Déjà trop d’État pour en remettre une couche

La Vie Agricole a mis la main sur une étude, produite par Partenaires Agricoles, qui conclut qu’une SADAQ ne règlerait en rien la problématique de la relève agricole et de la pérennité de la culture des terres agricoles. Cette étude fait aussi état de coûts faramineux qui seraient engendrés par la création d’un organisme de type SADAQ. Tout au long du document Partenaires Agricoles démonte les arguments de l’IREC et donc de l’UPA.

Fausse alerte de L’IREC et coûts astronomiques !

L’étude en question met la problématique en situation. L’Institut en recherche économique contemporaine (IREC)  a proposé ces dernières années la formation d’une SADAQ (Société d’aménagement et de développement agricole du Québec) parce qu’il y aurait au Québec, selon l’IREC, une ruée vers l’achat de terres agricoles provoquée par des Fonds d’Investissements québécois ou étrangers.

L’étude du groupe Partenaires Agricoles détaille la composition de la SADAQ telle que souhaitée par l’IREC et soutenue par L’UPA. Le document répertorie une dizaine de services qui seraient implantés si le gouvernement allait de l’avant: une chambre de compensation, deux banques de statistiques (terres et données), deux bureaux ( enregistrement et veille stratégique), deux paliers de directions (national et régional), un comité consultatif, quatre fonds (acquisitions, développement, fonctionnement et développement agricole), deux garanties gouvernementales (sur les produits financiers et sur les prêts) et un avantage fiscal pour les investisseurs. Toute une panoplie de services qui coûteront chers aux citoyens selon l’étude pour le moment restée secrète.

Évitons un nouveau massacre des fonds publics

Il y est écrit : “ Il faut réaliser qu’on a plus les moyens de la gratuité des structures gouvernementales notamment comme celle qui est proposée par L’IREC et qu’on ne peut plus accumuler des dettes.(…) Évitons un nouveau massacre des fonds publics et aux périls financiers associés à la mise en opération de telles structures proposées par L’IREC.`

Une étude qui discrédite le discours de l’accaparement

L’étude sur laquelle La Vie Agricole a mis la main prétend au contraire qu’il n’y a pas de problématique dans l’achat des terres au Québec. On peut y lire : “On crée un alors un problème, là où il n’y en a pas. Pourquoi ne pas embellir la belle et noble fonction de producteur-productrice au lieu de diviser les intervenants soucieux de l’agroalimentaire.(…) L’ampleur du phénomène décrite par certains est surtout de nature politique partisane, selon nos connaissances et nos sources actuelles.“

Pourquoi ne pas embellir la belle et noble fonction de producteur-productrice

Le regroupement Partenaires Agricoles s’inquiète plutôt du vieillissement de la population et donc du manque de relève. La population âgée de 80 ans et plus pourrait quadrupler d’ici à 2046 et ce sont des propriétaires âgés qui détiennent actuellement les exploitations agricoles. Le regroupement de Clément C. Gagnon préconise plutôt un accompagnement financier des plus jeunes plutôt que : “ La bureaucratie récurrente et la tyrannie du court terme pour les producteurs agricoles qui souhaitent vendre leurs terres.“ D’ailleurs l’étude précise :“ Quel est le problème à chercher des investissements sûrs et rentables, pour assurer la pérennité des cultures et de nos terres agricoles. C’est même là l’une des premières conditions d’une agriculture rentable, être bien capitalisée.“ Le document  déboulonne les arguments de L’IREC en spécifiant que l’agriculture au Québec se distingue mondialement avec ses 84 % de terres propriété des agriculteurs. Une spécificité qu’aucun autre endroit au monde ne réussit à maintenir.

Des changements à prendre en compte

Le document de Partenaires Agricoles spécifie que l’agriculture n’échappe pas à une transformation de facto liée à la croissance de la population, la consommation et l’urbanisation qui vont infliger selon L’ONU et Ouranos (Consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques) des dégâts irréversibles à la planète. L’organisation mondiale prévoit que les problèmes agricoles vont se multiplier et Partenaires Agricoles dans ces conditions ne comprend pas pourquoi dans ce contexte on demanderait aux mieux nantis de s’éloigner des terres agricoles.

Quitter le modèle des années 50 ?

L’étude en question estime que L’IREC idolâtre les années 50 pour contrer le manque actuel de relève. Partenaires Agricoles rappelle qu’au début des années 2000, on comptait 13 475 jeunes en agriculture soit un de 35 ans pour un de 55 ans. En 2011, ils n’étaient plus que 4 775 jeunes soit un de 35 ans pour trois de 55 ans. On ne peut plus selon Partenaires Agricoles raisonner comme il y a 50 ans ou 60 ans !

Le Québec très bien équipé pour contrer la spéculation ?

L’étude rappelle que le Québec, dans son cadre législatif (Loi sur l’acquisition des terres agricoles par des non-résidents et Loi de la Commission de protection du territoire agricole), est le mieux outillé au monde pour limiter la demande spéculative associée au dézonage potentiel et pour limiter l’achat de terres par des étrangers. L’étude réalisée par Partenaires Agricoles voit comme résultante des envies de L’IREC et de L’UPA, la formation de fermes d’État. Selon Partenaires Agricoles, il faut plutôt soutenir la relève en leur facilitant l’accès à des leviers de financement.

Le soutien à l’investissement plutôt que des fermes d’État

L’étude donne l’exemple proposé par l’IREC où un acheteur veut vendre à une SADAQ. Celle-ci ferait une offre sur la base de l’estimation de la valeur du marché. Le vendeur ne pourrait donc qu’accepter l’offre ou se retirer du marché. La conclusion de l’étude questionne à savoir si l’on souhaite que l’État intervienne dans une transaction actuellement libre ? L’idée même d’une SADAQ ( sur la modèle français de la SAFER) donnerait le pouvoir à l’organisation qui la gèrerait de devenir à la fois évaluateur immobilier et acheteur des terres. Un conflit d’intérêt évident, de conclure Partenaires Agricoles.

Ne copions pas Cuba et l’Union soviétique !

Selon l’étude que nous avons pu lire, si Québec veut assurer la pérennité des fermes, il lui faut une politique valorisant l’investissement afin de moderniser les bâtiments, une politique pour répondre aux normes du bien-être animal, une politique efficace de filet de sécurité pour la relève afin d’apporter du sang neuf, une politique pour accéder aux tablettes des chaines d’alimentation, une politique d’accès aux marchés internationaux. Il est clair que le groupe Partenaires Agricoles entend défendre le libre-choix et l’accompagnement de l’entrepreneur agriculteur plutôt que la création de structures ramenant les producteurs dans une dépendance aux mamelles de l’État.“ Les fermes d’État, historiquement, n’ont jamais eu de succès. Rappelons-nous les cas de la Russie, de Cuba“ d’expliquer le groupe de M.Gagnon comparant les leaders radicaux actuels de l’UPA au capitaine du Titanic. 

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