M.Lamontagne et Mme Bibeau, ministres de l’Agriculture du Québec et du Canada, messieurs et mesdames, chefs des partis d’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, vous serez tous présents au 97e Congrès de l’UPA. Aucun autre syndicat au Québec ni au Canada n’a ce pouvoir de convocation-invitation. Aucune grande entreprise québécoise ou canadienne n’a ce privilège d’avoir autant de décideurs et d’aspirants gouvernants à son assemblée d’actionnaires annuelle.
C’est dire toute la force, l’emprise et le pouvoir de lobbying qu’à l’UPA sur les gouvernements actuels et futurs du Québec et du Canada. À côté de cette puissance de l’UPA, aucun autre syndicat agricole canadien (aucun autre n’étant permis au Québec), et aucune grande entreprise et organisation liée de près ou de loin à l’agriculture et à l’agroalimentaire n’a cette capacité d’influencer autant les décisions des gouvernements du Québec et du Canada.
Nous la connaissons tous, vous êtes tous et toutes conscients de cette puissance de l’UPA. Cette puissance n’est pas le fruit de la force du nombre de ses membres, mais le simple fait qu’une loi vieille de 1972 accorda à l’UPA le monopole syndical, qui à travers les dernières décennies est devenue un monopole pur et simple sur un des plus importants secteurs d’activité d’une société : l’agroalimentaire.
L’UPA, avec tous ses tentacules, est maintenant un monopole qu’on peut comparer à Hydro-Québec, sauf que le gouvernement n’a aucune autorité sur elle. L’UPA gère les plans conjoints, pratiquement la gestion de l’offre et a une ascendance disproportionnée sur la régie des marchés et beaucoup d’autres agences de régulation et règlements. Au fil des décennies, l’UPA est devenue la patronne de l’agriculture au Québec.
Un monopole qui n’est plus sain ni viable et une Loi qui doit être modifiée !
Nulle part au monde une organisation, unique, n’a autant de pouvoir sur l’agroalimentaire de son pays. Les différents gouvernements ont laissé aller ou tolérer cette situation depuis assez longtemps. Il est grand temps que les gouvernements et les aspirants gouvernants disent à l’UPA que les choses vont devoir commencer à changer, que la loi devra être modifiée, et que son monopole n’est plus sain et viable dans le monde pluriel dans lequel on vit. Parce que l’agriculture au Québec, ce n’est plus l’affaire que de l’UPA.
Mesdames et messieurs, il faut que vous adressiez plus directement et publiquement cette problématique à l’UPA; Il faut aussi que vous vous en parliez entre vous, au-delà de vos partis, pour que cet enjeu bien réel et important ne soit pas remis aux calendes grecques après chaque élection.
Claude Fortin
petit producteur maraîcher du Québec