Lise Ravary et Benoit Girouard tous deux chroniqueurs-blogueurs au Journal de Montréal et transmetteurs d’opinions existantes au sein de la population ont, tous les deux au cours du mois de Mai, fait état du questionnement actuel sur la fin éventuel du monopole syndical dans le domaine de l’agriculture du Québec. Sujet rarement abordé dans les médias généralistes, il semble que cette situation très particulière rattachée à une loi de 1972 fait de plus en plus débat.
“Libérez-nous de L’UPA“, Lise Rivary
Lise Ravary le 14 mai dernier signait une chronique dans le Journal de Montréal intitulée : “ Libérez-nous de l’UPA!“. Elle s’inquiétait du transfert d’expertise de l’État québécois au profit d’un monopole syndical en agriculture qu’elle juge aussi désastreux que le transfert d’expertise du ministère des Transports aux firmes d’ingénierie, tel que mis en lumière en ce moment par la Commission Charbonneau !
Elle écrit : “L’UPA est un état dans l’État“. Et elle évoque L’UPA en le comparant à “Un lobby de l’agriculture industrielle, écraseur de petits producteurs indépendants, fossoyeur de diversité et d’originalité dans la production, défenseur de l’immobilisme, monopole opaque, hostile, fermé à toute réforme qui lui retirerait ne serait-ce qu’une partie de son immense pouvoir“.
Et elle ajoute : “Savez-vous qu’il est impossible d’obtenir une simple liste des agriculteurs du Québec ? Seule l’UPA y a accès.“ Elle s’étonne dans ses colonnes que tous les agriculteurs doivent payer une cotisation à l’UPA, pour recevoir le remboursement de taxes foncières auxquels ils ont droit. Elle va jusqu’à prétendre que “Le ministère de l’Agriculture ne serait plus qu’une coquille vidée non seulement de son expertise mais aussi de son pouvoir décisionnel“. Elle rappelle qu’économistes de droite comme de gauche réclament une réforme du monopole de L’UPA.
Le courage de Couillard ?
Et elle questionne : “Le gouvernement Couillard aura-t-il le courage de tenir tête à ce puissant lobby industriel ? De placer les intérêts des consommateurs et ultimement des agriculteurs, avant ceux d’un syndicat ?“
L’UPA coupé de sa base ?
Benoit Girouard en rajoutait le 23 mai dernier. Dans son propre blog publié aussi au Journal de Montréal. Il écrit : “L’UPA écoute mais n’entend plus“ rappelant que le principal problème de ce syndicat est qu’il s’est coupé de sa base, ce que plusieurs articles publiés dans La Vie Agricole ont pu effectivement démontrer en présentant des témoignages de différents et nombreux producteurs qui se tournent vers la seule publication libre et indépendante pour se faire entendre.
Girouard rapporte le contenu d’une analyse syndicale interne de 2001, dans laquelle plus d’une vingtaine de présidents et présidentes des syndicats de base de la région de Québec(1) s’exprimaient de façon claire: «En défendant les intérêts des agriculteurs, ils considèrent ne plus pouvoir convaincre les instances supérieures, en particulier la Confédération parce qu’ils ont la ferme conviction que l’UPA écoute, mais n’entend plus ses agriculteurs et que l’UPA n’est plus représentée par l’ensemble des agriculteurs.»
Source (1): UPA, analyse suite aux rencontres des présidents des syndicats de base de trois fédérations de la région de Québec, octobre 2001