L’eau, potentiel sujet des conflits géopolitiques du futur

Le dernier rapport L’ICPA ( CAPI) publié par l’Institut Canadien des Politiques Agroalimentaires est une réflexion pour l’élaboration d’un plan d’action national pour l’eau en agroalimentaire (PANEA) d’ici 2025.

Ce rapport de recherche préparé pour l’ICPA par Tyler McCann et Angèle Poirier, avec la collaboration de Nicolas Mesly dévoile quelques points importants. il nous prévient entre autres des dangers géopolitiques que peut représenter l’eau dans le futur:

  • Le Canada n’est pas à l’abri des changements climatiques, comme juillet 2023 était le plus chaud mois enregistré. Qu’il s’agisse de sécheresses, d’incendies de forêt record, de pluies torrentielles ou d’inondations, le coût du dérèglement climatique se chiffre en milliards de dollars pour l’économie, la santé, et les infrastructures.
  • Le Canada abrite 20 % des réserves mondiales d’eau douce. C’est également le cinquième exportateur mondial de produits alimentaires.
  • Le Canada est appelé à jouer un rôle clé dans la sécurité alimentaire mondiale d’une planète qui comptera 9,7 milliards d’habitants d’ici 2050.
  • On peut aussi dire que l’abondance d’eau au Canada représente un avantage concurrentiel tant pour les quelque 200 000 producteurs agricoles que pour les transformateurs agroalimentaires du pays. Alors que l’agriculture primaire dépend de l’eau pour les cultures et le bétail, les transformateurs ont accès (selon l’endroit au Canada où ils exercent leurs activités) à la fois à l’eau et à une énergie renouvelable peu coûteuse : l’hydroélectricité.
  • En 2022, le système agroalimentaire canadien, alimenté par l’eau et l’énergie à faible coût, employait 2,3 millions de personnes (1 emploi sur 9 au Canada) et générait 143,8 milliards de dollars, soit 7 % du PIB du Canada.
  • Les fonds d’investissement et les grands transformateurs agroalimentaires font preuve de diligence raisonnable pour identifier les endroits où les aliments sont produits sur la planète. Certains acteurs majeurs sont déjà bien implantés au Canada, où l’approvisionnement en eau est garanti soit par l’irrigation, comme dans le sud de l’Alberta, soit pluvial, comme au Québec et dans l’est du Canada.
  • Aux États-Unis, première puissance agricole mondiale, l’eau est surexploitée, en grande partie à cause d’un développement urbain excessif et de l’exploitation de grandes exploitations industrielles utilisant l’irrigation. Cela est dû à l’absence de gouvernance des eaux souterraines entre les différents organismes et niveaux de gouvernement.  Pour éviter que le fleuve Colorado ne s’assèche, l’administration Biden a déboursé 1,2 milliard de dollars en juillet dernier pour indemniser les utilisateurs, y compris les agriculteurs, d’une réduction substantielle de la consommation d’eau.
  • Au Canada, la gestion de l’eau relève de la responsabilité des provinces, qui ont adopté des politiques pour sa protection et son utilisation. Cela n’empêche pas l’émergence de conflits d’usage entre les agriculteurs, les municipalités et le secteur industriel, ni la protection de la biodiversité dans une province comme le Québec, considérée comme une nation de lacs et de rivières.
  • De plus, le pays n’est pas exempt de conflits interprovinciaux potentiels, que la Régie des eaux des provinces des Prairies, par exemple, a pour but d’atténuer. L’organisme existe depuis 70 ans et répartit le volume d’eau qui s’écoule des montagnes Rocheuses vers les rivières qui traversent l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. Les changements climatiques risquent toutefois d’exacerber les tensions dans les Prairies, l’un des cinq greniers du monde
  • En créant l’Agence canadienne de l’eau à l’été 2023, le gouvernement fédéral, tout en reconnaissant les responsabilités et les pouvoirs des provinces en matière de gestion de l’eau, devrait assumer le leadership en tant qu’exportateur net agroalimentaire doté d’une dotation en eau douce. Avec seulement 40 millions d’habitants, y compris un contingent d’agriculteurs professionnels et de transformateurs innovants, le Canada a la chance de disposer d’abondantes ressources naturelles, y compris l’eau, et a donc l’obligation d’assumer un rôle de chef de file.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *