La crise du beurre s’accentue ! Perte d’emplois en vue au Québec et au Canada !

NDLR :Le lait est constitué principalement de lactose, de gras, de protéines et d'eau. Son prix est en chute libre en raison d'importations massives de protéines laitières des États-Unis par des transformateurs canadiens. Plus on importe de protéines étrangères pour mettre dans les fromages et yogourts d'ici, moins on a besoin de produire du lait  ici donc moins on dispose de gras pour faire du beurre. Il faut savoir qu’il est trop coûteux de faire du lait juste pour faire du beurre. La valeur marchande des protéines laitières d’ici baisse en raison de l’importation de protéines étrangères, d’où un moins bon prix payé au producteur pour son lait.

Au final les industriels augmentent leur importation de beurre pour répondre à leur besoin de gras qu’on ne trouve plus ici. Et encore une fois, plus on importe de beurre, plus le prix du lait acheté au producteur baisse. Puisqu’on ne peut pas produire du lait que pour faire du beurre, c'est donc une réaction en chaine: plus d'importation de protéines laitières, c’est moins de beurre canadien, c’est plus de beurre en provenance de l'étranger, c’est moins d'intérêt à produire ici. Une industrie de pâtisserie ou de crème par exemple n'a-t-elle pas plus d'avantages à faire toute sa production à l'étranger puis à transporter le produit fini ici contournant ainsi légalement la gestion de l'offre? Avec la crise du lait et la crise du beurre, les producteurs laitiers ne sont plus les seuls à s'inquiéter, les industriels aussi craignent des pertes d'emplois dès octobre !

(SB) Émoi et inquiétudes chez les industriels de l’alimentation qui utilisent beaucoup de beurre, les pâtisseries, biscuiteries et autres viennoiseries : les stocks de beurre au Canada sont à un creux historique alors que la demande est plus forte que  jamais, au point où plusieurs d’entre eux, craignent de devoir mettre à pied du personnel.

Cette rareté s’explique par un double phénomène : d’une part, la demande des consommateurs pour le beurre est actuellement en hausse d’environ 3% par année  et, d’autre part, les importations de protéines laitières américaines à bas prix par les grands industriels laitiers ont presque doublé depuis l’an dernier.

Ces protéines sous forme liquide échappent pour le moment aux tarifs douaniers qui protègent la production laitière canadienne, d’où l’engouement à leur endroit de la part des Agropur, Parmalat et Saputo de ce monde. Or, pour faire du fromage, des yogourts ou de la crème glacée à partir de ce produit, il faut de la matière grasse de lait, beaucoup de matière grasse.

Panique à partir d’octobre chez les industriels ?

Ainsi, Parmalat, le plus grand producteur de beurre industriel au Canada, ne répondra plus aux commandes de l’industrie à partir du mois d’octobre, ayant besoin de toute sa matière grasse pour ses propres besoins. L’autre joueur important, Agropur, est dans la même situation, ce qui laisse à toute fin pratique les seuls stocks de la Commission canadienne du lait pour répondre aux besoins du secteur de la pâtisserie et de la biscuiterie. Ces stocks de beurre industriel en boîte de 25 kilos sont au plus bas, d’où l’inquiétude de l’industrie.

Selon un observateur bien au fait de la situation qui désire garder l’anonymat, les principaux utilisateurs québécois de beurre industriel tels Les Biscuits Leclerc de Québec et le fabricant de croissants Bridor de Boucherville sont pour le moment à l’abri de la pénurie ayant pris soin de se constituer des réserves mais, ce n’est pas nécessairement le cas des plus petits joueurs. Si la rareté se maintient encore quelques mois, il est certain qu’il y aura des pertes d’emplois au Québec et en Ontario. Or, notre source ne prévoit pas d’embellie.

La CCL optimiste malgré tout

Ce diagnostic n’est pas partagé par le directeur général de la Commission canadienne du lait (CCL), M. Jacques Laforge.  S’il est vrai que les stocks de beurre servant à équilibrer le marché sont au plus bas, la CCL suit la situation de près et pourrait intervenir au besoin en augmentant ses achats sur le marché international.

Le problème reconnaît M.Laforge est que bien des sur-transformateurs exigent du beurre canadien.  De plus, toute augmentation des importations de produits laitiers est très mal perçue par les producteurs canadiens. Néanmoins, il dit ne pas s’inquiéter pour les emplois dans le secteur.

De la crise du lait à la crise beurre, panique financière à la ferme !

Il s’agit d’un nouveau développement dans ce qu’on peut qualifier de crise du beurre.  La demande sans précédent pour la matière grasse de lait a paradoxalement entraîné sous les 70$ l’hectolitre le prix que les producteurs laitiers québécois reçoivent. À ce niveau, plusieurs producteurs n’arrivent tout simplement plus à faire leurs paiements à la banque.

Comment une hausse de la demande peut-elle provoquer une telle chute des prix? C’est que le lait qui sert à faire du beurre est payé beaucoup moins cher que le lait que l’on boit, actuellement 35 $ l’hectolitre comparativement à plus de 80$. Et le sous-produit de la fabrication du beurre, la poudre de lait écrémée, vaut encore moins cher, surproduction mondiale oblige. Plus on produit de beurre au Québec, moins est élevée la «paye de lait» mensuelle des producteurs.

Ces derniers comptent sur la rentrée et la hausse habituelle de la consommation de produits frais qui l’accompagne pour redresser la situation. Cependant, selon plusieurs observateurs, les causes profondes de la crise demeurent et la pression sur les prix est là pour rester.

 

 

 

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