Le cochon n’est pas rose!

La situation dans le secteur porcin n’est pas rose! La Vie agricole a voulu en savoir plus et a donc envoyé une série de questions aux Éleveurs de porcs du Québec. Voici les réponses de son président David Duval:

 

Yannick Patelli, La Vie agricole (LVA) – Au regard de l’actualité du prix payé aux éleveurs de porcs (prix qui a baissé de 40 $ du 100 kg depuis le 4 avril à la suite d’une entente conclue entre les Éleveurs de porcs du Québec et les transformateurs), est-ce qu’il est clair que le secteur du porc est en crise?

David Duval, Les éleveurs de porcs du Québec – Oui, nous traversons une tempête en raison de la situation difficile causée par le manque de main-d’œuvre et le contexte des marchés qui pèse sur abattoirs. Successivement, une pandémie, une grève de plusieurs mois, un nombre record de porcs en attente (qui se stabilise heureusement) et des coûts d’alimentation astronomiques, tout cela, dans un contexte où la conjoncture des marchés était sensiblement favorable, mais qui va résulter par une année extrêmement décevante. C’est un défi de taille pour toute la filière, disons-le. 

Yannick Patelli – Cet accord favorable aux transformateurs choque-t-il certains producteurs qui trouvent que les problèmes de main-d’œuvre et d’instabilité des transformateurs ne sont pas vraiment leur problème?

David Duval – Sur le terrain, la frustration se mélange à la colère. C’est une décision très difficile. Nous avons pris cet enlignement pour éviter des réductions supplémentaires d’achats de porcs québécois de la part de tous les acheteurs, ce qui aurait causé des impacts financiers et logistiques encore plus grands que ceux annoncés. La réduction était sérieuse et prête à être mise à exécution. C’est donc la moins pire des options à court terme qui s’offrait à nous pour couvrir une succession de décisions volontaires ou involontaires de certains partenaires de la filière porcine.

Yannick Patelli – Olymel disait il y a quelques mois ne pas pouvoir rompre les contrats avec les Ontariens, comment vous ont-ils garanti que dans le cadre de cet accord ils le peuvent ?

David Duval – Nous laissons à Olymel le soin de répondre à cette question quant à ses liens et ses ententes avec ses fournisseurs de l’Ontario. Cependant, nous sommes assurés d’une diminution d’abattage des porcs de l’Ontario au profit de porcs du Québec pour environ 5 000 porcs par semaine en réassignant des porcs désassignés récemment. C’était important pour les producteurs.

Yannick Patelli – Aussi, on comprend que la compensation prévue par le gouvernement via l’ASRA comblera les pertes pour tous les éleveurs y compris les intégrateurs, est-ce une norme totalement validée et bien accueillie par l’ensemble des Éleveurs du porc du Québec ?

David Duval – Les démarches sont entreprises et en cours pour la demande à la Financière agricole du Québec. Les producteurs seront informés des prochaines étapes.

Yannick Patelli – N’aurait-il pas mieux fallu, selon Les Éleveurs de porcs du Québec, que le gouvernement intervienne différemment qu’il s’agisse de producteurs indépendants, sous contrat ou intégrés ?

David Duval – Notre organisation représente tous les éleveurs de porcs sans exception. Par ailleurs, en collaboration avec les acheteurs, nous avons mis en place un groupe de travail dont le mandat sera de s’assurer du soutien gouvernemental aux éleveurs touchés dans le cadre de ce plan, tant du MAPAQ que de la Financière agricole du Québec.

Yannick Patelli -Certains producteurs nous disent qu’Olymel serait à regarder pour investir à nouveau au Québec pour l’élevage de porcs ce qui leur permettra de le faire avec l’aide gouvernementale, est-ce que le soutien unilatéral à tous les producteurs est vu par Les Éleveurs de porcs du Québec comme un atout pour l’ensemble de la filière ou un inconvénient au détriment des producteurs indépendants ?

David Duval – En raison de l’application du mécanisme de gestion équilibrée de la production, tout projet, notamment d’agrandissement d’un bâtiment de finition, de construction d’un nouvel engraissement ou de conversion d’un bâtiment de maternité/pouponnière en engraissement, ne se verra pas attribuer de volume de référence, à moins que les travaux de construction n’aient été concrètement débutés avant le 19 novembre 2021, date d’émission de l’avis de risque d’excédent. Les Éleveurs de porcs du Québec continueront de défendre l’équité à travers le choix des producteurs quant à leur modèle d’affaires.

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