NDLR : Alors que le ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) Marcel Groleau, le premier vice-président de La Coop fédérée, Ghislain Gervais, et le vice-président d'Agropur coopérative, René Moreau, sortaient en conférence de presse cet après-midi au siège de l’UPA à Longueil, pour demander au gouvernement Harper de respecter ses engagements et de protéger intégralement la gestion de l'offre dans le Partenariat TransPacifique (PTP), qui parle vraiment de l’étude d’Agropur publiée cet été ? Cette étude fait état d’une situation catastrophique pour le Québec si on devait se retrouver sans gestion de l’offre au Canada. La filière agroalimentaire québécoise réagit très fortement à l'information, pourtant démentie par le Fédéral, selon laquelle le Canada s'apprêterait à faire aux Américains une concession de 10 % du marché canadien des produits laitiers dans le cadre des négociations du PTP. Selon l’UPA, le coup pourrait être fatal pour le système de gestion de l’offre, qui, dit-il, assure aux Canadiens un approvisionnement local de produits de grande qualité, semblant oublier l’invasion de protéines laitières made in USA. La Vie agricole vous dévoile au cours des prochains jours et des prochaines semaines le détail de l’étude tenue secrète par l’ensemble des décideurs du secteur.
Un trou de 3,5 milliards dans le PIB canadien
5 000 fermes laitières de moins, dont 3 000 au Québec seulement, 24 000 emplois directs envolés en fumée et un trou de 3,5 milliards de dollars dans le PIB canadien.
C’est le coût d’une fin abrupte de la gestion de l’offre dans le secteur laitier au Canada selon un grand cabinet d’études stratégiques, le Boston Consulting Group, mandaté par la coopérative Agropur pour se pencher sur la question.
Trois gros chiffres qui ont fait la manchette au cours de l’été mais qui ne disent pas tout. Ils ne sont que la partie la plus spectaculaire d’une étude dont la lecture devrait s’imposer à tous ceux qui croient à la gestion de l’offre. Et cette lecture donne froid dans le dos.
Certes, le scénario utilisé par le Boston consulting group est celui du pire, c’est-à-dire l’ouverture totale des frontières aux produits laitiers américains sans période de transition ni mesure de compensation. Il ne se réalisera pas comme tel mais, au moment où le Canada se prépare à faire des concessions majeures dans le cadre du Partenariat transpacifique, l’étude commandée par Agropur annonce la mort lente mais inexorable de la ferme laitière moyenne au Québec et du modèle rural qui vient avec.
Un million de vaches américaines “boostées“ à 250 km de la frontière
Quelques exemples : il y a près d’un million de vaches américaines à moins de 250 kilomètres d’une usine laitière canadienne dont un nombre croissant dans des fermes géantes de 1000 vaches et plus. Ces vaches sont jusqu’à 20% plus productives que leurs vis-vis québécoises, essentiellement à cause de la somatropine, une hormone de croissance interdite ici et largement utilisée là-bas. Malgré un dollar canadien à 75 sous US, le coût de production dans ces fermes géantes est jusqu’à 30% moindre que dans la ferme moyenne québécoise de soixante vaches.
Un silence étonnant
Il est étonnant que les leaders de la lutte en faveur du maintien intégral de la gestion de l’offre ne se soient pas emparé plus à fond de cette étude. Plusieurs mythes concernant les effets merveilleux de la déréglementation du secteur laitier y sont démolis, notamment celui du transfert aux consommateurs de la baisse inévitable du prix du lait à la ferme. Surtout, l’analyse de la menace américaine qui y est effectuée devrait normalement commander l’élaboration d’un plan B pour sauver la ferme laitière québécoise moyenne, plan B dont le ministre Pierre Paradis ne veut pas entendre parler.
Ayant obtenu une copie de l’étude du Boston Consulting Group, la Vie Agricole entend en présenter les principaux aspects au cours des prochaines semaines, dans l’espoir d’alimenter le débat.
Que s’est-il passé dans tous ces pays qui ont vécu une déréglementation du secteur laitier avant le Canada, que ce soit l’Australie, la Suisse, la Grande-Bretagne ou l’Union européenne? Quel est le coût de production du lait en Nouvelle-Zélande, le champion mondial toute catégorie avec lequel il faudra compétionner? Quel est le niveau de subvention dont bénéficient les producteurs laitiers européens qui pourront exporter au Canada 17 700 tonnes de fromage de plus sans droit de douanes? Voilà autant de questions auxquelles l’étude du Boston Consulting Group répond et dont nous partagerons les réponses avec vous.
À suivre