Au moment du déclenchement des élections des cinq principaux partis politiques, deux seulement, le parti libéral du Québec et Québec solidaire, parlent d’agriculture dans leur plateforme. Pour les autres partis, c’est le silence pour l’instant, mais leurs plateformes ne sont pas encore entièrement dévoilées. C’est aussi le silence au niveau du bilan du gouvernement en matière d’agriculture et d’agroalimentaire, à croire que ça n’intéresse ni les politiciens ni les médias. Pourtant le bioalimentaire au Québec pèse pour près de 7% du PIB québécois.
Le bilan Lamontagne : ni spectaculaire ni flamboyant!
Le bilan de la CAQ en agriculture, ou plutôt en bioalimentaire, c’est le bilan d’un ministre, André Lamontagne. Un bilan qui ne sera ni spectaculaire ni flamboyant, ce qui est d’ailleurs pratiquement irréaliste dans ce secteur, un bilan qui mérite cependant d’être écouté et discuté.
Le rôle du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation est assez vaste et souvent délicat : il doit dans ses actions contenter des producteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs, des groupes qui ont souvent des intérêts divergents et qui ont des poids politiques fort différents.
Le MAPAQ et l’autre ministère à Longueuil
Satisfaire un groupe peut déclencher une tempête dans les autres groupes. Un autre élément qui complique la tache du ministre de l’Agriculture au Québec, c’est l’autre ministère de l’Agriculture, celui de Longueuil, avec ces propres fonctionnaires, sa propre taxation, ses budgets, ses priorités, le tout contrôlé démocratiquement par les producteurs agricoles du Québec, pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu c’est l’UPA. Certaines mauvaises langues affirment même que ce dernier ministère a plus de pouvoir que le premier. La réalité est que gouverner le Ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation demande de l’énergie, du tact et beaucoup de diplomatie, surtout si l’on veut faire avancer de nouvelles idées.
L’agriculture a besoin d’une montagne d’énergie!
Malheureusement, pour plusieurs gouvernements passés, l’effort et le risque de dérapage que représente une gestion pro- active d’un tel ministère est trop grande. L’on se met plus souvent qu’autrement en mode de gestion passive. Si le Québec veut profiter de l’eldorado que va représenter l’agriculture dans le futur, des opportunités beaucoup plus grandes que la filière batteries, il va nous falloir des gouvernements et des ministres qui veulent être visionnaires et proactifs en agriculture, et qui vont devoir faire preuve de tact, de diplomatie et y mettre une montagne d’énergie.
Écoutons le bilan de Monsieur Lamontagne, peut-être va-t-on découvrir une gestion plus proactive qu’il n’y parait. Évaluons les diverses propositions des différentes plateformes, et évaluons la volonté réelle des partis à y mettre l’énergie nécessaire afin de ne pas se retrouver après l’élection avec une grosse baloune dessoufflée face à la complexité de ce Ministère de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation.