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Les producteurs de porcs indépendants inquiets :la problématique liée à l’ASRA reste souterraine

Une soirée organisée par des producteurs indépendants à Saint-Bernard de Beauce le 3 mai dernier a eu lieu pour mener des discussions afin de trouver des solutions aux problématiques du secteur porcin tant les producteurs indépendants sont inquiets de leur avenir en lien avec les conditions actuelles imposées par l’abattoir d’Olymel. Des ententes négociées par leur fédération, Les Éleveurs de porcs du Québec, qui se traduisent par moins 40 $ par porc lors de l’arrivée à l’abattoir et  des  couts liés à la grève chez Olymel appliqués au cout de production des producteurs de porcs ne semblent pas faire réellement leur affaire. Cette soirée réunissait essentiellement une centaine de producteurs indépendants, mais c’était sans compter sur la présence planifiée en dernière minute de quelques personnes impliquées dans la filière entre autres René Roy, président des Éleveurs de porcs pour la Beauce et Julien Santerre, le négociateur de la mise en marché avec les abattoirs. On apprendra aussi que dans la salle quelques observateurs scrutaient l’évolution des discussions, dont quelqu’un d’Olymel venu là pour observation. La soirée était animée par Cécilien Berthiaume qui auparavant avait soulevé l’idée que celle-ci aboutisse sur un regroupement potentiel des producteurs indépendants. L’avenir nous en dira peut-être plus.

La soirée a commencé plus revendicatrice qu’elle n’a fini : dans un premier temps place a été faite à ceux qui vivent quotidiennement avec les producteurs indépendants (appelés par le système, producteurs de proximité). Si les organisateurs ont misé sur une soirée constructive et devant amener à des solutions, elle a quand même débuté sur un témoignage sincère de Denis Champagne, agronome et consultant et par une déclaration enflammée de Yan Turmine. Ce dernier a été présenté comme impliqué par son rôle d’entrepreneur en nutrition animale et comme chroniqueur de La Vie agricole. Il a alarmé sur la situation inquiétante pour les producteurs indépendants depuis plusieurs mois.

Crainte des producteurs indépendants : Pas de réaction du gouvernement

Denis champagne a énuméré les surcouts de la production des porcs au cours des dernières années, couts  liés évidemment à la COVID, mais aussi à la rareté de la main-d’œuvre, à la hausse du prix des grains, à la hausse du prix de l’énergie, à la grève chez Olymel, à la coupure de 40 à 50 $ par porc à son arrivée à l’abattoir. Denis Champagne a mis en lumière l’anxiété et la colère que vivent entre autres les producteurs de proximité et a rappelé : « On a oublié que derrière les fermes, il y a des familles. Je dis aux décideurs : il y a urgence. Le gouvernement n’a pas réagi encore. Tout ce que j’entends c’est le silence».

«Organisez-vous et utilisez toutes vos ressources» dit Yan Turmine

Pour faire face au besoin d’urgence, de transparence et d’implication les organisateurs avaient donc invité Yan Turmine qui a décrié en partant le nom « mal chié» attribué aux producteurs de proximité (entendre les producteurs indépendants). Yan Turmine, lui-même défenseur des plans conjoints pour en avoir opéré un pour le secteur cunicole pendant des années a déclaré : « Un vrai plan conjoint quand ça va bien on partage et quand ça va mal on partage aussi, mais vous vous avez deux plans conjoints, dont un est géré par les abattoirs directement et l’autre dans lequel ils ont un droit de regard. Vous devez vous battre pour retrouver un plan conjoint comme autrefois comme avaient vos parents et vos grands-parents. Le plan conjoint actuel est nul à chier. Désolé pour les gens de la fédération, mais c’est ça!».

Le début de la fin c’est l’éclatement des plafonds de l’ASRA

Il a ajouté ensuite que le syndicat et les offices sont là pour protéger aussi les producteurs indépendants : « Utilisez toutes les ressources nécessaires dans vos structures. Organisez-vous! Structurez-vous région par région. Pas pour compétitionner vos institutions, mais pour les soutenir. Faites de la représentation sur l’ASRA. Pourquoi les intégrateurs ont de l’argent provenant de programmes dédiés aux producteurs ?».

Il a fustigé le manque de vision dans le secteur soupçonnant même le gouvernement d’être content au final s’il ne restait qu’un seul type de producteurs de porc au Québec. « Le début de la fin, c’est quand on a fait sauter les plafonds sur l’ASRA».

La décroissance pour mot d’ordre du côté de la Fédération

Par la suite Julien Santerre est venu temporiser le tout disant comprendre l’urgence et l’inquiétude de la salle, mais soulignant aussi qu’il est là pour rappeler à Olymel que si l’entreprise a des obligations avec d’autres producteurs ailleurs, qu’il y a un article qui donne la priorité d’abattage au Québec. « M. Turmine dit qu’on a plus de plan conjoint, moi je dis qu’on l’a encore», de dire Julien Santerre. « C’est quand on va à la Régie pour faire trancher un litige qu’on se fait éroder notre plan conjoint».

Le reste de la soirée a porté sur la gestion de la décroissance qui semble être le mot d’ordre des décideurs du secteur porcin. Appuyé par la suite par le président régional des Éleveurs de porcs du Québec, René Roy, il a été fait mention «des gros efforts faits à Longueuil» pour gérer cette décroissance : « Tous les porcs ont la même équité : ça travaille fort à Longueuil».

Médias et gouvernement mis en cause par les producteurs de porcs

Par la suite plusieurs producteurs se sont exprimés : l’un pour s’étonner qu’au congrès de l’UPA on fait de grands débats pour de petites décisions, mais que sur les enjeux du plan conjoint qu’il y a aucune consultation. Un autre producteur s’est levé pour demander qu’on enlève le monopole de l’abattage à Olymel au point de voir à la création d’un abattoir géré par des producteurs. Un autre a demandé à ce que sa fédération mette la main sur les états financiers des abattoirs.

D’autres producteurs ont mis en cause les médias qui « parlent plus d’un ours en Gaspésie que des défis des producteurs». Plusieurs ont fait état du désintéressement du gouvernement de la réalité agricole. « C’est bien beau l’achat local du gouvernement, mais le 3 milliards qui rentre d’en dehors avec l’exportation c’est de l’argent cash».

À la fin de la soirée après un dialogue certes libre, il reste que les conclusions restent évasives. L’idée centrale initiale soutenue par plusieurs, soit l’absurdité que l’assurance stabilisation des revenus agricoles ( ASRA)  soit accessible tant aux producteurs indépendants qu’aux intégrateurs est restée dans un flou artistique total.

 

 

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