Quelle vache produit le plus de bénéfice net par kilo de matière grasse? Celle qui donne un maigre 20 litres par jour ou la championne à 30 litres ou plus? La réponse n'est pas si évidente que cela comme ont pu le constater la centaine de producteurs qui ont assisté en février dernier à une journée d’information organisée par Bélisle Solution-Nutrition à Ste-Hélène de Kamouraska. Tout dépend en fait de la gestion, mais, aussi, des priorités personnelles de l’éleveur.
L’expert invité, M. Jean-François Fortin, de la firme Raymond Chabot Gran Thornton, a d’abord déboulonné le mythe voulant que, à tout coup, plus une vache produit, plus elle est payante. Parmi les nombreux exemples donnés, retenons celui d’une ferme dotée d’un quota de 40 kilos et d’un troupeau donnant en moyenne 19 litres par jour et qui a généré un bénéfice net de 2867 $ par kilo, alors qu’une autre qui affiche 160 kilos et une moyenne de 32 litres/jour, n’a pas fait mieux que 651 $ par kilo.
Comment est-ce possible? Trois chiffres donnent la réponse : les coûts de main-d’œuvre, ceux de l’alimentation et les frais vétérinaires. Dans un cas, ils totalisent 2000 $ par kilo et dans l’autre plus de 3600 $, les autres gros postes de dépenses que sont les frais d’intérêt et l’entretien étant sensiblement les mêmes. Bien sûr, une grosse ferme performante peut elle aussi générer de bons bénéfices, mais seulement si ces trois paramètres sont aussi bien contrôlés. En un mot, le plus d’autosuffisance possible.
Grossir à tout prix n’est pas nécessairement une bonne idée
M. Fortin avait plusieurs conseils à donner à ses auditeurs. D’abord, grossir à tout prix n’est pas nécessairement une bonne idée, deuxièmement, l’éleveur « rentable » est aussi bon gestionnaire que technicien et, troisièmement, un « examen de conscience » est absolument nécessaire avant de procéder à un gros investissement. Vais-je augmenter mes ventes et à quel prix? Est-ce que cela va faire diminuer certaines dépenses? Est-ce que cela a un impact sur ma qualité de vie?
Au cœur de la ferme efficace et rentable, il y a un équilibre à trouver entre l’économique et le technique, a conclu M. Fortin, mais il y a surtout la nécessité de réflexions et d’analyses basées sur un regard lucide sur la ferme telle qu’elle est et non pas telle qu’on voudrait qu’elle soit.
Bas de vignette:
M. Jean-François Fortin, conférencier (à droite) et M. Stéphane Michaud, conseiller chez Belisle Solution-Nutrition, l’organisateur de la journée.
La présentation de M. Jean-François Fortin a démontré que la vache la plus rentable n’est pas toujours celle que l’on croit.