Lors du Symposium des Sols Vivants qui s’est tenu à Montréal du 13 au 15 octobre derniers, à l’Université Concordia, plusieurs experts sont venus expliquer que la solution à plusieurs problématiques liées aux changements climatiques vécues aujourd’hui dans le monde se trouvent sous nos pieds si l’on prend soin de la bonne santé des sols.
Après une courte présentation par la directrice de l’évènement, Gabrielle Bastien qui a déclaré : «L’agriculture a eu, au fil des décennies, un impact négatif sur les sols mais le vent a changé car aujourd’hui les gens relient la fertilité des sols à la sécurité alimentaire.», Stephen McComber représentant du territoire mohawk de Kahnawake est venu bénir les lieux et rappeler, le sens de la terre, inné chez les autochtones.
L’objectif de cette rencontre sur trois jours était entre autres d’expliquer l’importance de remettre le carbone dans le sol. Ronnie Cummins, co-fondateur et directeur international d’Organic Consumers Association a déclaré sa colère face aux pétrolières qui ont rendu selon lui invivable certains secteurs dans le monde avec les changements climatiques qu’elles ont engendré par leurs activités. « Nous ne sauverons notre terre que lorsqu’on prendra conscience de la dégénérescence de la terre. Il faut changer les systèmes de production à la ferme.
Timothy Lasalle, conseiller en agriculture régénératrice, cofondateur et codirecteur de la Regeneratrice Agriculture Initiative a estimé que la situation changera « lorsqu’on trouvera les influenceurs sur les agriculteurs. Il faut trouver le langage qui leur parle. Il faut leur prouver que la biodiversité est importante pour la production aussi.»
Michael Warren, pdg de Earth Alive Clean Technologies veut intégrer l’aspect affaires dans la conversation avec les producteurs. « Le point d’inflexion c’est l’acceptation des produits biologiques par les grands producteurs» a-t-il dit. « Il faut expliquer qu’actuellement malgré la présence de la chimie dans nos cultures on ne voit plus d’augmentation de la production alors que plus de bio entrainera plus de production», a-t-il dit.
Pour André Leu, fondateur et président d’Organics International : « Nous arrivons à un niveau catastrophique. Nous coulons plus vite que ce que nous imaginions. Le réchauffement climatique est une bombe qui impose des périodes de sécheresse plus destructrices. On est passé d’une situation extrême aux 30 ans à une situation extrême aux 5 ans. Il faut savoir que le réchauffement climatique de 2 degrés peut vouloir dire la disparition d’un pays comme le Bangladesh par exemple et l’impact de la gestion de 16 millions de réfugiés vers l’Inde. On pourrait aussi connaître la disparition de ville comme Miami, New-York ou Londres!»
La solution passe selon André Leu par le fait de retirer le C02 de l’atmosphère pour l’envoyer dans les sols notamment avec le méthode 4 pour 1000* : « Et pour cela, on peut y arriver si on se tourne vers l’agriculture biologique. Il faut donc voir comment le consommateur dans un premier temps est prêt à payer plus. Il faut aussi expliquer que plusieurs pays à travers le monde pour améliorer la santé se tournent vers le bio. Il faut expliquer que ce changement n’est pas seulement nécessaire pour contrer les changements climatiques. Mais une chose est sûre il faut éliminer l’utilisation des pesticides. Le glyphosate par exemple a des effets potentiels importants comme l’autisme ou la dépression sur certaines personnes. Aujourd’hui on reçoit tous des cocktails de pesticides dans nos aliments et il y a corrélation avec plusieurs problèmes de santé dans nos sociétés.»
Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture de 2012 à 2017 en France et fondateur et vice-président de L’Initiative 4 pour 1000 a déclaré : « Lorsque la COP 21 est arrivée, j’étais soucieux de la place qu’on allait donner à l’agriculture et à la forêt. L’agriculture était souvent montrée du doigt à cause des gaz à effet de serre. Beaucoup d’ONG disaient il faut supprimer les animaux domestiques. Rapidement j’ai compris que le 4 pour 1000 était l’enjeu de la COP 21 et l’avenir de l’agriculture.»
* L’initiative 4 pour 1000, lancée par la France, consiste à fédérer tous les acteurs volontaires du public et du privé (États, collectivités, entreprises, organisations professionnelles, ONG, établissements de la recherche,…) dans le cadre du Plan d'action Lima-Paris.