la commission canadienne du blé. Pour l’ensemble des pays asiatiques, l’agriculture et l’approvisionnement des populations en denrée de base sont des enjeux politiques majeurs. L’Inde avec près de 1.3 milliard d’habitants compte plus de 400.000 millions de pauvres. Pour ces moins bien nantis l’accès à de la nourriture est un combat journalier et pour la grande majorité de la population le poids de la facture alimentaire est très importante dans leur budget personnel. La moindre pénurie de denrées alimentaires crée des remous sociaux majeurs. En 2010 une pénurie d’oignons, un aliment très utilisé dans la cuisine indienne amène des manifestations des populations critiquant le gouvernement de mauvaise gestion et de corruption. Tout en étant de grands consommateurs de produits, ces pays sont aussi de grands producteurs, ils sont devenus avec la croissance de leurs marchés des joueurs dominant sur l’échiquier mondial. Ils peuvent pendant une année de pénurie faire exploser les marchés mondiaux, et les faire s’effondrer lorsqu’ils libèrent leur surplus. Leurs politiques agricoles, dictées plus par des considérations de politique interne que les règles du commerce international influenceront de façon importante le prix et la disponibilité des intrants et denrées agricoles même localement chez nous. Un exemple : Les politiques de subventions généreuses des engrais minéraux dans plusieurs pays asiatiques afin d’accroitre leur production agricole locale, a fait exploser le prix des engrais au niveau mondial. Le Canada comme grand producteur et exportateur d’engrais en a profité, cependant les producteurs d’ici ont vu leur cout de production augmenter.
Si le Québec veut profiter de ce boom et non pas en souffrir, il est important que notre gouvernement mette l’agriculture à l’agenda économique. Nous avons des outils pour gérer autant les menaces que de profiter des opportunités de ce grand boom agricole. Le dernier budget du gouvernement du Québec ne semble pas voir dans l’agriculture un moteur économique de développement majeur. Pourtant il y a pas mal d’intrants et de denrées agricole qui naviguent sur le St-Laurent.