Lorsque l’on a beaucoup d’une chose, il est facile de la tenir pour acquise. Le Canada a beaucoup d’eau et, au vu des problèmes croissants liés à la quantité et à la qualité de l’eau dans le monde, il semble de plus en plus évident que nous tenons notre eau pour acquise. Cela ne signifie pas que nous en abusons, mais que nous pouvons probablement mieux la gérer et l’utiliser.
Reconnaître que nous pouvons et devons faire mieux avec l’eau est la raison pour laquelle le mois de mars était le mois de l’eau à l’ICPA, avec un webinaire le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau.
Le Canada possède certainement d’importantes quantités d’eau et notre rapport Recherche fournit un cours accéléré sur certains des chiffres importants. En voici quelques-uns :
- 12 % des prélèvements d’eau douce au Canada sont destinés à l’agriculture (contre 70 % à l’échelle mondiale).
- Seulement 1,56 % des terres agricoles du Canada sont irriguées (contre 5,8 % aux États-Unis).
- En Alberta, les districts d’irrigation génèrent environ 28 % du produit intérieur brut agroalimentaire de la province.
- Le Canada est un exportateur net d’eau virtuelle, exportant un surplus de 63 milliards de mètres cubes d’eau dans les aliments que nous exportons comparé à nos importations (le Brésil est en tête avec 181 milliards).
Le rapport examine également le réseau complexe de compétences en matière d’eau au Canada. Les provinces sont les premières responsables, mais les gouvernements fédéral et municipaux, les Premières Nations, et les États-Unis ont tous un intérêt dans la gestion de l’eau au Canada.
Pour une meilleure gestion de cette ressource essentielle
Cependant, l’eau ne se résume pas à des chiffres et à des labyrinthes de responsabilités. C’est pourquoi notre deuxième rapport sur l’eau, un rapport Perspective préparé par notre membre distingué Nicolas Mesly, sert d’étude de cas sur la façon dont les changements dans la qualité et la quantité de l’eau ont un impact sur les agriculteurs et les transformateurs au Québec.
Il est essentiel de comprendre ces impacts pour progresser vers une meilleure gestion de cette ressource essentielle.
Par exemple, le rapport Perspective de Mesly examine la demande croissante d’eau et la pression exercée sur les producteurs de pommes de terre qui dépendent de l’accès à l’eau pour irriguer leurs cultures.
Il décrit également l’impact de l’inverse, à savoir l’excès d’eau, sur les producteurs, en montrant comment les producteurs de laitues souffrent de plus en plus des dommages causés par l’excès d’humidité.
Plus de 70 millions de dollars au Québec en 2020 pour les paiements de l’assurance-récolte
Les paiements de l’assurance-récolte pour l’excès de pluie, les vagues de chaleur, la grêle, et le gel ont dépassé 70 millions de dollars au Québec en 2020, soit près de trois fois le montant annuel moyen accordé au cours des dix dernières années.
Les problèmes liés à l’eau ne concernent pas seulement les producteurs. Le rapport cite Jean Gattuso, ancien président d’Industries Lassonde Inc : «?Si on ne fait pas attention au prix de l’eau et au prix de l’électricité, le secteur agroalimentaire canadien aura des problèmes de compétitivité. »
Plus tard en 2023, l’ICPA publiera des rapports similaires sur l’eau dans d’autres provinces et régions.
Le webinaire organisé à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau a abordé la question sous différents angles.
Eau, énergie, environnement, alimentation : tout est lié!
Le professeur Ousmane Seidou a non seulement apporté une perspective internationale, mais il a également souligné la nécessité d’envisager le lien entre l’eau, l’énergie, l’environnement, et l’alimentation. L’interaction entre ces quatre éléments est un défi et il peut être difficile de prédire les conséquences sur un élément lorsque nous en modifions un autre. Nous ignorons beaucoup de choses, mais cela ne doit pas servir d’excuse à l’inaction.
Il est donc nécessaire d’adopter une approche fondée sur une gestion active et adaptée, où les pratiques sont mises en œuvre et mesurées, et où les changements sont apportés dans le cadre d’une amélioration continue du processus.
Nicola Crawhall, directrice générale du Réseau canadien de l’eau, a évoqué le changement en cours dans la manière dont l’eau est gérée en dehors de l’agriculture. L’agriculture n’est qu’une des nombreuses parties prenantes intéressées par la disponibilité et l’accessibilité de l’eau, et il est essentiel que nous comprenions ce qui se passe hors de notre secteur et que nous soyons présents à la table, en proposant des solutions pratiques et ambitieuses qui soulignent le rôle du secteur en tant que fournisseurs de solutions pour l’eau.
Le rôle majeur de l’irrigation
La dernière intervenante, Margo Jarvis Redelback, directrice exécutive de l’Alberta Irrigation District Association, a évoqué la possibilité de tirer parti de l’irrigation pour développer une agriculture à plus forte valeur au Canada. Le gouvernement provincial a récemment ajouté « Irrigation » au nom de son ministère de l’agriculture en reconnaissance de cette opportunité.
L’irrigation, lorsqu’elle est pratiquée de manière responsable, comme le Canada a l’habitude de le faire, peut améliorer la productivité, la rentabilité, et la résilience de l’agriculture au Canada. Les avantages vont bien au-delà de l’agriculture : les investissements profitent aux municipalités, aux industries, et à l’environnement, entre autres.
Les deux rapports de l’ICPA et le webinaire de la Journée mondiale de l’eau donnent le coup d’envoi d’une série d’engagements et de rapports prévus pour 2023 et portant sur l’eau dans l’agriculture, y compris la possibilité d’une stratégie nationale sur l’eau dans l’agriculture. L’eau est simple, mais les problèmes y liés ne le sont pas. Nous avons hâte de nous y plonger plus profondément en 2023.
Le travail de l’ICPA sur l’eau est rendu possible grâce au soutien du fonds Techno nature de RBC.