La Parution du livre de Louis Robert a remis de l’avant dans l’actualité le dossier des Pesticides et le rôle des agronomes dans ce dossier. La position de Louis Robert est bien connue et il la rappelle dans son livre. Dans ses interventions Louis Robert apparait de plus en plus comme un objecteur de conscience qu’un lanceur d’alerte en ce qui a trait aux pesticides, ce rôle lui va d’ailleurs mieux, et me parait plus utile aux débats.
Autant le message de Louis Robert est simple et clair, autant les messages en soutien à l’utilisation des pesticides sont faibles ou inexistants. Pourtant si les pesticides existent et sont utilisés, c’est qu’il doit y avoir de bonnes raisons : tout n’est pas noir ni blanc. Cette absence de contrepartie risque d’amener des décisions des plus hasardeuses.
Si l’agriculture d’aujourd’hui produit autant, c’est grâce en partie aux pesticides, c’est simple et efficace. Cultivé de grandes superficies de céréales ou de soya sans herbicides, c’est possible, mais hautement plus compliqué et ce n’est pas à la portée de tous. Pensez à votre potager ou à votre platebande, tous les efforts que vous mettez à arracher les mauvaises herbes et éloigner les ravageurs, maintenant multiplier cela par des dizaines de milliers de fois, c’est l’effort que doit mettre un producteur pour protéger ses cultures.
Le monde ne croule pas sous les surplus : on n’est jamais loin de la pénurie!
N’oublions pas que l’on a besoin de toute la production agricole, le monde ne croule pas sous les surplus. On n’est jamais loin de la pénurie, l’emballement des prix des céréales ces derniers mois est là pour nous le rappeler.
Malgré que je reconnaisse l’utilité des pesticides, je n’en suis pas un adepte, et je pense que l’on doit travailler à des méthodes alternatives. Nos modèles agricoles sont trop dépendants des pesticides et des multinationales qui les fabriquent, il faut développer de nouveaux modèles qui seront aussi productifs, mais plus durables. Le défi est de taille, mais on est sur la bonne voie, beaucoup de changement sont en cours. La production bio est un bel exemple, elle s’est développée beaucoup ces dernières années, elle est un peu la formule 1 de la nouvelle agriculture, c’est un laboratoire grandeur nature : on y développe plein de techniques et produits qui seront utilisés par la grande agriculture.
Les gouvernements doivent rester prudents face au monologue anti-pesticides
Nos institutions gouvernementales doivent être prudentes aux débats sur les pesticides, ou plutôt face au monologue anti pesticides. Certaines décisions pourraient être populaires, mais mettraient un frein au développement de la nouvelle agriculture. La mise en place de politique pour soutenir la production bio est excellente, c’est très structurant pour le développement de nouveaux modèles agricoles, même pour les non-bios.
De penser que de dissocier la vente d’intrants du conseil va réduire l’utilisation des pesticides est une erreur!
La redéfinition du rôle des agronomes est bien mal partie : de penser que de dissocier la vente d’intrants du conseil va réduire l’utilisation des pesticides est une erreur!
L’utilisation des pesticides est beaucoup moins dépendante de services agronomiques que la production bio peut l’être. L’application des pesticides est très réglementée, un agronome a très peu de latitude à ce qu’il peut prescrire, et les prix élevés de leur utilisation ont un effet assez dissuasif sur la surutilisation. Les multinationales ont d’autres outils de marketing et d’attachement (notamment l’attachement génétique) pour continuer à vendre leurs pesticides. La réalité, ils peuvent se passer de leurs employés agronomes, avec des agronomes-conseils cela va leur coûter moins sans impacter leurs ventes.
Pour les productions alternatives, comme la production bio, l’agronome a plus de latitude, il doit être plus imaginatif, plus intéressé et attentif aux nouvelles techniques, aux nouveaux produits. On a besoin d’agronomes vendeurs, entrepreneurs qui vont développer de nouveaux produits et de nouvelles techniques et qui vont être réénumérés en lien direct. C’est peut-être capitaliste, mais c’est efficace, et l’on a besoin d’être efficace si l’on veut compétitionner les multinationales des pesticides.
S’assurer que nos agronomes, quelques soient leurs employeurs, leurs rémunérations, respectent les lois sur les pesticides, aidera à réduire l’utilisation. De dissocier la vente d’intrants du service-conseil agronomique est un miroir aux alouettes, cela ne réduira en rien l’utilisation des pesticides. Au contraire cela va nuire aux développements des solutions alternatives.