Pour l'ADPBQ, durant les derniers cinq ans, la Fédération des producteurs de bovin a été « un flop colossal ». « Le marché est en décroissance. Peu importe l'intervention que la fédération peut faire ,elle n'a aucun contrôle sur le développement des marchés ». Comme l'une de ses missions est d'assurer « le meilleur revenu net possible » pour les producteurs, le président de l'Association de défense des producteurs de bœufs du Québec, M. Adrien Breault estime que la Fédération des producteurs de bovins (FPBQ) a échoué.
Le plan conjoint, une garantie de paiement à conserver
Intervenant lors de la même audience, le 24 novembre 2015, de la Régie des marchés agricoles, le président M. Claude Viel a reconnu que la Fédération n'a aucun impact sur le prix du bovin en Amérique du Nord, « mais là où la Fédération a un grand impact c'est pour le producteur individuellement ». M. Viel souligne : « quand vient le temps de vendre des bovins, que tu sois au Bas-Saint-Laurent, en Abitibi, ou ailleurs au Québec, la Fédération s'assure qu'il y a des règles équitables pour tout le monde ». M. Viel fait remarquer l'impact positif pour un producteur d'avoir l'assurance, grâce à la Fédération, d'être payé à 100%.
« Dans le bouvillon d'abattage, à quelques reprises, on a eu à faire face à des problèmes de paiement de producteurs, mais je pense que plusieurs producteurs sont encore en affaire aujourd'hui parce qu'il y a un plan conjoint, parce qu'il y a une garantie de paiement et parce qu'il y a un suivi au meilleur coût possible » affirme M. Viel.
L’erreur du canal unique
Devant la Régie des marchés agricoles en novembre, lors de cette séance sur l'évaluation périodique de la FPBQ (chaque cinq ans) M. Breault, faisant référence à l'épisode Levinoff-Colbex, a blâmé la fédération pour la poursuite de son projet de « canal unique ». « La fédération et la Régie ont refusé de modifier le règlement pour que des acheteurs hors Québec puissent acheter des animaux ici dans le but de rentabiliser l'abattoir, mais c'est ce qui a fait perdre de l'argent aux producteurs. Cela a nui à la compétitivité, alors des producteurs ont commencé à vendre des animaux à l’extérieur » d'expliquer M. Breault.
Vote des producteurs ou décisions imposées ?
Pour un autre intervenant de l'ADPBQ, M. Jean-Louis Tinant, l'action de la Fédération dans le bovin de réforme « ça été un flop colossal ». M. Tinant a surtout mis en doute l'affirmation que la Fédération fonctionne sur des « mandats des producteurs » soulignant qu'il n'y a pas beaucoup de producteurs qui participent aux réunions régionales annuelles. De plus, selon lui, ce qui est présenté c'est du « tout cuit » seulement pour être entériné.
Le directeur général de la FPBQ, M. Jean-Philippe Deschênes-Gilbert a expliqué que la Fédération reçoit entre 80 et 100 résolutions par année et qu'il faut choisir.
Quant à la participation, la Fédération estime qu'environ 600 personnes assistent aux réunions régionales sur, entre 7000 et 8000 entreprises (producteurs laitiers, veau d'embouche, veau de grain, bouvillon) et que le taux de participation varie selon les régions. C'est difficile d'avoir une idée plus précise, car deux personnes de la même entreprise (les conjoints) peuvent assister à la réunion alors que par ailleurs un producteur peut être inscrit dans deux comités, mais n'assiste qu'à une seule réunion. D’autres qui ont un travail à temps plein ailleurs n'assistent pas aux réunions.
La participation par vote électronique (par internet ou par téléphone) a été évoquée. Est-ce réalisable se demande la Fédération, mais assurément très coûteux selon M. Viel. Dans cette organisation, comme dans d'autres, c'est difficile de « faire sortir le monde » pour toutes sortes de raisons.
La Fédération et ses deux chapeaux !
« Le rôle de la fédération en tant que représentant des producteurs pour la mise en marché et en tant que transformateurs c'est incompatible ». Le président de l'ADPBQ a aussi ajouté qu'à son avis, la Régie aurait dû « leur laisser le choix de faire l'un ou l'autre, mais pas les deux ».
« Cette fédération est en défaut de paiement envers la société québécoise, donc envers le contribuable. Est-ce qu'on peut continuer à lui confier le mandat de gérer un plan conjoint? » déclare M. Tinant. Quand M. Tinant parle de « défaut de paiement » il fait référence au prêt de 19M$ d'Investissement Québec qui n'a pas encore été remboursé.
Rapport de la régie absent et autocongratulations de la Fédération
La Régie des marchés agricoles n'a pas encore publié son rapport 2015 sur cette évaluation périodique, mais la Fédération s'est, elle-même, donné une bonne note en publiant un commentaire dans « La minute bovine » : « La Fédération a ainsi pu démontrer aux différents intervenants du milieu qu'elle a bien administré le Plan conjoint et ses règlements afin qu'ils servent les intérêts de l'ensemble des producteurs et qu'ils favorisent une mise en marché efficace et ordonnée du produit visé. »
En 2010 la FPBQ présentait dans son rapport d'évaluation : « Pour les cinq prochaines années, les cibles stratégiques et les priorités d’actions suivantes ont été identifiées par les producteurs : • l’amélioration de la mise en marché des veaux laitiers; • le renforcement du canal unique de mise en marché des bovins de réforme; • le développement d’un sentiment d’appartenance des producteurs envers l’abattoir Levinoff-Colbex ».