Le lait 100% Canadien, on le sait, est tenu à un cahier des charges très strict. Plusieurs producteurs exténués par l’entrée massive de protéines laitières et de lait diafiltré des États-Unis commencent à envisager de faire pression et à organiser des manifestations pour “débarquer“ du programme, histoire de se battre à armes égales avec les États-Unis. On retrouve sur Facebook dans la page Lait’quitable, forum spécialisé entre producteurs de lait, qui a été le fer de lance de toutes les manifestations aux frontières depuis des mois, des propos assez explicite sur le taux d’exaspération de plusieurs éleveurs.
Des producteurs divisés sur l’utilité du programme LCQ
Le 15 novembre dernier, Pierre Chatigny y écrit : “ On veut faire les manifs pour les importations mais à quand les manifs contre le LCQ ou même le proaction qui arrive ? À quand se lever pour arrêter de faire vivre des fonctionnaires avec des programmes de la sorte ?“ Et Roman Oschwald de lui répondre : “`C’est vrai qu’il faudrait faire une manifestation pour ça. J’appuie a 100 %“
Quelques producteurs sont plus prudents et écrivent quant à eux, c’est le cas de Jonathan Floymon et de Guillaume Nadeau :“ C’est délicat un peu ce sujet-là. Oui le quota nous protège et nous donne un bon revenu, mais on voit qu’il n’est pas infaillible. Arrêter LCQ et les normes de qualité, c’est faire du lait comme aux États, donc pourquoi on nous payerait plus cher pour ça!“
Guillaume Nadeau écrit lui :“ Si tu arrêtes LCQ et refuses proaction, l’Ontario va le faire! Belle contradiction mais je suis d’accord que ça coûte cher“
Jean-Philippe Proulx demande que le sujet soit à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la fédération.
Pour Patrice Lussier, il est tout à fait irréaliste de laisser aller le programme LCQ : “ Ça vous coûte quoi LCQ ? C’est une de nos cartes et vous voulez la scrapper? Bravo !
Et Patrice Michon est encore plus direct : “Mettez-le votre lait à égalité avec celui des USA pis après vous essayerez de faire fermer les frontières. Bonne chance !“
Pour Pier-Luc Desrosiers et Marco Cloutier, il ne semble plus question de se laisser mener par des fonctionnaires : “ Moi, en tout cas, avant LCQ, le lait était d’aussi bonne qualité que depuis mon accréditation. De toute façon l’inspecteur du MAPAQ surveillait la qualité déjà“ dit Desrosiers alors que Marco Cloutier écrit :“ Je me suis fait dire par un ex-employé de Valacta, la première chose qu’ils apprennent, leur but, c’est de soutirer le plus d’argent possible au producteur!“
Qu’est-ce que LCQ ?
Le programme LCQ est basé sur l’assurance que les aliments que la population consomme sont sains et nutritifs. La Fédération, Les Producteurs laitiers du Canada a élaboré le programme Lait canadien de qualité (LCQ), pour en faire un programme selon l’approche HACCP (analyse de risques et maîtrise des points critiques), une approche préventive des risques relatifs à la salubrité fondée sur des principes scientifiques, qui garantit que les aliments sont produits selon des normes clairement définies de salubrité et de qualité.
Un nouveau manuel de référence et un nouveau cahier de travail LCQ existe depuis septembre 2015 qui remplace la version de juin 2010 Son entrée en vigueur était le 1er octobre 2015 et la date de transition prévue pour l’appliquer est le 1er avril 2016. De nombreuses questions y sont posées aux producteurs qui doivent y répondre par des actions concrètes qui sont identifiées dans chacun des chapitres. On leur demande, par exemple, si la déclaration de santé de leurs bovins est signée par un médecin vétérinaire chaque année ? S’ils utilisent des boues d’épuration, s’ils disposent d’un permis ou des autorisations nécessaires pour leur épandage sur leur ferme ? S’ils identifient les animaux conformément au programme d’Identification nationale des bovins laitiers (IBNL), au programme de l’Agence canadienne d’identification du bétail (ACIB) ou au système d’AgriTraçabilité Québec (ATQ) ou si la température du réservoir de lait est vérifiée et consignée après chaque traite pour chaque réservoir ?