«La prochaine crise sera pire encore que celle de 2008.» C’est ce qu’estimait la semaine passés dans le quotidien français Libération. Jean-Michel Naulot, ex-banquier et ancien régulateur à l’Autorité des marchés financiers.
L’homme qui a été banquier, puis régulateur à l’Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Michel Naulot a une connaissance accomplie de la finance et il est catégorique : «Une nouvelle crise financière menace d’éclater.» vient de publier Libération.
Pour lui, derrière l’hypertrophie de la finance, il existe une autre menace, «celle de l’idéologie de ces dirigeants qui ne veulent pas reconnaître leurs erreurs (…)plus ils maintiendront le cap d’une déréglementation financière à marche forcée, plus ils feront monter les populismes.» évoque-t-il dans son livre édité au Seuil : Eviter l’effondrement.
Il estime que la crise de 2008 n’a été qu’un aperçu de ce que nous pourrions vivre alors que «la finance en faillite a fait sombrer l’économie mondiale, exploser les inégalités, bondir la dette publique et disparaître la confiance.».
Il critique les dirigeants occidentaux qui «nous ont vendu voici trente ans le rêve du tout-libéral qui dope la croissance ! Ce rêve n’était qu’une chimère, comme l’était un fédéralisme européen reposant sur la monnaie unique.»
Il persiste et signe, sans examen de conscience des dirigeants : « Les risques d’un véritable effondrement sont là.»
Le système libéral serait à bout de souffle.
Il précise que selon le prix Nobel, Joseph Stiglitz, les salaires réels des classes moyennes américaines n’ont pas bougé depuis les années 90. Une petite minorité capte la plus grande partie des richesses. Les États-Unis comptent 3,5 millions d’enfants qui dorment dans la rue et 15 % des Américains se nourrissent avec des bons alimentaires.
Il ajoute : «Le jour où les investisseurs prendront conscience de l’importance de cette dette mondiale, l’effondrement sera là. C’est pour cela que nous devrions tout faire pour encadrer la finance.»
Il évoque l’incertitude face à un Donald Trump «imprévisible». «Il est totalement imprévisible, ce que détestent les marchés financiers. Mais aussi parce que déréglementer la finance et baisser massivement les impôts risque d’aggraver les déséquilibres américains et de faire flamber les taux d’intérêt.»,précise-t-il au journal Libération.
Pourquoi l’euro est hors-jeu selon lui !
Il évoque alors l’Italie, un pays décrit comme incapable de mener une politique monétaire efficace en zone euro : «un même taux d’intérêt pour des pays aussi différents n’a pas de sens. Le taux d’inflation allemand, proche de 2 %, exigerait que la BCE mette un terme à sa politique monétaire du quantitative easing, qui consiste à injecter des liquidités dans les rouages de l’économie européenne comme si tous les pays de la zone euro étaient dans la même situation. Or, l’Italie, en mal de croissance et donc avec une inflation proche de zéro, exigerait au contraire de poursuivre cette politique ! Pour sauver la zone euro, les banques centrales nationales et les banques commerciales du Sud, grâce au taux zéro de la BCE, ont massivement acheté de la dette publique, ce qui a permis d’éviter la hausse des taux italiens. Lorsque cette politique s’arrêtera, la hausse des taux italiens peut provoquer une nouvelle crise. Imaginez-vous que l’Allemagne acceptera alors un plan de sauvetage, très coûteux, pour l’Italie ? Imaginez-vous que l’Italie puisse accepter une mise sous tutelle à l’image de la Grèce ? C’est impossible ! L’exemple italien est triste et dramatique : le PIB est au même niveau qu’au moment de la création de l’euro, et la production industrielle a chuté de 20 % !» a-t-il conclu lors de son entretien avec Libération.