L’Europe nous vend son fromage illégal, mais refuse notre viande

En 2015, des représentants de l’ambassade de France se sont déplacés pour venir vendre aux représentants des industriels fromagers du Québec, les mérites de signer l’AECG (CETA) et en particulier les mérites d’importer du fromage français.

 

Ils étaient en concurrence avec leurs confrères de l’UE, tous anxieux d’entrer dans un marché où les fromages locaux sont beaucoup plus chers que les leurs. Dans leur enthousiasme, ils ont mentionné que la France serait réceptive à la viande et, en particulier, au boeuf canadien ce qui a ouvert la porte à un échange plutôt franc et direct entre bons vieux cousins. Nous leur avons dit que jamais la France ne tolèrerait l’entrée du fromage ou de la viande canadienne sur leur territoire.

Ils ont répondu que l’Union européenne n’était pas uniquement la France et qu’ils concédaient qu’il serait difficile pour les fromages canadiens d’entrer dans les marchés traditionnels de l’Europe, mais qu’il y avait des possibilités de ventes auprès des pays nouvellement membres de l’Europe.

À cette date, le Canada vendait du Cheddar au Royaume-Uni, mais pas en France. Bref, les diplomates de France venaient de confirmer, de façon implicite, nos affirmations bien avant la signature de l’AECG.

Sur la question de la viande canadienne, nous leur avons dit que nos observations nous faisaient douter que leur marché s’ouvre. Nous avons ajouté que dans les meilleurs cas, ils trouveraient sans doute un subterfuge du type du « principe de précaution » pour empêcher la viande canadienne d’entrer chez eux. Comme les découvertes en génie génétique étaient surtout nord-américaines et que l’Europe était en retard dans ce domaine, plusieurs perçoivent le principe de précaution comme un subterfuge pour bloquer ces avancées scientifiques.

Trop peu aux fromageries

Dès la signature de l’entente, l’UE et la France en particulier ont fait plusieurs démarches auprès du Canada pour s’assurer que les engagements d’achat de fromages européens soient remplis intégralement. Le Canada s’est plié en donnant 50% des contingents d’importation de fromages aux puissants détaillants canadiens et trop peu ou pas aux petites fromageries, ni aux importateurs traditionnels. La pire solution dans les circonstances et, fidèle à ses habitudes, le Canada n’a rien demandé en retour.

Aujourd’hui, ce que les Canadiens ont anticipé il y a cinq ans s’est avéré juste. Le Canada a rempli ses obligations en important le montant de fromages spécifié dans l’AECG (le taux de remplissage) au niveau de 97%. Le contingent de fromage industriel a failli ne pas atteindre 75% car Ottawa l’avait alloué à des entreprises fautives alors que les transformateurs laitiers les ont sortis du pétrin à la dernière minute, ce qui a permis d’augmenter le taux de remplissage à 77%

Des exigences techniques qui empêchent l’exportation du bœuf canadien

À l’opposé, le taux de remplissage des viandes canadiennes en Europe est de 2,8% pour le boeuf surgelé, 0% pour les boeufs catégorie autre, 0,5% pour le porc et 2,7% pour le bison.

Les Européens imposent plusieurs exigences techniques qui augmentent considérablement le coût d’importation de la viande canadienne ou l’interdit simplement.

À titre d’exemples, l’exigence de certificats que le boeuf est exempt d’hormones de croissance (très coûteux), le porc doit être testé pour la trichine, le porc et le boeuf doivent traverser une procédure coûteuse pour être acceptés par l’Europe et les demandes de modifications se multiplient à tel point que le boeuf prendra au moins 3 ans avant de se conformer, sans compter les demandes additionnelles que l’UE auront ajoutées d’ici là.

Le Canada assis de l’autre côté de la table !

Maintenant, voici l’envers de la médaille. Une importante quantité, que j’estime de 40% à 60%, des fromages européens importés ici ne rencontrent pas nos exigences ou nos normes, comme tous les parmesans, gruyères, comtés, les Roqueforts et autres bleus, tous les fromages qui s’affinent dans des caves.

Plusieurs fromages au lait cru ne rencontrent pas nos normes de 60 jours et tous les fromages ne rencontrent pas nos normes sur les ingrédients laitiers ni sur les Staphylocoques Aureus ni nos normes de composition.

Le Canada les accepte tous aveuglément alors que l’UE refuse notre viande. C’est un peu comme si le Canada était assis du même côté de la table de négociation que l’UE.

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