Le Journal de Québec rapportait le 28 février qu’au Québec, le revenu net agricole est passé de 959 M$, en 2022, à 487,1 M$ l’an dernier (-49,2%). Selon les prévisions de Statistique Canada Agriculture Canada, le revenu net pourrait même baisser à 66 M$ en 2024, soit une baisse catastrophique de 86,5%. C’est du jamais vu une telle baisse dans le milieu agricole, et ce, malgré toutes les crises auxquelles ont été confrontés les agriculteurs.
Yvon Picotte- ancien ministre de l’Agriculture du Québec –
Cette prévision de baisse de revenu cache une triste réalité : celle de l’endettement, de l’augmentation prévisible de faillite et, par ricochet, d’un plus grand nombre de suicides. Cet article nous apprend également qu’entre 2010 et 2022, la dette agricole a bondi de 139% (11,4 G$ en 2010 ; 27,2 G$ en 2022), alors que les revenus nets ont fait du surplace en 2022.
Qu’attend le ministre Lamontagne pour monter au front au moment même où le gouvernement s’apprête à déposer son Budget 2024-2025 ! Dernièrement, le ministre répond au monde agricole qu’il travaille à réviser le programme d’assurance-récolte. Mais pourquoi ne comprend-il pas que les agriculteurs n’ont plus les moyens de se la payer, cette assurance stabilisation.
Le cri d’alarme ne date pas d’hier, cela fait des années que couve la misère dans nos fermes. Misère en grande partie pour faire face à une concurrence déloyale causée par les accords internationaux liés à la mondialisation. Ce ras-le-bol, il s’est clairement exprimé au congrès de l’UPA en décembre dernier.
Il m’apparaît plus qu’essentiel, en tant qu’ancien ministre et député, d’être à l’écoute des besoins et surtout, de porter le message au cénacle du gouvernement, le conseil des ministres sur les difficultés du milieu rural.
Est-ce dû à l’incapacité du ministre Lamontagne de le porter auprès de ses collègues du Conseil des ministres ou de leur manque de sensibilité à l’encontre des régions et de la ruralité? Comme bien d’autres, je ne sais plus quoi penser de ce gouvernement qui démontre, en plusieurs occasions et sur plusieurs dossiers, son manque d’écoute et surtout, sa faible capacité à livrer ses engagements électoraux d’octobre 2022.
Elles évoluent comment ces belles promesses électorales d’autonomie alimentaire, de revitalisation des économies locales, de déploiement de mesures efficaces pour aider le secteur agricole à faire face aux enjeux climatiques, de l’appui aux producteurs agricoles afin de favoriser de bonnes pratiques agroenvironnementales, de la réduction de 15% des apports de matières fertilisantes azotées sur les terres agricoles!
Bien que le ministère de M. Lamontagne gère également le secteur des pêches, il n’y a eu aucun engagement de la part de ce gouvernement durant la campagne de 2022. Faut-il rappeler au ministre que les pêches de la crevette et du homard sont aux prises avec de sérieuses problématiques de gestion des stocks?
Il est plus que jamais, temps que les bottines suivent les babines!