Libérez le sirop

«La domination québécoise dans le sirop d'érable est en péril et la Fédération des producteurs de sirop d'érable du Québec (FPAQ) en est la grande responsable.» C'est en ces termes que s'est exprimé hier auprès de La Vie Agricole, le président de l'Union paysanne, Benoit Girouard. Il réagissait à la lecture de l'article «Mise en marché collective du sirop sous surveillance» parue sur le site web de la Terre de Chez Nous de vendredi dernier. Et si le sirop d’érable du Québec n’était plus la référence ?

Une fédération irresponsable et un régime totalitaire ?

L'article en question, paru dans La Terre de chez nous, souligne que la FPAQ va, en 2015,  intensifier ses poursuites contre des producteurs acéricoles qu'elle accuse de contourner le système de mise en marché collective. L'Union paysanne dénonce cette vendetta qui se poursuit, selon elle, depuis plus de 10 ans. “Les producteurs ciblés sont des entrepreneurs, étouffés dans le cartel légalisé que la fédération a établi autour du sirop d'érable québécois“, de dire l’Union paysanne. Pour Benoit Girouard, la mise en marché collective pratiquée par les fédérations de l'UPA n'a rien à envier aux régimes totalitaires.

L'Union paysanne dit avoir alarmé la FPAQ dès 2005 des erreurs commises dans son fonctionnement : “Dès l'instauration des quotas de production par la FPAQ, nous avions annoncé que le Québec allait perdre tranquillement sa domination sur le marché mondial. Eh bien le rapport de la firme Forest Lavoie, dévoilé récemment et commandé par la Fédération elle-même, confirme les dires de l'Union paysanne“, déclare Benoit Girouard

Chute des parts de marchés pour le Québec

Le rapport évoque des parts de marchés dans le monde, passées de 78% sur la période 2002 à 2006 à 69% pour la période 2010 à 2013. L’Union paysanne semble regretter le maintien d’un système de quota qui aurait restreint le développement de centaines d'entre eux. Le rapport Forest Lavoie, rappelle les dirigeants de l’Union paysanne, témoigne des réalités du marché de façon nette : «…le Québec dépend beaucoup des marchés d’exportation dans la mesure où environ 85 % de la production acéricole québécoise est écoulée sur ces marchés (États-Unis et autres pays). Bien que les États-Unis représentent la part du lion des exportations acéricoles québécoises (et canadiennes), les volumes de produits acéricoles exportés vers ce pays sont en stagnation depuis 2007. »

Fort potentiel américain

Pour l’Union paysanne, les acériculteurs québécois sont piégés avec d'un côté l'incapacité de développer leur entreprise à armes égales avec les états voisins et de l'autre la dure réalité que les États-Unis possèdent près de la moitié des entailles potentielles exploitables à court terme de l'Amérique du Nord. Ils en exploiteraient seulement 6 % actuellement selon le rapport Forest-Lavoie.

L’Union paysanne où on ne l’attendait pas !

Selon L’Union paysanne, “Pour ajouter aux erreurs économiques de base, la FPAQ a bâti autour du sirop d'érable une administration à laquelle se rattachent une série de prélevés syndicaux, de frais de mise en marché et de gestion faisant artificiellement augmenter le coût de production du sirop d'érable québécois“. L’organisation présidée par Benoit Girouard qui avait récemment déjà fait une sortie en faveur de l’assouplissement de la gestion de l’offre, se positionne ainsi clairement en faveur du libre-marché en rappelant que les producteurs acéricoles des états voisins n'ont pas à supporter le système de quota “à la québécoise“. Il précise que son organisation  dévoilera sous peu une plus large stratégie afin de permettre au secteur acéricole de souffler. L’Union paysanne souvent perçue comme une organisation plutôt de gauche serait-elle en train de rejoindre les idéaux du libre-échange et se placer différemment sur l’échiquier politique ? “ Nous ne sommes pas libre-échangistes, nous sommes pour le commerce équitable et là il n'y a pas d'équité, c'est de la folie.“de dire Benoit Girouard.

Chose certaine, Benoit Girouard ne comprend pas l’entêtement de la FPAQ à poursuivre des producteurs qu’il qualifie d’entrepreneurs sauveurs de l'acériculture du Québec. Il déclare : “La FPAQ devra un jour être jugée pour avoir conduit l'acériculture du Québec dans un cul-de-sac“.

 

 

 

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