Dans l’esprit de l’engagement de Financement agricole Canada (FAC) visant à fournir à l’industrie agricole canadienne des perspectives économiques pertinentes et à jour, Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC, nous présente cinq grandes tendances économiques en agriculture à surveiller en 2019.
« L’agriculture est une industrie dynamique et stimulante qui est animée par une passion et qui offre une foule de possibilités, déclare M. Gervais. FAC surveille les cinq grandes tendances ci-dessous, mais de nombreuses autres tendances contribuent aussi à façonner les perspectives de cette année pour divers secteurs de l’industrie agricole et agroalimentaire canadienne. Nous invitons les acteurs de cette industrie à surveiller les tendances qui contribueront le mieux à protéger et à améliorer le résultat net de leur entreprise. »
Plafonnement du revenu monétaire net
La volatilité des prix, la hausse du coût des intrants et les problèmes liés aux conditions météorologiques dans de nombreuses régions du pays au cours de la dernière année ont porté atteinte au revenu monétaire net canadien en 2018. Les calculs finaux indiqueront probablement une baisse, et on prévoit un plafonnement en 2019.
Dans l’ensemble, les perspectives à long terme de l’agriculture canadienne restent favorables, car la demande de produits alimentaires au pays et à l’étranger demeure robuste et les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Canada ont démontré leur résilience face à l’adversité, selon M. Gervais.
« Nous verrons probablement une évolution rapide de la situation, notamment des changements qui seront bénéfiques ou moins favorables pour l’agriculture canadienne, ajoute M. Gervais. Je suis toutefois convaincu que les producteurs, les fabricants et les exploitants d’entreprises agroalimentaires peuvent rapidement s’ajuster à ce contexte d’exploitation dynamique. »
Remous dans le flux des échanges commerciaux
Le Canada profite déjà de certains accords commerciaux bien établis dans des marchés clés, notamment l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE), l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) (qui n’a pas encore été ratifié), que l’on désigne également sous le nom de nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
En revanche, les tensions géopolitiques qui ont donné lieu à l’imposition de tarifs et à la mise en place d’autres obstacles commerciaux continueront vraisemblablement de perturber les relations commerciales traditionnelles, mais elles pourraient en même temps permettre l’ouverture de nouveaux marchés, précise M. Gervais.
« En général, les marchés ne réagissent pas bien à l’incertitude commerciale. Or, celle-ci ouvre également la porte à de nouvelles relations commerciales possibles, explique-t-il. Les perturbations peuvent paver la voie à de nouveaux flux commerciaux, ce qui peut avoir une incidence positive. Mais les tensions commerciales mondiales risquent également de freiner la croissance de l’économie mondiale. Elles peuvent bouleverser le statu quo et sont susceptibles d’avoir une incidence sur la demande d’aliments et de produits agricoles canadiens, ce qui n’est jamais agréable. »
Malgré la volatilité de l’environnement commercial international, l’agriculture canadienne présente de bonnes perspectives de croissance des exportations en 2019 et dans les années à venir, indique M. Gervais.
Repositionnement des facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande mondiales
Différentes tendances en agriculture favorisent la constitution des stocks mondiaux de produits agricoles, mais des gains de productivité importants méritent une mention spéciale. La croissance de la production mondiale dans les dernières années a permis de reconstituer les stocks et a aidé les marchés à se doter des moyens d’absorber d’éventuels chocs liés aux conditions climatiques exercés sur l’offre.
La demande mondiale d’aliments étant toujours robuste, une augmentation de la production était nécessaire pour suivre le rythme d’accroissement. Ceci a des répercussions durables sur les prix et les recettes des agriculteurs canadiens dans un éventail de secteurs et cette tendance devrait se poursuivre en 2019.
« Les producteurs qui veulent être à l’affût des tendances devraient activement surveiller les régimes climatiques mondiaux et les mises à jour de la production alors que l’année de récolte tire à sa fin en Amérique du Sud, conseille M. Gervais. Gardez un œil sur l’influence importante qu’auront la Chine et les États-Unis sur les marchés agricoles mondiaux, alors que l’offre des produits de base des États-Unis aura des effets majeurs sur les prix de 2019. »
Le resserrement des marges signifie prendre des risques calculés
Il est difficile de prévoir avec une grande précision l’offre intérieure de divers produits de base en 2019. Avec le faible potentiel de croissance réelle du prix des produits de base cette année et l’augmentation possible du coût des intrants agricoles, les agriculteurs canadiens devront évaluer correctement les perspectives de rentabilité de même que les risques reliés. La gestion du risque jouera un rôle encore plus important dans la réussite.
« Les producteurs canadiens doivent trouver des moyens de réduire les coûts tout en augmentant la productivité de leurs exploitations actuelles, que ce soit en améliorant le rendement par acre ou en obtenant davantage de matière grasse par litre de lait, » dit M. Gervais.
« L’ajout de valeur à nos produits agricoles est un autre moyen d’accroître les recettes, puisque les consommateurs continuent de rechercher des produits alimentaires à la fois sains et pratiques, explique-t-il. L’investissement en innovation et en technologie contribuera grandement à assurer la compétitivité de l’agriculture canadienne. »
Bienvenue à l’âge d’or des protéines
« Les producteurs canadiens de protéines animales et végétales devraient gagner des acheteurs tant au pays qu’à l’étranger à mesure que les marchés du monde entier privilégient un large éventail de produits de protéine, explique M. Gervais. Cette tendance se poursuivra en 2019 et dans les années à venir car les protéines végétales et animales desservent différents segments du marché mondial. »
L’année 2018 a été difficile pour ceux qui se consacrent à la production de protéines même si la consommation ne cesse d’augmenter.
« L’an dernier, beaucoup de choses ont eu des répercussions sur le résultat net des producteurs, précise M. Gervais. S’il y a un côté positif au nuage d’incertitude qui planait au-dessus du secteur l’an dernier, c’est que la prochaine année pourrait bien être le début de quelque chose de plus grand et de mieux. »