Au-delà des vieux clichés sur la gestion de l’offre

Les récents commentaires sur la gestion de l’offre et en particulier ceux de Sylvain Charlebois  et d’Alain Dubuc dans La Presse et la déclaration récente de Brian Mulroney laissent  penser que l’icône d’antan perd de son lustre. 

Sylvain Charlebois est un sonneur d’alarme qui devrait être écouté attentivement par tous ceux qui vivent de la gestion de l’offre. Il a des choses à dire que personne d’autre ne vous dira même si ce n’est pas toujours agréable à entendre. Toutefois, on tend à mettre trop d’emphase sur son côté négatif et le tout laisse une mauvaise impression. On doit se demander si l’opinion publique n’est pas en train de tourner.

Si on tombe en défaveur du public, souvent les mêmes attributs qui étaient perçus comme une qualité au début se transforment en défauts. Les mêmes qualités qui ont été les motifs  de l’embauche d’un entraîneur de hockey deviennent des défauts majeurs  dès que l’équipe perd.

Cette réaction populaire ne sert pas l’intérêt public. Il ne faut quand même pas exagérer. Ce ne sont pas uniquement les producteurs qui profitent de la gestion de l’offre

Il y a les transformateurs aussi et plus ils sont gros plus elle leur est profitable. Quand on limite la concurrence, les gros se portent toujours bien. Pour eux, la gestion de l’offre est un frein à la concurrence et empêche les assauts potentiels des  plus petits ou des étrangers, plus agressifs dans le marché,  des plus innovateurs et des plus astucieux. Sans limite d’approvisionnement de lait et sans le contrôle aux frontières  les parts de marché des gros, presqu’immuables aujourd’hui, changeraient grandement.

Certains artisans en profitent également, car contrairement aux autres,  il n’existe pratiquement aucun frein à leur capacité d’obtenir plus de lait pour croître.  Ainsi, leur croissance se fait au détriment des autres transformateurs, leurs concurrents, qui n’ont pas  droit à ces privilèges.

Les banquiers ont misé gros, et peut-être beaucoup trop, sur la gestion de l’offre. Ils ont financé la surenchère du prix du quota, lequel est la principale cause de sa potentielle défaveur aujourd’hui. Tant que le système performe à la hauteur habituelle, ils demeurent des grands gagnants de la gestion de l’offre. Ces  mêmes banquiers profitent également de l’effet d’entrainement sur les autres commerces dans les régions rurales où la gestion de l’offre domine.

Il serait révélateur de faire l’inventaire des régions et municipalités dans toutes les provinces où il y a centration de producteurs vivant de la gestion de l’offre et comparer leur niveau de richesse aux autres régions agricoles qui n’en ont pas.

Quoiqu’en disent les gouvernements, ils ont une responsabilité vis-à-vis la gestion de l’offre. Changer la gestion de l’offre, c’est changer une structure industrielle et sociale importante du Canada. Il est grand temps qu’on dépasse les discours simplistes manichéens en faveur pour ou contre la gestion de l’offre, car rien de radical ou trop simple ne peut être utile dans ce dossier.  Messieurs MacAulay, Lessard, Charlebois, Dubuc et Mulroney quelles pistes de solutions proposez-vous?

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