Ça n’arrivera jamais au Canada

Il y a 20 ans, si j’avais osé dire qu’un jour les Américains acclameraient aveuglément un  mégalomane sociopathe comme président, qui avec le soutien de plusieurs sénateurs et représentants, tenterait un coup d’État, de petits hommes en blanc m’auraient invité avec conviction à les suivre dans leur institution, logement et repas gratuits.

Ils l’ont échappé belle nos voisins.  Les institutions perçues comme les plus solides au monde ont été ébranlées de façon sérieuse. Un plus futé, moins brouillon et meilleur stratège aurait pu réussir.  Le nombre d’élus républicains qui ont clairement démontré une  préférence pour  le pouvoir à l’encontre de leur serment de servir la constitution et la démocratie étonne et rend ce scénario plausible alors qu’il était impensable avant.

Heureusement pour nous, notre démocratie est à l’abri au Canada.

Vraiment?

C’est un peu ce que pensaient les Grecs, fondateurs de la démocratie, qui ont connu deux  coups d’état au XXe siècle. Des pays comme l’Italie, L’Allemagne et l’Espagne qui jouissent d’une civilisation et d’une culture millénaires ont tout de même connu à leurs dépens des  Mussolini, Hitler et Franco.

La constitution américaine, grâce à l’amendement 25, donne la possibilité de relever un Président, mais ce n’est pas simple ni facile comme procédure. En plus, il faut que les proches collaborateurs soupçonnent quelque chose avant d’enclencher le processus. Dans le cas d’une personnalité limite, seuls les proches peuvent déceler si un facteur précipitant  a fait basculer le patient au-delà du point de rupture. Dans le cas de Trump, perdre une élection pourrait être le facteur précipitant.  Sauf qu’on ne peut s’attendre à ce que des non-initiés puissent faire la différence entre  quelqu’un qui est un peu plus instable ou plus dangereux pour le pays qu’avant.  Ainsi, avant les évènements du 6 janvier 2021 rien n’était perceptible de façon évidente du moins de l’extérieur.

Le  Canada est-il à l’abri d’un cas semblable?  Je ne le sais pas,  mais  ne pas l’envisager serait un manque de sagesse qui pourrait nous coûter cher. Cette expérience récente de notre voisin impose  deux grandes réflexions publiques.

La première réflexion serait de trouver les moyens de réduire les chances  de permettre à quiconque d’affaiblir délibérément notre démocratie ou nos institutions.  Que faire si nos leaders dérapent mentalement ou légalement? Avons-nous suffisamment de mesures de protection applicables? Ce serait incroyablement ironique d’envisager un scénario ou seule la Reine pourrait protéger notre démocratie.

La deuxième réflexion serait de développer une stratégie pour faire face à un futur élu américain du même genre que Trump sans avoir une personnalité limite. De plus, on doit se demander « qui est le vrai Américain »?  Est-ce un bon Docteur Jeckell Démocrate avec lequel on signerait une entente avec confiance ou un M. Hyde Républicain qui l’appliquerait selon son bon vouloir en dominateur effronté qui ne la respecterait que s’il y trouve son intérêt? Ce péril est bien réel.

 

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