Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) vient d’annoncer sa stratégie sur les pesticides promise depuis novembre 2015. «Le ministère vient ainsi réglementer, et non interdire, cinq types de pesticides, soit trois de la famille des néonicotinoïdes, l’atrazine et le chlorpyrifos» se désole Vigilance OGM.
Les pesticides à base de glyphosate qui représentent 43 % des ventes totales au Québec, et dont l’utilisation est principalement liée aux cultures génétiquement modifiées (GM) sont donc exclus de cette décision de dire l’organisme :« C’est comme annoncer un plan de lutte aux changements climatiques en excluant les GES émis par les transports. Ces mesures ne sont pas ambitieuses et ne diminueront pas les impacts des pesticides sur notre santé », déplore Thibault Rehn de Vigilance OGM.
Vigilance OGM rappelle que la France vise à interdire les pesticides à base de glyphosate d’ici trois ans. Au Québec, leurs ventes ont augmenté de 66 % de 2006 à 2015. Le glyphosate, précise Vigilance OGM, est aussi considéré par le MDDELCC comme le quatrième pesticide ayant le plus d’impacts sur la santé des Québécois et le huitième en termes d’impacts sur notre environnement.
En guerre contre Monsanto
«Les pesticides à base de glyphosate sont au cœur d’un scandale de grande ampleur depuis la parution de ce que l’on appelle les « Monsanto papers ». Des documents internes de l’entreprise montrent que Monsanto savait depuis 1999 que son produit vedette pouvait causer le cancer, confirmant ainsi la position du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)» souligne Vigilance OGM dans son communiqué.
Pour cet organisme, «même si cette nouvelle stratégie est un pas dans la bonne direction, son manque d’ambition ne permettra pas un véritable changement des pratiques agricoles ayant un impact négatif sur notre agriculture».
«Plus de la moitié des agronomes sont employés par des compagnies qui tirent leurs profits de la vente des pesticides. Le gouvernement à délibérément choisi de ne pas limiter les conflits d’intérêts des agronomes liés à des compagnies, contrairement à ce qu’a fait l’Ontario », dénonce Thibault Rehn de Vigilance OGM. « Quand votre agronome travaille pour Monsanto ou Bayer, on s’aperçoit qu’il est fortement enclin à prescrire des pesticides. »