Sur la route de Marois

Bien que la Première ministre ne nous ait pas accordé d’entrevue dans le numéro de mars comme nous avions demandé à son équipe, nous nous sommes retrouvés sur la route de Mme Marois pendant sa campagne. La Vie Agricole a profité de son passage au siège de L’UPA hier où nous assistions à l’assemblée générale annuelle de L’AGMAQ (Association des Grossistes en Machinerie Aratoire du Québec) pour écouter ce que la Première ministre avait de bon à dire sur l’agriculture. N’ayant pas été invités en tant que tel nous nous sommes glissés parmi la horde médiatique de la campagne électorale juste pour écouter…

Dans le hall d’entrée du 555 Boulevard Roland-Thérien en début d’après-midi sous les premiers rayons de soleil du printemps, Marcel Groleau, président de l’UPA attendait patiemment la Première ministre depuis un quart d’heure lorsque celle-ci est descendue de son bus de campagne : “ Merci de nous accueillir chez vous, on est chez nous quand même“, lui a-t-elle dit d’emblée. Ils se sont ensuite éclipsés environ une heure avant de réapparaitre dans les couloirs du siège social de l’UPA, direction la salle du conseil où les médias n’avaient que quelques minutes pour mitrailler la scène. Les discussions sur l’avenir de l’agriculture au Québec se sont ensuite jouées portes closes.

Un point de presse prévu à 15h15 a finalement eu presque une demi-heure en retard mais les deux protagonistes sont arrivés pour annoncer à la presse présente des actions communes concertées et selon leurs dires très favorables aux producteurs.

Fière de sa politique de souveraineté alimentaire malgré les inquiétudes pour Aliments Québec
Mme Marois s’est dite très fière de sa politique de souveraineté alimentaire très solide. Elle a critiqué le gouvernement qui l’a précédé qui aurait fréquemment confronté selon ses dires les producteurs alors que son gouvernement aurait choisi la concertation. Elle s’est dite préoccupée du soutien à la relève en maximisant l’achat local de produits institutionnels. Mais à la question d’un journaliste sur la baisse de 40 % du budget alloué à Aliment Québec, Mme Marois a dû trouver une approche qui annonce clairement la participation du secteur privé. “ Il s’est développé d’autres stratégies avec différents partenaires pour que le projet soit de même ampleur. Avec d’autres partenaires nous maintenons le même niveau d’activité“

Protection du territoire agricole, la gourmandise des municipalités inquiète !
À la question posée sur les inquiétudes de producteurs agricoles, de voir des municipalités limitaient les activités agricoles, M. Groleau a précisé : “`Dans la cadre d’un projet de modification de la loi sur la protection du territoire agricole et des activités agricoles, il y a un A qu’on oublie souvent c’est celui des activités agricoles. Nous, on a déjà signifié très clairement à M. Gendron, si on veut modifier la loi, on doit renforcer la partie de la loi qui protège les activités agricoles légitimes faites par un producteur agricole dans le cadre de ses travaux. La communauté métropolitaine de Montréal lorsque elle adopté le dernier PMAD (Plan métropolitain d’aménagement et de développement), ils se sont entendus sur la nécessité de densifier pour économiser sur le transport les constructions de route et tout ce qui vient avec… l’étalement urbain etc. Et nous, on s’attend à ce qu’il y est une protection accrue près des centres urbains et une protection des activités agricoles légitimes.“

La loi aurait-elle était mal appliquée par les libéraux ?
À la question posée en point de presse sur la manière du gouvernement libéral précédent d’appliquer la loi on sent bien que Marcel Groleau, qui dit recevoir le lendemain à ses bureaux le chef du parti libéral Philippe Couillard, marche sur des œufs : “Les municipalités qui doivent se développer vont adresser une demande de dérogation à la CPTAQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec) et lorsqu’ils font la preuve qu’ils ont besoin de territoire la commission les accommode. Cette loi-là appliquée municipalité par municipalité plutôt que dans un ensemble de municipalités fait que chacun essaye d’aller chercher le meilleur morceau puis on empiète de plus en plus sur le territoire agricole. Elle a pas été mal appliquée mais la loi ne prévoyait pas qu’elle s’applique pour un ensemble de municipalités“

Accaparement des terres : vers un plafond pour les fonds d’investissement
Mme Marois a dit travailler avec son gouvernement pour conserver les terres agricoles dans les mains des producteurs québécois. “Le secteur agroalimentaire c’est 7 % de notre PIB et des milliers d’emplois et on va travailler de concert avec L’UPA. Il n’y a pas de solution facile face à l’accaparement des terres. On pourrait plafonner les volumes d’hectares qui pourraient être possédés par des fonds. Mais il n’y a pas de solution facile car on est dans un libre-marché“, a-t-elle dit !
Groleau en faveur de la marijuana ?
Que pense Mme Marois de légaliser la marijuana pour récupérer une économie de 300 millions pour le Québec ? “C’est pas au programme moi je vais m’occuper d’Anticosti“ M. Groleau : “Nous on est ouvert à toute nouvelle production“. Et le journaliste à l’origine de la question insiste pour lui demander si c’est sérieux : “ Absolument de répondre M. Groleau. Car si c’est encadré, naturellement que les producteurs du Québec sont capables. Il s’en produit déjà sur leurs terres.“ Toutefois Marcel Groleau précise ne pas avoir reçu d’appels de producteurs intimidés ayant souhaité se libérer du joug de la mafia. “ Mais c’est sûr, si la loi change, le Québec va s’ajuster et les producteurs également“ de dire le président de L’UPA
Faudra-t-il un jour recenser le nombre de terres agricoles au Québec achetées par des compagnies à numéro au profit du crime organisé pour des productions pour le moment encore hors-la-loi ?
Marcel Groleau a conclu la rencontre de presse avec le vœu de L’UPA pour le prochain gouvernement quel qu’il soit :“Qu’il s’assure que les programmes de gestion des risques vont permettre aux producteurs de continuer d’investir et de participer à la demande de la croissance alimentaire.“

Rien sur le monopole, rien sur Garon, rien sur PKP
À aucun moment dans les échanges il n’aura été question d’un référendum éventuel… sur le maintien ou non du monopole syndical pourtant souhaité par plusieurs producteurs. Aucune question non plus sur l’entrée de Pierre-Karl Péladeau en politique et son avis sur le monopole syndical, aucune référence non plus à l’ancien ministre de l’agriculture, Jean Garon (sorti de sa réserve ces jours-ci pour venir avec onze autres personnalités du Parti québécois en soutien à la candidature vedette de Pierre-Karl Péladeau) qui tout au long de son livre édité le printemps dernier par La Vie Agricole et VLB éditions, explique sa recette pour développer une véritable politique de souveraineté alimentaire qui passerait par le maintien des sièges sociaux des compagnies de distribution alimentaire au Québec, chose perdue depuis plus d’une décennie.

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