Une déclaration d’un député libéral en commission parlementaire sur le coût élevé du beurre canadien, sur sa dureté et sur sa préférence pour le beurre néo-zélandais « plus crémeux» en a fait sourciller plus d’un hier. Effectivement le député de Nepean en Ontario, Chandra Arya, s’est plaint du coût « excessif » du lait canadien et a contesté pendant plusieurs minutes la raison pour laquelle il ne pouvait pas consommer de produits laitiers provenant d’autres pays.
«Du beurre pas assez mou au Canada», dit un député libéral
Chandra Arya déclare : « Lorsque qu’on parle de la gestion de l’offre, je pense aux pauvres familles canadiennes, le lait est très cher (…) les familles canadiennes moins nanties n’arrivent même pas à acheter de lait (…) la consommation de lait a décliné depuis 2004 (…) et il y a la qualité également, le beurre disponible au Canada n’est pas assez mou (…) on est habitué maintenant à du beurre dur, il faut mettre notre beurre maintenant au micro-ondes si on veut le tartiner !» déclare-t-il sur une vidéo issue d’une commission parlementaire que La Vie agricole a écoutée hier soir.
Lors de l’étude du projet de loi C-216, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement concernant notamment la gestion de l’offre, le député de Nepean, a effectivement selon ce que La Vie agricole a pu constater sur une vidéo de la séance, argumenter en défaveur des produits laitiers canadiens et québécois dans une intervention bien sentie.
Ce député libéral dit bien préférer les produits néozélandais et s’est même demandé comment cela se faisait-il que ces produits ne se retrouvent pas davantage dans le marché canadien !
«Qui crée des limites ou des obstacles pour les consommateurs pour l’accès à du meilleur beurre notamment», poursuit le député libéral.
Un député conservateur à la défense de la gestion de l’offre !
La réaction du député conservateur de Chicoutimi-Le Fjord, Richard Martel ne s’est pas fait attendre et il déclare dans un communiqué court et incisif : «Les libéraux lèvent le nez sur les produits laitiers québécois. En commission parlementaire les libéraux de Justin Trudeau se sont plaints du coût ‘’excessif’’ du lait canadien et ont contesté longuement la raison pour laquelle ils ne pouvaient pas consommer des produits laitiers provenant d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande.»
Selon Richard Martel, «Les producteurs et les transformateurs québécois ne peuvent pas compter sur l’appui des libéraux pour faire valoir leurs intérêts».
Un parti conservateur plus enclin à reconnaître les bienfaits de la gestion de l’offre ?
«Si vous n’étiez pas déjà convaincu par l’inefficacité des libéraux à défendre la gestion de l’offre, je pense que vous avez la preuve. C’est honteux de tenir ce genre de propos lorsque les producteurs et transformateurs laitiers attendent toujours les compensations qui leur sont dues en vertu de traités internationaux. Est-ce qu’on comprend de cette intervention que les libéraux veulent encore plus éroder notre système de gestion de l’offre? Ce n’est pas du tout l’intention des conservateurs en tout cas», a déclaré le député conservateur Richard Martel suite à l’écoute lui aussi de la vidéo.
Alors que le parti conservateur ne s’est pas vraiment distingué comme un grand défenseur de la gestion de l’offre dans le passé, il semble que le député Martel de Chicoutimi-Le Fjord annonce de nouvelles orientations : «Les producteurs et transformateurs laitiers québécois et canadiens peuvent compter sur nous pour défendre jusqu’au bout leurs intérêts. D’ailleurs, mon chef s’est déjà engagé à présenter, dans les 100 premiers jours d’un gouvernement conservateur, un plan pour payer toutes les compensations promises aux producteurs, éleveurs et transformateurs soumis à la gestion de l’offre pour tous les accords», a affirmé Richard Martel.