Le premier fascicule de la consultation a été rendu public fin juin, juste à temps pour les vacances. À moins de devenir la lecture de l’été, ce premier fascicule risque de tomber dans l’indifférence estivale. Il en restera deux autres qui seront eux prêts pour l’automne, une période plus propice aux discussions politiques. Le premier fascicule traite du territoire, le deuxième portera sur les activités agricoles et le troisième sur la propriété des terres agricoles. La deuxième et troisième parties susciteront sûrement plusieurs discussions, car elles porteront plus sur l’avenir. La première partie n’est quand fin de compte qu’un rappel historique et le constat 40 ans après l’adoption de la loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA).
La consultation ne semble pas être un exercice pour affaiblir la LPTAA, mais plutôt l’adapter. D’ailleurs dans l’avant-propos du premier fascicule c’est assez clair, on annonce « la tenue d’une consultation gouvernementale pour faire face aux différents phénomènes pouvant nuire à la pérennité du territoire agricole ».
Le ministre dans son message se désole de la perte de certaines de nos meilleures terres quand on a de plus en plus de bouches à nourrir, il parle du territoire comme d’une ressource patrimoniale du Québec et de nos terres agricoles comme d’un levier stratégique pour l’économie de plusieurs régions. Des mots lourds de sens qui pourraient susciter bien des débats, à voir maintenant si le gouvernement sera en mesure de mener à terme cette discussion.
Zone agricole très petite par rapport au territoire
Ce premier fascicule se veut une analyse de la situation, pas négative. Il est mentionné que la LPTAA est considérée comme étant la plus efficace en matière de protection de terre agricole au Canada. On y apprend que la superficie de la zone agricole a très peu varié, qu’elle est très petite comparativement au territoire, et que les superficies en culture (hectares par habitant) sont faibles si on les compare à d’autres territoires, pour le Québec c’est 0,24 hectare par habitant, 1,52 hectare pour l’ensemble du Canada, 1,22 pour les États-Unis et 0,42 pour la France.
Abandon de productions, faute d’intérêt ou manque de rentabilité?
Côté un peu plus sombre du constat, du côté pertes nettes se sont nos meilleures terres que l’on perd le plus (4426 hectares). Chiffre impressionnant, en 13 ans l’on a assisté à une diminution de plus de 100,000 ha de superficie cultivée due principalement à leur enfrichement. Il faut y voir possiblement l’abandon de certaines productions, faute d’intérêt ou de rentabilité ??
À la fin du fascicule le gouvernement nous invite à certaines réflexions, sous forme de questions. Ses questions contrastent avec le reste du fascicule, qui n’est qu’une série de constats. Les questions sollicitent cependant notre avis sur des solutions à certains problèmes ou enjeux liés à l’utilisation du territoire. Un exemple : « des mesures supplémentaires de protection devraient-elles être mises en place pour assurer leur pérennité? Ces mesures devraient-elles être modulées en fonction du dynamisme des milieux agricoles ou de la qualité des terres? » toute une question, qui mérite une bonne réflexion, et c’est la même chose pour les autres.
Et si vous avez envie de réfléchir plus fort il y a même une question ouverte, sur les enjeux de votre choix. Il y a même un petit questionnaire à remplir, vous avez jusqu’au 16 août pour le faire. En pleine période vacances, pas sûr qu’il y aura beaucoup de réponses, mais l’on pourra se reprendre pour la suite.