La canneberge est un aliment de base dans les réunions de famille depuis son introduction aux colons européens par les Premières Nations, au XVe siècle. Aujourd’hui, elle réchauffe le cœur de millions de Canadiens, surtout à l’Action de grâces et à Noël. Le climat frais et la brève période de croissance qui prévalent au Québec expliquent le grand succès de la canneberge biologique dans la région. La canneberge est traditionnellement sucrée et cuite ou séchée pour en réduire l’acidité afin d’éviter un goût amer en bouche. Pour de nombreux producteurs québécois, cette baie amère est synonyme de réussite.
Sa culture en Amérique du Nord a commencé au XVIIIe siècle et s’est développée au fil des ans jusqu’à atteindre une superficie cultivée de plus de 10 145 acres au Québec, dont 3 944 acres sont biologiques. Le Québec, où un tiers de la production est biologique, est maintenant le chef de file mondial de la production de canneberges biologiques, et se place au deuxième rang pour ce qui est de sa production non biologique, derrière le Wisconsin, aux États-Unis.
L’industrie de la canneberge a fait face à plusieurs défis au cours de la dernière décennie, le plus significatif étant l’offre excédentaire qui a entraîné des pressions sur les prix qu’obtiennent les producteurs. Malgré les difficultés sur le plan de la rentabilité, la superficie cultivée au Québec a augmenté de 79 % entre 2009 et 2019, atteignant 65 % de la production canadienne totale en 2019. La Colombie-Britannique accaparait 29 % du marché canadien alors que l’Ontario et les provinces de l’Atlantique possèdent le reste de la superficie cultivée au Canada.
Les cannebergières de la Colombie-Britannique sont éprouvées par les hivers cléments, qui font du désherbage une lutte incessante. Toutefois, lorsque toutes les conditions sont favorables, la Colombie-Britannique produit des fruits de grande qualité.
La canneberge se consomme sous diverses formes : fraîche, séchée, en coulis, en gelée, en jus ou en capsules. La demande de canneberges biologiques séchées est élevée. Les producteurs s’entendent pour dire que les perspectives de croissance sont bonnes et que la superficie cultivée de canneberges devrait augmenter d’une année à l’autre, quoiqu’à un rythme plus lent qu’au cours de la dernière décennie.
Vincent Godin, producteur de canneberges du Québec, copropriétaire d’Emblème Canneberge et président de l’Association des producteurs de canneberges du Québec, prévoit pour 2020 une récolte légèrement inférieure à celle des deux années précédentes pour ce qui est du volume. Un résultat qu’il estime normal, car c’est à leur seconde année du cycle de production de deux ans que les plants de canneberges produisent le plus grand volume de baies.
« Les stocks sont bas aussi bien aux États-Unis qu’à l’échelle canadienne, ce qui est positif pour le prix qu’obtiendront les producteurs cette année, évalue-t-il. En raison du changement climatique aux États-Unis, notre province devient la région idéale pour la production de canneberges. L’avenir est reluisant pour notre secteur, au Québec. »
« Pour produire des canneberges, il faut du sable, de l’eau, beaucoup de patience, un plan d’affaires à toute épreuve et les reins solides financièrement, explique Pierre-Étienne Parent, directeur principal des relations d’affaires à (FAC) et spécialiste en financement de cannebergières. Il faut parfois cinq ans à un nouveau champ pour être productif. La clé du succès réside dans la préparation du sol et dans la gestion intelligente de la période cruciale de la récolte. C’est une production canadienne unique et à grande échelle dont nous pouvons être très fiers. »
« En France, des médecins ont commencé à prescrire des capsules de canneberges combinées avec des doses réduites d’antibiotiques pour combattre diverses infections, affirme M. Godin. Qui sait, peut-être que bientôt, les canneberges feront partie du répertoire médical canadien et non seulement des repas de l’Action de grâces et de Noël. »
Photo: association des producteurs de canneberges du Québec