L’augmentation de la cotisation de base par l’UPA passe mal !

De L'étable à la table

L’UPA propose aux producteurs agricoles de hausser leur cotisation de base de 10$ en 2018 et de 10$ en 2019, en plus d’une hausse modulée des contributions par spécialité à compter du 1er août 2018.  La proposition passe mal chez plusieurs producteurs de la Montérégie et enflamme Lait’quitable.

Lorsque l’information a commencé à circuler, plusieurs producteurs ont contacté La Vie agricole pour s’en étonner. Comment l’UPA peut-elle songer à augmenter les cotisations alors que les prix stagnent dans plusieurs productions, ont-ils lancé ?

Lors de l’assemblée annuelle du syndicat local de Rouville, il a fallu prendre le vote à deux fois, pour arriver à s’entendre sur une majorité. 11 pour, 11 contre. Un second vote a permis de briser l’égalité : 12 pour, 10 contre.

Quelques jours plus tard, le syndicat de base du Haut-Richelieu a voté contre. « Au syndicat local Haut-Richelieu on avait notre assemblée le 13 (septembre) et ça  a été rejeté unanimement », confirme sur Lait’quitable la productrice Ana Lord.

Sur la plateforme Lait’quitable, la section des commentaires s’est enflammée comme une traînée de poudre. Pourtant, un mot d’ordre de discrétion avait circulé auprès d'administrateurs de syndicats de base, selon une source.

Une augmentation, pourquoi ?

Lors de l’assemblée du syndicat local de Rouville, le président Yvon Boucher a argumenté en faveur de la hausse : « C’est sûr que ça coûte cher, mais à l’UPA, on veut les meilleures personnes. Si on veut les garder, il faut les payer correctement, payer ce qu’ils valent. »

Le conseiller syndical Benoît Lalonde a expliqué que l’UPA procède actuellement à un audit de son plan « L’UPA du futur », adopté en 2012, à la suite d’un bilan réalisé en décembre 2016. La demande des hausses s’inscrit dans la prolongation de son plan de financement, le temps qu’une équipe d’experts-conseils en termine l’analyse et fasse ses recommandations.

Ce que l’UPA a confirmé, mais avec des nuances : « Le mandat (…) vise à mesurer les gains d’efficience et d’efficacité réalisés et possibles, plus particulièrement dans le secteur général (local, régional et national), avant l’adoption d’un nouveau plan de financement. Il n’y a pas de lien direct avec l’UPA du futur. Le nom de la firme externe (qui procède à cet exercice) et les montants (qui lui seront versés) ne sont pas disponibles », a écrit le conseiller Patrice Juneau.

Tout le monde doit payer

Un producteur a amené l’importance que ces cotisations prendront dans son entreprise « (…)moi parce que je suis une société, je paye en double? Et les compagnies incorporées, si je ne me trompe pas, (…)elles paient une seule cotisation,  (même s'il y a) plusieurs proprios? Il y a quelques affaires comme çà qui mériteraient attention » mentionne un producteur.

Le président du  Conseil des entrepreneurs agricoles et producteur de grains Jacques Cartier, désespère que l’UPA ne recule sur la question : « Les délégués qui votent sont ceux qui reçoivent leur per diem. Pourquoi ils cracheraient sur ce qu’ils reçoivent. Dans le grain, ma contribution est d’environ 10 000$ par année, plus ma cotisation de base. Et l’UPA veut nous ajouter un 50 cents additionnel sur les céréales, comme le maïs, Ça va représenter une augmentation de 3500$ juste pour l’année 2017 », calcule l’ancien président de son syndicat de base qui avoue avoir totalement abandonné d’en suivre les activités.

« Pourquoi alors (l’UPA ne fait-elle) pas payer toutes les fédérations spécialisées ? Ça fait des années que la demande est faite. Il y a des fédérations qui ont droit de vote au Conseil Général mais qui ne payent pas leur quote-part. C'est une iniquité et l'UPA se traîne les pieds dans ce dossier. Pas mal plus simple de siphonner ceux qui sont faciles à collecter», renchérit Sylvain Raynault.

Le secteur maraîcher est régulièrement pointé du doigt, tandis que d’autres spécialités estiment devoir payer, sans véritable retour.

«  Mon chum paye la même cotisation que vous autres et on a rien dans le chevreau de boucherie. Pour nous, une augmentation quand tu n'as aucun service, c'est déjà trop », déplore Émilie Marmen.

Moderniser la communication avec la base

La productrice Ana Lord a fait une suggestion (aux) organisations : « Affichez les convocations annuelles et semi-annuelles ou tout autre évènement important sur les sites Facebook, Lait’quitable, les Amis de la Gestion de l’offre ou autres,  relatif à l'agriculture afin que l'information circule.  Car je crois que la communication papier est de moins en moins lue et mise rapidement de côté. Et je vois que plusieurs n'avaient pas réalisé que la convocation de l'UPA avait son importance sur des sujets qui impliquaient des votes … ».

« Parfaitement d'accord ! En 2017 c'est rendu pas mal la façon de faire », a poursuivi une autre agricultrice.

Photo à la Une: Sylvain Raynault ( crédit: Radio-Canada) et ci-dessous Jacques Cartier, président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA)

 

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