De nombreux Canadiens soutiennent que la gestion de l’offre devrait être éliminée car elle fait augmenter les prix de détail des aliments. Ce n’est pas vraiment le cas, mais il y a quand même des problèmes qui faut soulever.
En utilisant la base de données de Statistique Canada sur certains produits alimentaires, nous avons analysé les augmentations de prix de tous les produits alimentaires de 2017 à aujourd’hui. Nous avons comparé les augmentations de prix des produits sous gestion de l’offre à l’augmentation globale de toutes les catégories alimentaires. L’augmentation moyenne des prix depuis 2017 pour toutes les catégories a été de 30,2 %. Parmi les produits sous gestion de l’offre, seuls trois ont dépassé cette moyenne : la crème à 30,9 %, le beurre à 30,7 % et les œufs à 37,9 %. Voici le reste des produits sous gestion de l’offre : Poulet entier : 17,5 %, Poitrine de poulet : 20,1 %, Cuisses de poulet : 14,5 %, Pilons de poulet : 1,9 %, Lait (1 litre) : 25,3 %, Lait (2 litres) : 25,9 %, Lait (4 litres) : 25,4 %, Fromage : 20,7 %, Yogourt : 27,1 %. Tous ces produits sont en dessous de l’augmentation moyenne pour tous les produits alimentaires suivis par l’agence fédérale.
Ces données soulignent comment certains produits sous gestion de l’offre ont performé par rapport au marché alimentaire plus large. Notamment, des produits comme le beurre, la crème, les produits à base de matière grasse butyrique et les œufs sont des exceptions, ayant augmenté plus que la moyenne depuis 2017, mais pas de manière significative.
Nous avons également examiné comment l’inflation alimentaire a été influencée par les produits sous gestion de l’offre au cours de la dernière décennie. Le graphique montre la ligne noire représentant le taux d’inflation alimentaire. Comparée aux lignes représentant les catégories sous gestion de l’offre, il n’y a pas de pics ou de baisses significatives, indiquant un taux d’inflation stable pour les produits alimentaires généraux sur les dix ans. Et ça, c’est un problème.
La catégorie Volaille fraîche ou congelée (ligne orange) montre plus de fluctuations par rapport à la ligne alimentaire générale. Les taux d’inflation pour la volaille ont des pics et des creux, atteignant jusqu’à environ 12 % et descendant parfois en dessous de -5 %. Cette volatilité est probablement due à des facteurs tels que les variations des prix des aliments pour animaux, la demande ou les problèmes de chaîne d’approvisionnement.
Les produits laitiers (ligne verte) affichent un niveau modéré de fluctuations mais restent largement dans une fourchette de 0 % à 10 %. Cela suggère une certaine stabilité mais avec des ajustements périodiques possiblement influencés par les coûts de production ou la demande du marché. Enfin, les œufs (ligne bleue) montrent la plus grande volatilité parmi les catégories présentées. Le taux d’inflation des œufs atteint des pics de plus de 20 % et connaît des baisses marquées, y compris une chute significative en dessous de -5 %. Cela pourrait être dû à des facteurs tels que les épidémies de grippe aviaire, qui affectent historiquement la production et les prix des œufs.
Sur la base des preuves de la dernière décennie, il est difficile de conclure que les produits sous gestion de l’offre ont significativement exacerbé le coût des aliments pour les Canadiens. Cependant, il existe des sources de préoccupation. Les catégories alimentaires sous gestion de l’offre semblent fluctuer autant, voire plus, que de nombreux autres produits alimentaires, en particulier les œufs. L’objectif de la gestion de l’offre est de stabiliser les prix au fil du temps, mais ces données suggèrent le contraire. Par conséquent, il n’est pas tout à fait juste de prétendre que la gestion de l’offre fait systématiquement augmenter l’inflation alimentaire, bien qu’elle semble y contribuer occasionnellement. D’ailleurs, les augmentations mensuelles pour les produits laitiers, la volaille et les œufs sont beaucoup plus élevées que la moyenne pour avril, comme l’indique le dernier rapport de l’IPC de Statistique Canada.
Si certains prétendent que la gestion de l’offre stabilise les prix au détail, ils n’ont pas tout à fait raison.
De plus, notre analyse ne couvre que dix ans, sans considérer que les prix des produits sous gestion de l’offre peuvent avoir été gonflés par rapport à d’autres catégories. Des preuves anecdotiques suggèrent que beaucoup de ces produits tendent à être moins chers dans d’autres parties du monde, y compris les États-Unis.
Au-delà de la volatilité des prix, la gestion de l’offre gonfle les prix pour les transformateurs, en particulier les produits laitiers, ce qui supprime l’innovation dans la chaîne alimentaire. Les discussions avec les transformateurs laitiers indiquent que le lait industriel au Canada est beaucoup trop cher. En fait, les prix du lait industriel sont les plus élevés du monde industriel. Pour que la gestion de l’offre serve mieux les Canadiens, réduire la volatilité des prix de détail et abaisser les prix industriels devraient être des objectifs clés pour les décideurs politiques.