Peu d’engagements

Cas classique en période pré-électorale, le dernier budget fédéral présenté par le ministre des Finances Joe Oliver offre à l’industrie agricole quelques bonbons sans toutefois investir de manière conséquente dans des mesures structurantes pour le secteur. À l’heure où l’industrie fait face à des défis majeurs, le budget Oliver déçoit par son manque de vision à long terme.

Soulignons tout de même deux mesures dont bénéficieront les exploitants agricoles québécois. D’abord la réduction du taux d’imposition aux petites entreprises, qui est ramené de 11% à 9%. Cela permettra aux entreprises agricoles de libérer une petite marge de liquidité supplémentaire. D’autre part, le gouvernement canadien a bonifié le budget consacré à la promotion des produits agroalimentaires à l’étranger à hauteur de 30 millions $ sur deux ans, s’ajoutant aux 68 millions $ qui lui est destiné annuellement. Ce sont là deux pas dans la bonne direction, mais extrêmement modestes compte tenu que les dépenses du gouvernement fédéral (avant service de la dette) sont de 300 milliards $. Autant dire que ces quelques dizaines de millions $ consacrés à l’industrie agroalimentaire représentent une goutte d’eau dans l’océan du budget canadien.

Mais beaucoup plus préoccupante est l’absence de vision du budget Oliver en matière agricole. Notamment, ces deux mesures ne constituent pas des avancées marquées en termes de politiques publiques structurantes. Si la réduction du taux d’imposition sera saluée par les propriétaires d’entreprises agroalimentaires, elles ne seront salutaires que lorsqu’elles seront en bonne condition financière. Or, comme on le sait, elles ont besoin surtout d’être assurées que les programmes de stabilisation soient bonifiés.

De la même manière, les 15 millions $ par année pour favoriser la promotion internationale des produits agroalimentaires canadiens, compte tenu de la très grande diversité de la production n’aura que très peu d’impact à long terme – d’autant plus que cette bonification n’est prévue que pour deux ans. De toutes les manières, en comparaison des dizaines de milliards qu’investissent les Européens ou les Américains en promotion de leurs produits agroalimentaires, l’effort canadien semble tout à fait dérisoire. D’autant qu’à l’heure d’une mondialisation accélérée et à la signature de traités de libre-échange dits de « deuxième génération », il importe de faire la promotion des produits agroalimentaires à valeur ajoutée sur les marchés internationaux, là où les producteurs québécois ont beaucoup à offrir et à gagner.

Finalement, très peu est offert dans ce budget aux transferts de fermes et aux successions intergénérationnels, problème épineux s’il en est, particulièrement pour les producteurs agricoles du Québec. Si le Canada désire véritablement assurer la pérennité de son industrie agroalimentaire, elle devrait mettre les bouchées doubles sur cette question. Malheureusement, le dernier budget fédéral offre peu de perspective à long terme pour les entreprises de l’industrie.

 

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