COMMUNIQUÉ – QUÉBEC, le 3 déc. 2013 /CNW Telbec/ – « L’agriculture québécoise est un secteur en pleine croissance et peut devenir une locomotive économique exceptionnelle pour le Québec si on lui en donne les moyens », a déclaré aujourd’hui le président général de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau.
En 2012, les recettes monétaires agricoles du Québec atteignaient 8,4 milliards $, soit 346 millions $ de plus qu’en 2011, et ont généré des revenus nets de 1,3 milliard $. Du côté de l’Ontario, pour la même année, il aura fallu des revenus bruts de 12,3 milliards $ pour atteindre un revenu agricole net équivalent à celui du Québec. Des résultats similaires sont attendus pour 2013. « Nos entreprises agricoles sont performantes, génèrent des milliers d’emplois et participent activement à l’activité économique de nos régions. Le gouvernement du Québec peut leur permettre d’en faire plus en s’appuyant sur sa nouvelle Politique de souveraineté alimentaire », a continué M. Groleau.
La Politique de souveraineté alimentaire, comme présentée en mai dernier par le vice premier ministre et ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, François Gendron, est un véritable tournant dans l’histoire du Québec. C’est la première fois qu’un gouvernement situe de façon aussi claire ses intentions en matière d’agriculture et d’alimentation. La Politique mise sur des orientations fortement consensuelles, telles l’identification et la présence accrue des produits de chez nous, l’occupation dynamique du territoire, la valorisation de notre potentiel bioalimentaire et le développement durable. Les agriculteurs québécois ont des attentes particulières sur chacun de ces aspects, à commencer par des gestes concrets permettant d’augmenter significativement le contenu agricole québécois dans nos assiettes.
Actuellement, seulement 33 % de l’assiette des Québécois est constituée de produits agricoles d’ici. « Chaque point de pourcentage de plus se traduit par une augmentation d’environ 75 millions $ de ventes à la ferme et d’autant pour le secteur de la transformation. Le gouvernement du Québec doit donner l’exemple par l’adoption d’une politique d’achat institutionnelle priorisant les produits de chez nous. Il doit aussi s’assurer que la grande distribution alimentaire emboîte le pas en se donnant de véritables stratégies d’achat local comportant des cibles et des indicateurs précis », a déclaré le président général de l’Union, rappelant que 86 % des achats alimentaires québécois sont effectués dans les grandes surfaces.
Le président général de l’Union a rappelé l’importance de protéger les activités agricoles. Il met également en garde le gouvernement du Québec de succomber à la tentation de faciliter le morcèlement des terres, faisant valoir que près de 70 % des demandes de morcèlement ont été autorisées au cours des huit dernières années, et qu’environ les trois quarts des terres agricoles ont déjà moins de 50 hectares. Pour le président général de l’Union, faciliter davantage le morcèlement n’apporterait rien au développement agricole, sauf une augmentation du prix des terres, surtout en zone périurbaine.
M. Groleau a également rappelé que le phénomène d’accaparement et de financiarisation des terres continuait de prendre de l’ampleur. Les pratiques spéculatives préoccupent fortement les agriculteurs. L’Union a trois objectifs précis à cet égard : faciliter l’accès aux terres agricoles pour la relève, consolider les entreprises existantes et limiter la spéculation financière. Quelle forme prendront ces outils? S’agira-t-il d’une SADAQ ou de modification aux lois actuelles? L’important, c’est d’atteindre ces trois objectifs, ajoutant qu’avec l’augmentation importante de la valeur des terres, il y a lieu de réformer la fiscalité foncière en matière agricole si on veut cesser de grever le budget du ministère de l’Agriculture à des fins autres que celui du développement de l’agriculture.
L’existence d’outils efficaces pour appuyer la gestion des risques dans tous les secteurs de production est aussi une priorité. « Pour atteindre son plein potentiel et investir, nos entreprises doivent pouvoir compter sur une plus grande stabilité ainsi qu’une meilleure protection de leurs activités face aux risques inhérents à notre secteur. Or, à l’heure actuelle, les régimes de sécurité du revenu ne sont pas efficaces lorsqu’on connait plusieurs années consécutives de faibles prix. Il faut donc revoir ces régimes pour permettre aux producteurs de traverser ces longues périodes difficiles.
M. Groleau a aussi fait référence au phénomène de contractualisation en agriculture, rappelant que l’Union a mené une vaste consultation en cours d’année et qu’une résolution sur le sujet serait débattue au Congrès. « La participation d’un producteur agricole à un modèle de contractualisation, en fonction de ses objectifs personnels et professionnels, ne constitue pas une problématique en soi. Notre véritable responsabilité, en tant qu’Union, revient à nous assurer qu’elle représente une option qu’un producteur peut choisir, qu’elle n’est pas motivée par des raisons de stricte survivance, que ce producteur et ses actifs sont rémunérés convenablement et qu’il détient un rapport de force lui permettant de négocier un contrat avantageux », a-t-il mentionné.
Le président général de l’Union a aussi abordé la signature récente de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Europe, rappelant que l’accès élargi au marché canadien des fromages plaçait les producteurs laitiers et fromagers de chez nous dans une situation particulièrement difficile. Quelque 60 % des fromages fins et artisanaux au Canada sont produits au Québec. L’impact est donc majeur.
Le gouvernement du Canada a promis des compensations et celui du Québec s’est engagé à y veiller. Or, la perte de production, strictement pour les producteurs de lait de vache, totalisera chaque année 180 millions de litres et 150 millions $ », a indiqué M. Groleau, ajoutant que le gouvernement canadien, pour rétablir un minimum de confiance, doit intervenir dès maintenant en exerçant un meilleur contrôle des importations. Dans cette négociation, les concessions accordées sont disproportionnées par rapport aux gains obtenus. D’un côté, le gouvernement a donné une part importante de son marché des fromages, de l’autre il a obtenu un accès au marché européen pour lequel nos producteurs devront se tailler une place. Le gouvernement du Canada a trop donné.
Pour Marcel Groleau, il est également impératif, si nous voulons exploiter le plein potentiel agricole de nos régions, de reconnaître que les producteurs ont pris le virage du développement durable en levant le moratoire sur l’accroissement des superficies en culture à l’intérieur des bassins versants dits dégradés dans 573 municipalités. Après 10 ans de moratoire, il est temps que l’on détermine les conditions dans lesquelles les producteurs peuvent mettre les terres en culture. Il importe aussi de sécuriser, en zone verte, les prélèvements d’eau des entreprises agricoles dans le cadre de la révision en cours du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection. « En matière de développement durable, il faut cesser de s’attaquer aux producteurs et s’attaquer ensemble aux problèmes », a déclaré le président général de l’Union.
Source :
Éliane Hamel
Directrice, Service des communications