Les Américains lorgnent vers Québec : que fait-on du principe d’autonomie alimentaire?

La plus grande entreprise de production maraîchère au Québec, Vegpro International, un fleuron, tombe aux mains de capitaux américains à la suite de la retraite de son président fondateur et actionnaire majoritaire, Gerry Van Winden. Une drôle de situation à l’heure où le gouvernement mobilise pour une plus grande autonomie alimentaire.

Le nouvel actionnaire de contrôle majoritaire chez Vegpro est la firme d’investissement Vision Ridge Partners. La firme Vision Ridge Partners gère un portefeuille de 2,5 milliards US de placements en actifs dits « durables » dans les secteurs de l’énergie, des transports et de l’agroalimentaire. Elle est établie au Colorado. Pour quelles raisons les salades, épinards, carottes et oignons des terres montérégiennes intéressent-ils une firme d’investissement américaine ?

Certes l’ampleur de Vegpro est majeure dans le domaine maraicher et le succès a été au rendez-vous. La notoriété n’était plus à faire, mais le maintien dans des mains québécoises ou canadiennes aurait été plus logique et plus rassurant pour l’avenir dans un contexte inflationniste et géopolitique comme nous le connaissons depuis quelques mois.

Heureusement la loi au Québec sur la propriété des terres, héritée de Jean Garon, ne permet pas de vendre les terres : elles sont donc extraites de l’actif d’affaires de Vegpro.

Toutefois des questions vont se poser dans le futur, puisque Vegpro (maintenant de propriété étrangère) devient exploitant exclusif de ces terres en tant que producteur-locataire. Il sera intéressant de connaître les termes du bail et les conditions dans la durée. Certains se demandent déjà si une location à vie n’est pas une vente déguisée ?

Qui sera le prochain propriétaire des produits issus de la Montérégie?

Le développement souhaité par Vegpro avec cette nouvelle transaction pour occuper les marchés de l’Ontario et de l’Ouest canadien est louable, mais en cas de crise alimentaire majeure, il est aussi justifié de se demander quel accès les Québécois auraient à des produits issus de terres québécoises sous contrôle américain, exploitées par des travailleurs temporaires guatémaltèques ou mexicains ?

Au-delà de la propriété étrangère de ce fleuron québécois, l’achat par un fonds d’investissement est aussi source de questions justifiées puisque comme chacun le sait, les fonds d’investissement achètent pour faire un profit et revendre. Quel sera le prochain propriétaire étranger des produits maraichers issus de la Montérégie ?

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