Les 5 révolutions de Claude Béland

Présenté par Pierre Drapeau, président du Club économique de Québec, Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins a fait part à son auditoire de son inquiétude sur l’avenir du Québec et de notre monde lors d’une conférence qu’il donnait au Château Bonne-Entente à Québec le 31 mars dernier. L’importance de la valeur collective est très importante en économie et le monde l’a oublié, nous a-t-il fait savoir. 

Le danger de la richesse à tout prix

“L’accumulation de richesse est devenue la mesure du succès“ de déclarer M.Béland. Il faut se rappeler que dans les années 30, il y avait une soumission collective aux valeurs religieuses, mais que cela a sauvé les Canadiens français a-t-il expliqué rappelant que les anglophones contrôlaient l’économie, mais laissaient aux francophones la possibilité de s’exprimer à travers la religion.

Il a rappelé qu’au début du 20e siècle au Québec, 85 % de la population est encore agricole et que c’est à cette période que se sont créées les coopératives agricoles et le Mouvement Desjardins. Après la Seconde Guerre mondiale, les accords de Bretton Woods ont permis aux Américains de jouer un rôle central dans le monde en créant l’équilibre monétaire avec l’étalon or. Sont nées à cette période l’ONU, la Déclaration des droits de l’homme et une relance marquée de l’économie.

“La plus belle partie de ma vie “

“ Ensuite ce fut la plus belle partie de ma vie“ de dire Claude Béland en évoquant les années 60-70 où tous ensemble les Québécois avaient un projet commun.

“Ce fut l’époque pour laquelle Bernard Landry rappelle que le Québec cherchait à s’illustrer dans le concert des nations et où Jean Lesage lançait son célèbre : Maîtres chez nous !“` de dire M.Béland.

Les 5 révolutions

La première révolution qui s’en suivit a été technologique explique M.Béland. “ C’est alors que se définissent les nouveaux rapports entre les continents, les peuples et le marché“.

La deuxième révolution évoquée par Claude Béland est la mécanisation et la troisième la spéculation amenée, dit-il, par le président Nixon en 1973 lorsqu’il met fin aux accords de Bretton Woods et que le dollar américain devient la monnaie de référence. “C’est la première fois que l’on fait plus de richesse par la spéculation que par l’économie réelle“ dit-il.

“Le basculement du monde!“

“On est passé de l’économie de la nation à l’économie de l’individu sans changer la déclaration des droits de l’homme qui parle pourtant d’égalité alors que nous sommes entrés dans un monde qui a autant d’inégalité qu’à l’Antiquité. Ce fut le basculement du monde“

La quatrième révolution évoquée par M.Béland est environnementale et due aux impacts de la surconsommation. La dernière et cinquième révolution est génétique de dire Claude Béland, permettant à la population de vivre plus vieux.

“Savez-vous que de 1970 à 2015, la population mondiale a augmenté de 223 % ? En 20 ans, on est passé de 1 milliard de personnes sur terre à plus de 7 milliards“

“Tous au service des mieux nantis“

“ Le monde est en feu“, déclare Claude Béland, paraphrasant une “Une“ récente d’un média français. Et il ajoute : “ Ce système est contradictoire aux engagements de l’ONU et des États depuis l’Après-Guerre. Les banques et malheureusement les caisses aussi sont maintenant au service des mieux nantis et tout cela est opposé à la philosophie du fondateur du Mouvement Desjardins, Alphonse Desjardins.“

Claude Béland cite alors le célèbre chef économiste démissionnaire de la banque mondiale, Joseph Stiglitz, “ Il est urgent de repenser le monde“ et il ajoute : “ Je pense qu’au Québec, nous avons un bon savoir-faire, mais qu’on a oublié le savoir-être!“

Les trois bases du monde

Claude Béland a un certain espoir, car, dit-il, on voit dans le monde le retour de groupes qui vont dans le bon sens du retour à l’économie sociale. “ Mais rappelez-vous que les politiciens ne régleront pas ces problèmes. Les politiciens écoutent seulement les besoins des peuples. Le monde est construit sur trois bases : le pouvoir civil qui, s’il n’est pas contrôlé vire à l’anarchie, le pouvoir politique qui peut tourner à la dictature et le pouvoir économique qui sans contrôle ressemble à notre monde actuel“ dit-il s’inspirant d’un discours d’Hillary Clinton. “ Le monde est un tabouret à trois pattes et il faut un équilibre entre les trois. Je rêve d’un nouveau modèle moderne québécois. C’est ce que je souhaite de tout cœur! “ a-t-il conclu.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *