Le 21 septembre dernier, Clément C.Gagnon et Conrad Bernier de Partenaires Agricoles donnaient dans le cadre d’Écosphère à Bromont, une conférence sur les changements climatiques et les impacts sur l’agriculture.
Préalablement M.Gagnon a rappelé à La Vie Agricole, que Partenaires Agricoles, est une organisation qui au-delà des investissements visés dans les terres, s’inquiète avant tout de la problématique de la relève agricole. Il rappelle : “Il y a 10 ans on comptait 10 000 agriculteurs de moins de 35 ans, maintenant c’est 4000 !“
Des terres québécoises plutôt que chinoises !
Il précise aussi que c’est entre autre par souci de racheter des terres “à juste prix“ avec le groupe qu’il représente qu’il s’implique dans l’analyse de l’agriculture de demain et qu’il produit plusieurs documents diffusés depuis quelques mois au sein des salles de rédaction des médias.
La dynamique démographique en milieu rural et particulièrement en agriculture donne un certain sens aux propos du groupe Partenaires Agricoles qui voient dans leur solution une façon d’assurer une relève. Quand les terres sont trop chères pour la succession, n’est-il pas préférable qu’elles soient achetées par des intérêts québécois plutôt que par des intérêts étrangers ? Mais faudra-t-il accepter pour cela que l’agriculture de demain ne soit plus une histoire de propriété familiale ?
Des solutions au changement climatique majeur !
Au cours de la conférence, plusieurs chiffres ont démontré que l’impact des changements climatiques aura un impact dévastateur sur l’agriculture dans le monde. En plus du fait que la population augmente de 80 millions de personnes par an, le prix des denrées est en hausse depuis trois ans de 62 % pour le blé et de 94 % pour le maïs.
On assistera donc à une demande accrue des céréales dans les prochaines années. A cela il faut ajouter des manifestations naturelles qui dévasteront les cultures. Il faudra donc compter selon M.Gagnon sur une forte pression sur les agriculteurs pour produire plus de céréales sur un moins grand nombre d’hectares. Les solutions avancées passent par le développement technologique, l’aide gouvernementale, la création de nouvelles assurances, des pratiques différentes et collégiales, une gestion plus serrée.
Les céréales déjà un manque !
En 2010 il a fallu retirer 60 millions de tonnes stockées dans les réserves puisqu’on a produit mondialement 2,18 milliards de tonnes de céréales alors que la consommation était de 2,24 milliards. Il est clair que l’inquiétude quant à la production céréalière est présente et par ricochet l’inquiétude pour l’alimentation des humains en nombre grandissant sur la planète.
Le Canada et le Québec, grands gagnants !
Les climatologues s’entendent pour dire que toutes les régions du Canada connaitront un réchauffement de leurs températures. Le groupe Ouranus avance même que le climat de Montréal en 2020, dans seulement 7 ans, sera identique à celui de Washington cette année. L’effet climatique de réchauffement pourrait rapidement amener le Québec à compter deux productions céréalières par an !
Dans un monde où il faut 7 kilos de céréales et 16 000 litres d’eau pour produire 1 kilo de bœuf, le Québec risque avec ses réserves d’eau et ses nouvelles capacités de productions céréalières de devenir un eldorado agricole ! On comprend donc mieux les enjeux sur les achats des terres dans la Belle Province ! Rappelons que les besoins alimentaires supplémentaires de la Chine en 2023, dans 10 ans, seront l’équivalent du besoin actuel de 27 pays de la communauté européenne*
Et si le monde se tournait alors vers le Québec, comme le futur grenier du monde ? Il y a là un défi majeur pour les acteurs du monde agricole. Le Québec agricole doit être considéré et soutenu par les gouvernements si on veut réussir la transformation nécessaire suite aux changements climatiques annoncés.
La Vie Agricole ce mois-ci vous propose donc entre autre chose un dossier sur l’achat des terres pour mieux en comprendre les enjeux qui s’annoncent. Parce que notre publication est une tribune libre, nous permettons aussi à toute organisation existante de formuler sa vision de l’agriculture de demain. Ce mois-ci le président de l’Union Paysanne explique ce qu’il ferait de différent pour les producteurs si la diversification syndicale était reconnue. En novembre, ce sera le tour du Conseil des entrepreneurs agricoles avec une entrevue de Jacques Cartier. Nous attendons encore pour l’obtention d’une entrevue avec le président de L’UPA.
*Source USDA : Le temps, FAO