Ancien député adéquiste puis porte-parole des cols rouges comme député indépendant, Claude Roy a aussi été animateur d’émission de chasse et pêche, animateur au FM 93, chauffeur d’autobus. Il dit faire partie du «vrai monde». Il se relance en politique avec un nouveau parti appelé tout simplement nouveau parti ( nouveauparti.ca ):«J’ai changé. Je me suis calmé et en même temps je suis plus revendicateur que jamais. J’aurai pas de compromis.Mon leitmotiv c’est l’imputabilité!», nous a-t-il confié lors d’une entrevue qu’il a donnée le 3 février dernier à La Vie agricole.
Claude Roy est persuadé que les citoyens insatisfaits des partis politiques actuels vont l’accompagner dans une démarche citoyenne dont l’objectif final est le lancement d’un nouveau parti politique propre à répondre aux aspirations de tous. Il en appelle aux «orphelins» de la politique.
Yannick Patelli : Claude Roy, c’est bien beau de partir un parti politique, mais avez-vous des appuis sur le terrain ?
Claude Roy : « J’ai déjà entamé ce processus-là de consultation. Mais avant de commencer à parler avec 150 personnes, ça me prend le noyau dur.»
YP : J’imagine que vu vos discours habituels ça sera un parti avec une forte tendance identitaire ?
CR : « Il n’y aura pas de tendance identitaire. On est un parti de droite et fédéraliste. Je n’ai rien à voir avec le nationalisme québécois. Je suis de tendance fédéraliste.»
YP : Et vous êtes donc en faveur du multiculturalisme ? Qu’elle est votre position sur l’immigration ?
CR : «Sur l’immigration depuis quelques années j’ai décanté. Après l’attentat, on a versé des larmes de crocodiles sur les pauvres musulmans. On a parlé qu’ils étaient super bien intégrés. J’ai rien contre les musulmans, j’ai rien contre les Arabes, mais dans mon livre à moi, la situation c’est exactement ce qu’un des députés conservateurs vient de dire, “il y a des questionnements à faire à l’entrée en leur demandant : connaissez-vous l’endroit où vous vous en allez? En connaissez-vous les valeurs ?“. C’est pas le Québec qui va devoir élargir sa pensée. Ce sont ces gens-là qui vont devoir rentrer avec des normes et un respect de ce qu’on est. J’ai écrit un texte cette semaine qui s’intitule “ Je suis chrétien et fier de l’être“ où j’explique ce qu’on est et ce qu’on doit respecter. Ça va prendre un débat très civilisé. »
YP : Y a-t-il des paroles du passé que vous regrettez ?
CR : «Quand les journalistes vont me dire, vous avez déjà dit “qu’il y avait trop d’Arabes, pas assez d’asiatiques, qu’est-ce que vous en pensez aujourd’hui ?“, je vais leur dire : “Hier c’était hier. Aujourd’hui je vais vous expliquer d’autres façons de voir et revenez-moi plus là-dessus.“ Labeaume a dit l’été dernier qu’il voulait arracher le voile sur toutes les femmes musulmanes qu’il rencontrait parce qu’il trouvait qu’il y en avait trop en Belgique et cette semaine il pleurait à chaude larme devant les cercueils. »
YP : Le mot «Imputabilité» semble central dans votre programme, comment le définir ?
CR: «Moi, mon cheval de bataille, c’est imputabilité. Un directeur d’école ou de commission scolaire va devoir avoir une responsabilité. On ne tablettera plus. On ne redonnera pas de job à quelqu’un comme Mme Savoie au transport qui se retrouve avec une job à 200 000 $ par année. S’il y a un ménage à faire, c’est dans les hauts fonctionnaires.»
YP : Votre parti s’inspire beaucoup de l’ex-ADQ ?
CR :« Oui, faut pas se cacher, j’ai encore certaines des valeurs de l’ADQ. J’avais écrit dans mon livre, «Dans l’ombre de Mario Dumont» certains points de mon programme actuel.»
YP : Le monde politique c’est quoi pour vous ?
CR : « Ça restera toujours un monde d’hypocrite, mais je veux me démarquer!»
YP : Votre programme consiste en quoi notamment sur des sujets sensibles comme la vente d’alcool ?
CR : «Je vais prôner la privatisation de la SAQ, mais je ne me priverai pas de la maison mère qui a toute une expertise, en distribution, en exportation. Mais ce sont les succursales qui seront privatisées avec obligation d’ouvrir à tous les produits québécois. Et la SAQ ne sera plus la vache à lait qui se verse des dividendes parce qu’il n’y a pas d’imputabilité. Imaginons que le groupe Jean-Coutu achète une dizaine de succursales et qu’il achète le jour du Beaujolais nouveau, 800 caisses, il y aura un volume qui fera baisser le prix dans les succursales. »
YP : Votre point de vue en éducation, quel est-il ?
CR :« On n’a pas encore de promesses électorales pour le moment. Mais on va baisser les coûts dans plusieurs domaines, dont l’éducation. Les commissions scolaires vont gérer juste deux choses : les établissements et le transport. L’éducation va devenir locale et de la responsabilité de la direction des écoles. On va décentraliser beaucoup.»
YP : Et sur le plan de la santé ?
CR : « Je rouvre tous les CLSC. Tu vas plus à l’urgence pour une grippe, tu vas au CLSC. On réoriente aux urgences vers les CLSC les gens qui viennent pour des grippes. Nez qui coule, CLSC. Un poignet cassé, carton rouge, on vous prend aux urgences! Éric Caire avait dit à l’époque, “ Il faut avoir des hôpitaux avec des budgets en fonction des épisodes de soins“. Il faut le faire. »
YP : Comment jugez-vous l’arrivée de Trump aux États-Unis ?
CR : « J’ai une réponse aux journalistes qui ne croient pas en nous. On a un bel exemple avec les États-Unis et ce qui s’est passé avec Trump! Il est passé pareil parce que la population l’a voulu. Je vais diffuser mon message via YouTube pour faire entendre mon message.»
YP : En agriculture quel dossier vous privilégiez ?
CR : «Un dossier sur lequel je veux m’impliquer en milieu agricole, ce sont les taxes foncières et c’est le transfert des propriétés. Les jeunes ne sont plus capables d’acheter les fermes et je vais rencontrer des gens pour mieux comprendre cette problématique.»
YP : Vous êtes de gauche ou de droite finalement ?
CR : «Quelqu’un qui voudrait nous identifier ne pourra pas. On n’est ni gauche, ni droite. Et il faut savoir que notre équipe fera au maximum deux mandats. Ça évite d’établir le clan des petits amis. Dans notre parti, les gens ne seront pas politiciens de carrière. On veut un Québec meilleur. Les idées peuvent venir de la gauche, de la droite, même de Québec Solidaire…»
YP : Si vous accédiez au pouvoir, vous changeriez quoi dans le système ?
CR : «Si avant d’arriver en poste tu conduisais ta voiture, tu continueras une fois ministre ou député. S’il y a 22 ministres, il y aura 10 limousines qu’il faudra réserver. Si vous avez un rendez-vous pour vous faire blanchir les dents comme Norbert Morin eh bien ils iront, mais en conduisant leur voiture. Chauffeur, escorte, garde du corps 24/24 c’est fini. En Suède, en Norvège, c’est comme ça ! Ça coûte une fortune à la population le système actuel! Où est le danger ? Y’a pas des Richard Bain partout !»
YP : Avez-vous des contacts avec d’autres partis ?
CR : « Non, le seul qui essaye de me tirer vers eux autres c’est le PCQ ( Parti conservateur du Québec). J’ai une rencontre sous peu parce qu’Adrien Pouliot faudrait qu’il s’en aille, que le PCQ change de nom peut-être. Pouliot est poussé vers la sortie. C’est un bon économiste, il parle bien comme économiste, mais c’est pas juste ça la politique. Beaucoup de politiciens ne savent pas ce que c’est un salaire de 29 000 $ par année. Moi, oui ! Eux autres, leur citoyen moyen gagne 80 000 $ par année!»
À savoir
Claude Roy est un homme politique québécois. En 2007, il devient le député de la circonscription de Montmagny-L'Islet sous la bannière de l'Action démocratique du Québec. Il devient porte-parole de l'opposition officielle en matière de faune et de parcs nationaux le 19 avril 2007, membre du Bureau de l'Assemblée nationale le 15 mai 2007 et membre de la Commission des affaires sociales le 23 mai 2007.