La journée organisée par Bélisle le 25 avril dernier à Rivière-Ouelle se voulait une rencontre entre des transformateurs et des producteurs pour une meilleure compréhension des enjeux des uns et des autres pour au final un meilleur service au consommateur. On peut dire, pari réussi, puisque les échanges sans filtres entre les transformateurs présents et les producteurs ont permis à chaque groupe de mieux comprendre les enjeux des uns et des autres.
Le président des producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent, Gabriel Belzile était présent et s’est dit satisfait de ces échanges qui permettent «de mieux se comprendre». Les producteurs présents, laitiers pour la plupart ont eux aussi témoigné de leur grand intérêt à entendre des transformateurs leur parler de leurs défis.
En début de journée, Stéphane Michaud, conseiller chez Bélisle a planté le décor et expliqué le double effet de l’autosuffisance à la ferme : contrôle des coûts et meilleurs produits. Il a exposé à l’assistance les outils et méthodes utilisés par Bélisle pour de meilleurs rendements. Il a ensuite présenté les deux transformateurs laitiers, Roger Bergeron et Pascal Désilet, venus parler de leur vision pour l’industrie laitière, en partie inspirée de leur voyage d’observation en France en 2022 avec Bélisle, L’Institut Jean-Garon et La Vie agricole.
La gestion de l’offre un modèle pour le futur
Roger Bergeron a expliqué suite aux exemples vus en Europe comment on pourrait regagner des volumes perdus pour l’instant. « Je suis venu pour l’échange et le partage pas pour la polémique», a dit d’emblée Roger Bergeron. «C’est une première un contact direct entre transformateurs et producteurs».
Il a rappelé qu’il se positionnait comme défenseur de la filière de la gestion de l’offre : « J’ai voyagé et ici elle a un sens, elle peut devenir le modèle du futur, mais il faut l’optimiser. La GO favorise la compagnie familiale et moi je viens de là la PME familiale».
«Le covid a démontré l’importance d’un système comme la gestion de l’offre. Mais comment on fait en sorte que la gestion de l’offre devienne compétitive?», a-t-il ajouté.
Il a rappelé qu’il faut toujours se souvenir que les producteurs occupent des terres et font vivre des villages. Il a ensuite fait état de la filière qui n’avait pas de plan match suffisamment solide pour l’arrivée des fromages importés ce qui a entraîné de pertes de volumes importants pour les transformateurs d’ici.
Il a aussi rappelé que les transformateurs se trouvent à payer plus cher le lait pour un produit de niche versus les produits de commodités et a dit espérer que des aménagements permettent de changer cette tendance.
Des petits, des gros et des moyens!
L’intervention de Roger Bergeron a été très bien reçue par un public de producteurs conscients que les enjeux des PME transformatrices ne sont pas loin des enjeux de leurs exploitations agricoles, elles aussi des PME.
«Est-ce qu’on va finir avec des mégas fermes avec juste des mégas transformateurs?» s’est inquiété un producteur présent permettant à tous de comprendre que dans une filière efficace ça prend des gros, des petits et des moyens où tout le monde y trouve son compte.
En conclusion tous ont convenu que la filière doit s’adapter et trouver la façon d’établir une politique de prix du lait plus équitable plus adaptée aux fromageries PME et possiblement créer un environnement d’affaires pour une politique d’export de certains fromages.
Gabriel Belzile, président des Producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent a déclaré lors de la période de questions : «Plus qu’on se parle mieux c’est! On savait que la fromagerie Bergeron serait impactée. Dès l’arrivée des fromages étrangers, on a vu que le fromage le plus importé était le gouda. Il faut donc se parler. À l’étranger, on se fait dire : allez-y, exportez, vous avez le droit d’importer. Il faut travailler ensemble.»
Pascal Désilet, PDG de la fromagerie L’Ancêtre a ensuite exposé ses projets et expliqué l’avenir tel qu’il le voit pour le lait bio. Il a fait la démonstration de l’impact positif des vaches aux champs pour une agriculture durable.
Après les deux présentations des transformateurs laitiers, un producteur dans la salle a déclaré : «C’est rare qu’on ait la lecture de la situation par les transformateurs, on devrait avoir plus souvent de la part de notre fédération l’avis des transformateurs pour comprendre leurs enjeux».
Plus tôt dans la matinée Claude Ouellet a fait une présentation de Porc O’Rye, une compagnie qui élève ses porcs différemment en adéquation avec les attentes des consommateurs dans le souci du bien-être animal et d’une nutrition spécifique. Il a fait la démonstration du besoin d’une agriculture proche des gens. La journée s’est conclue par l’intervention de Marcel Savoie, PDG de Cunico, venu expliquer comment nous pourrions maximiser la production de veau au Québec dans un esprit de circuit court.