« Un lieu de débats », c'est par ces mots que M. Jean Pronovost a présenté l'Institut Jean-Garon, dont il est le président, en ajoutant que le but « n'est pas de faire de la recherche et de se substituer aux universités et centres de recherche ». L’UPA n’apprécie guère la démarche.
L'Institut, dont la création a été annoncée en décembre, « entend devenir le carrefour de choix où se rencontreront, au-delà des intérêts particuliers, tous les Québécois qui ont à cœur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire et qui sont prêts à y contribuer ». M. Pronovost a aussi précisé que « l'Institut est non partisan et indépendant de tout intérêt particulier ou politique ». « Un lieu où on forgera des orientations et des consensus » a-t-il ajouté.
Quatre thèmes retiendront l'attention en premier : la gestion de l'offre, la définition et le rôle de la ferme familiale, les enjeux de gouvernance dans le monde agricole et la sous-utilisation du territoire agricole.
L'Institut porte le nom de Jean Garon, le ministre qui a profondément marqué le monde de l'agriculture, a été lancé officiellement exactement 38 ans après l'adoption de la Loi sur la protection du territoire agricole. «La création de l'institut qui porte maintenant son nom veut, bien sûr, lui rendre hommage. Mais elle veut d'abord et surtout perpétuer l'esprit qui l'animait ». Judi et Emmanuel Garon, l'épouse et le frère du ministre défunt font partie du conseil d'administration ainsi que M. Simon Bégin son ancien attaché politique. Les instigateurs du projet, MM Guy Duval, Yan Turmine et Yannick Patelli tous du journal La Vie agricole font aussi partie de ce conseil d’administration.
Plusieurs députés étaient présents : François Gendron, ancien ministre de l'Agriculture et André Villeneuve du Parti Québécois, Sylvie D'amours et Lise Lavallée de la Coalition Avenir Québec et Norbert Morin du Parti libéral. M. Morin, au nom du ministre Pierre Paradis, a remis un chèque de 50 000$ au président de l'Institut pour appuyer le développement de l’organisme.
Le président du groupe, M. Pronovost a consacré sa vie au service public en occupant plusieurs postes de sous-ministre entre 1980 et 2005. De 2006 à 2008, il a présidé la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois. Plus récemment il a produit un rapport sur la relève agricole.
Des parrains de prestige
M. Pronovost a annoncé que l'Institut avait mis sur pied un Comité des parrains d'honneur « afin de bien définir les débats les plus importants et les ancrer au cœur même des enjeux les plus actuels. Même s'ils ne partagent pas nécessairement les mêmes points de vue « ils partagent la même passion et le même engagement » a-t-il ajouté.
Parmi les parrains, notons les doyens des facultés des sciences de l'Agriculture de McGill, Mme Anja Geitmann, M. Jean-Claude Dufour de l'Université Laval et Sylvain Charlebois de l'Université de Dalhousie. Du monde des affaires : M. Claude Béland ex-président du Mouvement Desjardins et Jean-Pierre Léger de la Fondation Saint-Hubert.
La liste comprend aussi M. Jacques Proulx, ex-président de l'UPA, Pierre Bouchard ex-hockeyeur et producteur de grandes cultures, Mathieu Bock-Côté docteur en sociologie, auteur et chroniqueur, Laure Waridel du CIRODD et cofondatrice d'Équiterre, etc.
Un livre pour partir le débat…
À l'occasion de son lancement, l'institut a décidé d'appuyer le livre UNE CRISE AGRICOLE AU QUÉBEC / Vers la fin des fermes laitières traditionnelles au Québec ?
Un des auteurs du livre, l'éditeur de La Vie agricole, Yannick Patelli a tenu à préciser : «Le livre n’est pas un produit de l’Institut, mais bien une coédition privée de VLB Éditeur et La Vie agricole, mais il s’inscrit dans la démarche d’initier des débats ce qui correspond à l’une des missions que s’est donnée L’institut Jean-Garon, et c’est donc tout naturellement en ce sens que Jean Pronovost, président de l’Institut Jean-Garon, a accepté de signer la préface du livre: UNE CRISE AGRICOLE AU QUÉBEC, vers la fin des fermes laitières traditionnelles ?»
De plus, ajoute M. Patelli « il faut bien comprendre que celui-ci (l'Institut Jean-Garon) a été initié sur l’impulsion de membres du journal La Vie agricole dans lequel M.Garon a été chroniqueur les quatre dernières années de sa vie, mais aussi avec des membres de la famille Garon ( sa femme et son frère) et son plus proche collaborateur, Simon Bégin. C’est aussi parce que nous avons tous la même ambition de promouvoir les réalisations du plus grand ministre de l’Agriculture que le Québec ait connu à ce jour, mais aussi pour perpétuer son intérêt pour le débat que nous oeuvrons au sein du conseil d’administration.»
L’UPA ne se présente pas au lancement mais réagit sur les réseaux sociaux
L'Union des producteurs agricoles (UPA), au même titre que l’Union paysanne (UP) et le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) a été invitée à la campagne de pré-financement de cet institut et invitée à rencontrer les instigateurs avant le lancement. Elle a choisi de ne pas couvrir l’évènement avec son journal syndical, La Terre de chez nous, se contentant d'utiliser Twitter pour réagir. (Voir les tweets ci-joints).